Après avoir rappelé les erreurs à éviter et les conditions d’une défense européenne, Jean-Dominique Giuliani énonce les défis technologiques que l’Union devra relever, ce qui suppose d’investir dans la R&D, en particulier aéronautique et spatiale. Il conclut par les initiatives que la France devrait prendre à l’occasion de la prochaine présidence pour relancer la défense européenne.
Comment relancer l'Europe de la défense ?
Relaunching European defence
After listing the mistakes that must be avoided and conditions that must be met for European defence to progress, the author sets out the technological challenges that the Union will have to take up, which means investment in R&D, particularly in the space and aeronautical industry. He concludes with the initiatives that the forthcoming French EU presidency should take to relaunch European defence.
Jamais les États membres de l’Union n’ont été aussi présents dans la vie internationale et dans les théâtres de crise. Ils sont impliqués les uns ou les autres dans 33 opérations extérieures, dont 12 relèvent de la politique européenne de sécurité et de défense. Ils sont collectivement les premiers distributeurs d’aide publique au développement, les premiers contributeurs au budget de maintien de la paix des Nations unies, auxquelles ils apportent dix fois plus d’hommes que les États-Unis. Avec le premier Produit intérieur brut mondial, l’Union est sollicitée de toutes parts et par tous.
Elle est interpellée par le monde et d’abord par son voisinage immédiat pour lequel elle a dépensé 5,6 Md€ en 2007. Au cours de la même année, elle a participé à 84 réunions de niveau au moins ministériel avec des pays tiers, c’est-à-dire à une réunion à haut niveau tous les trois jours ouvrables ! Qui fait mieux ? On peut regretter son absence d’unité sur certains grands sujets de politique internationale, mais on ne peut nier l’irruption de l’Union sur la scène internationale. L’outil communautaire a été ainsi poussé, jusqu’à l’extrême, à s’ouvrir sur le monde. Pour aller plus loin, il lui faudra désormais s’unir davantage politiquement et progresser ainsi vers une véritable politique extérieure commune qui la ferait passer du statut de « global payer » à celui de « global player ». Comme souvent dans l’histoire de l’unification du continent, cette avancée se fera par le concret, voire un peu à l’envers. Il est vraisemblable que nous progresserons d’abord dans l’Europe de la défense avant de disposer d’une véritable politique étrangère commune. La situation internationale nous y pousse. Plusieurs États membres y sont favorables. Le président français en a fait l’une des priorités de sa prochaine présidence.
Une relance de la politique de défense commune semble donc probable. Elle est soumise à certaines conditions politiques, à des décisions de caractère économique concernant les industries de défense européennes et enfin à de nouvelles initiatives d’ordre politique.
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