Charles Maisonneuve constate que le blindé léger est promis à un bel avenir dans le combat de contact, toujours d’actualité. C’est bien le chef et son équipage qui emporteront la décision, mais cela suppose des véhicules adaptés aux exigences d’aujourd’hui ; ce que s’efforce de faire Panhard.
L'équipage au cœur du combat de contact
Teamwork at the heart of the contact battle
The author notes that light armoured vehicles have a promising future in contact battles, which are always in the news. The vehicle commander will always be the one to make the right decisions in combat, but to do so he will need a vehicle suited to today’s requirements, something that Panhard strives to produce.
L’apogée de la bulle opérationnelle aéroterrestre (BOA) ne doit pas remettre en cause la vision occidentale du champ de bataille et le combat de contact. La guerre en réseau, comme trop souvent on l’imagine aujourd’hui, fait la part belle à l’usage des feux indirects grâce à la séparation entre « capteurs » et « effecteurs ». Les armées occidentales ont une conception très différente de la guerre. Selon l’historien américain Victor Davis Hanson (1), nous avons hérité des Grecs la culture du champ de bataille, de l’affrontement en ligne. L’objectif des hoplites était de provoquer une bataille décisive et de détruire les forces armées de l’adversaire. La guerre, qui privilégie un affrontement direct, était alors rapide et extrêmement brutale. Cet héritage nous poursuit et domine la culture occidentale de la guerre. Aujourd’hui, il est à la mode de tirer un trait sur le combat de contact. Pourtant, les opérations extérieures de l’Armée de terre sont émaillées de violents accrochages. En Côte d’Ivoire, des engagements à Duékoué (2) ou à Gohitafla (3) ont bien en partie les caractéristiques d’un combat de haute intensité, où les équipages français engagés n’ont pu prendre l’ascendant que grâce à leur niveau d’entraînement et à leur sang-froid.
Chaque jour, des véhicules blindés légers (VBL) patrouillent en Afghanistan, courant le risque de subir un attentat avec un explosif improvisé. En concevant un blindé aujourd’hui, il paraît indispensable de prendre en compte que les équipages ne pourront pas toujours s’offrir le luxe de compter sur un drone pour aller au contact. Ils devront bien souvent engager de face l’adversaire, parfois à très courte distance, d’autant que les opérations actuelles montrent qu’il ne faut pas s’attendre à voir des lignes de front très marquées. Les unités sont très diluées dans le théâtre des opérations et les équipages doivent aussi bien maîtriser la procédure d’emploi d’une radio-satellite que les enseignements des avant-postes de cavalerie légère (4). Dans une telle optique, les blindés de petit tonnage ne doivent plus, comme on l’avait prévu pendant la guerre froide, faire de la figuration en attendant l’arrivée des chars lourds. En Côte d’Ivoire, des équipages de l’Armée de terre ont à plusieurs reprises failli devoir combattre des forces équipées de matériel plus puissant : Gazelle face au Mi-24, ERC-90 Sagaie face au T-54 ou VBL face au BMP-1. Pour Panhard, il est devenu nécessaire de valoriser au mieux les plates-formes légères pour permettre aux équipages, le cas échéant, de faire face et de prendre l’ascendant sur leur adversaire. La technologie permet aujourd’hui ce bond capacitaire : le développement des armements télé-opérés et des canons de moyen calibre à haut pouvoir de destruction (40 mm CTAI) vont permettre de valoriser les plates-formes légères. Un véhicule blindé à roue (VBR), armé d’un puissant canon de moyen calibre et bien protégé, apparaît comme une solution très optimisée en matière de coût et d’efficacité.
Le blindé léger
Les enseignements de l’Irak ont montré, pour leur part, la nécessité de mener des opérations sous blindage. Le moral d’un équipage tient en grande partie en la confiance (fondée ou non) qu’il a dans la protection de son véhicule. Ce n’est pas sans une certaine ironie que l’on observe les « prouesses » du Stryker de l’US Army en Irak. Ce transport de troupes 8x8, flambant neuf, a dû être sur-blindé en urgence pour le protéger alors qu’il vient à peine d’être développé. À voir les menaces qui pèsent sur les troupes en opérations, que ce soient les roquettes antichar RPG ou les explosifs improvisés laissés au bord des routes, il est légitime de se demander si le boulet n’a pas pris plusieurs longueurs d’avance sur la cuirasse et si la course en faveur de blindés toujours plus grands et plus lourds n’est pas vaine. Pour reprendre l’image de Winston Churchill (5), le combat de blindés ne s’apparente pas à un duel de chevalier du Moyen Âge, mais à un combat entre deux coquilles d’œuf armées de marteau : il convient donc de frapper le premier et de frapper encore et encore. Dans de telles conditions, il est plus raisonnable de privilégier les blindés de moins de dix tonnes. Outre l’avantage en termes de projection (par C-130, par hélicoptère lourd), les blindés de la taille du VBL ou du VBR seront favorisés par leur discrétion, leur faculté à se fondre dans leur environnement ou à se mouvoir avec aisance dans les ruelles d’une ville du Tiers-Monde.
Il reste 50 % de l'article à lire
Plan de l'article






