Point de vue d’un usager. La défiguration délibérée d’un monument aussi prestigieux que l’École militaire doit amener à une prise de conscience : n’existe-t-il pas d’alternative plus réfléchie à l’École militaire qu’une absence de perspective globale, incarnée par l’amoncellement d’unités de vie préfabriquées même annoncées comme provisoires ? N’y a-t-il pas une limite à fixer au manque de respect dû à notre patrimoine militaire ? La Défense participe à la préservation des intérêts fondamentaux de la Nation. D’après la définition donnée à l’article 410-1 du Code pénal, le patrimoine culturel en fait explicitement partie. La réhabilitation de l’École militaire pourrait servir d’exemple car les voies d’inspiration ne manquent pas.
L'École militaire est-elle une école militaire ?
Is the École militaire a military school?
The wilful disfiguring of a building as prestigious as the École Militaire leads one to question whether there is not at that institution a more thoughtful alternative than the absence of overall perspective that can be seen in the piling up of prefabricated office buildings, even if they are claimed to be temporary. Surely a limit should be set to the lack of respect shown towards our military heritage? The defence community helps to preserve the nation’s basic interests, and according to Article 410-1 of the Penal Code the cultural heritage figures among those interests. Restoration of the École Militaire could serve as an example, because there is no shortage of inspired ideas on its future purpose.
Le 16 septembre 2007, lors des journées du patrimoine, trois garçonnets visitent le Val de Grâce puis l’École militaire. Leurs impressions sont instructives : ici, sans ambiguïté, « on soigne des soldats avec des instruments bizarres », là, après un temps d’hésitation… « Papa a passé ses journées sur la selle d’un cheval ».
Ce témoignage conduit à s’interroger sur l’identité d’un lieu. En plus de la difficulté éprouvée par tout stagiaire du Collège interarmées de défense (CID) à rendre intelligible au monde civil l’enseignement dispensé, s’ajoute la question de l’inadéquation ressentie souvent par le visiteur de l’École militaire entre l’architecture et sa fonction. S’agit-il d’une caserne, d’une école, d’un garage, d’un club de tennis, d’un centre équestre, d’un musée ? Or, « de toutes les productions culturelles ou artistiques, l’architecture d’un lieu est sans doute celle qui marque le plus notre comportement physique et psychologique puisque nous sommes amenés, chaque jour, à ressentir, au plus profond de nous, son emprise permanente » (1). Il ne serait donc pas illégitime, du point de vue d’un usager de l’École militaire tel qu’un ancien stagiaire de la 13e promotion du CID, de s’interroger sur la nature de son environnement. L’École militaire est-elle une école militaire ?
Si à sa création elle répond incontestablement à sa vocation d’enseignement, les transformations imposées travestissent pourtant le projet originel. Dans ces conditions, des évolutions peuvent être proposées pour qu’elle renoue avec ses origines, en vue d’en faire « un institut international de référence » (2).
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