La menace djihadiste s’est encore peu concrétisée en mer. Pourtant, une étude approfondie des attentats et des communiqués des dirigeants d’Al-Qaïda, montre la mise en œuvre méthodique d’un véritable « terrorisme stratégique », concept inédit à ce jour. L’économie de marché, principal pilier du mode de vie occidental que l’organisation veut abattre, est directement visée. Tous les types de transports interrégionaux sont menacés. Le transport aérien a été très touché, puis sécurisé. C’est le trafic maritime et les moyens chargés de le protéger qui offrent à présent le plus d’occasions d’actions spectaculaires et coordonnées. L’effet d’aggravation sur une économie mondiale en récession pourrait être déterminant.
« Terrorisme stratégique », une menace en mer
Les annonces d’actions terroristes, réelles ou imaginaires, sont nombreuses et quasi quotidiennes. Le moindre de ces attentats, où qu’il se produise dans le monde, fait la une des journaux des pays développés alors que leur impact est, dans la grande majorité des cas, très localisé. En mer, la piraterie attise l’intérêt des journalistes, plus par son côté spectaculaire que pour son coût réel (en moyenne un million de dollars de rançon par navire détourné vers la Somalie). Dans les deux cas, c’est le nombre d’événements qui impressionne.
Une autre forme de terrorisme, beaucoup plus redoutable, répond à une démarche plus structurée et choisit ses cibles, moins pour ce qu’elles représentent que pour l’effet induit sur l’économie. Souvent espacés dans le temps, les attentats qui la caractérisent paraissent dissociés, procurant une impression de fausse sécurité. Ce terrorisme, que nous qualifierons « stratégique », demande une capacité organisationnelle élevée. Il est mis en œuvre par Al-Qaïda. Avec les groupes qui lui sont associés (1), ce mouvement constitue la seule mouvance affichant aujourd’hui des objectifs politiques à l’échelle mondiale : imposer la civilisation islamique.
Pour les atteindre, il s’est doté d’une structure originale. Créé par un entrepreneur de travaux publics, Al-Qaïda est organisé comme une multinationale, capable de s’adapter en permanence aux conditions de l’environnement pour conserver une efficacité opérationnelle optimale.
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