Dix ans après l’accord de Saint-Malo lançant la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), une analyse des conditions de relance de cette politique semble s’imposer. Il convient tout d’abord d’analyser les avancées prévues par le Traité de Lisbonne, avant d’étudier les défis financiers, technologiques et stratégiques que l’Europe doit relever. Enfin, cet article s’interroge sur la manière dont la présidence française du Conseil de l’Union européenne pourrait relancer l’Europe de la défense, qui constitue l’une de ses priorités.
L'Europe de la défense à l'aube de la présidence française de l'UE
European defence at the dawn of France's EU presidency
Ten years after the St-Malo agreement, which launched European Security and Defence Policy, an examination of the conditions for relaunching that policy seems called for. One has first to analyse the progress planned for in the Lisbon treaty and then look at the financial, technological and strategic challenges facing Europe. Lastly, this article asks in what ways the French EU presidency might give a boost to Europe’s defence dimension, one of its priorities.
1998-2008 : dix ans se sont écoulés depuis la signature de l’accord de Saint-Malo entre Tony Blair et Jacques Chirac, donnant naissance à la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). En l’espace d’une décennie, l’environnement stratégique a fortement changé : montée de la violence au Proche-Orient, aggravation des tensions avec la Russie, érosion du prestige et de la puissance des États-Unis ; sans parler des menaces plus transversales que constituent la prolifération nucléaire, le réchauffement climatique ou encore l’approvisionnement énergétique. Les Européens sont confrontés à une dégradation accélérée de leur sécurité collective.
Face à cette situation, il est encore plus nécessaire que les États membres aient une vision commune du monde extérieur et qu’ils progressent dans la mise en place d’une véritable politique européenne étrangère de sécurité et de défense. C’est l’une des priorités de la présidence française de l’Union européenne qui se tiendra au second semestre 2008. Le président Sarkozy a annoncé son souhait que la France réintègre les structures de commandement intégré de l’Otan et de voir se rapprocher l’Alliance atlantique et la PESD. Selon l’Eurobaromètre publié en septembre 2007, 75 % des Européens interrogés soutiennent la PESD tandis que 68 % d’entre eux appuient la Politique étrangère et de sécurité commune (Pesc) (1).
Nicolas Sarkozy doit donc profiter de ce regain d’intérêt des Européens pour les questions de défense et de cette opinion publique favorable pour amener les gouvernements européens à assumer clairement leurs responsabilités : l’Europe ne peut se contenter d’être une seule puissance économique, elle doit être à même d’assurer sa défense et sa protection ne serait-ce que pour tenir sa place dans le monde et ses valeurs. Facilitée par les dispositions institutionnelles prévues dans le Traité de Lisbonne, cette relance de l’Europe de la défense est néanmoins confrontée à certains défis financiers et technologiques. Enfin, il convient de s’interroger sur le rôle que pourrait jouer la France dans la relance de cette politique durant la présidence française de l’Union européenne.
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