Le nom « École de guerre » a été remplacé en 1993 par l’appellation « Collège interarmées de défense ». Après quinze ans pourtant il reste pratiquement impossible de présenter le CID sans faire référence à « l’ancienne École de guerre ». Il apparaît nécessaire de redonner son nom historique d’« École de guerre » à l’institution qui forme les futurs chefs militaires dans la mesure où la réalité du monde contemporain nous y engage et parce qu’il s’agit de rappeler de façon claire et lisible la place particulière des armées dans notre société. À l’aube d’une nouvelle réforme de l’enseignement militaire supérieur et en contrepoint de toute crispation passéiste, il faut y voir une occasion de manifester que les militaires doivent contribuer d’une façon tout à fait originale aux débats du pays sur la sécurité nationale.
Il faut redonner son nom à l'« École de guerre »
La scène se passe à Paris, un matin du mois de juin 2008 dans les salons d’une grande entreprise du CAC 40. Notre groupe de la 15e promotion du Collège interarmées de défense (CID) est en visite d’information. Nous sommes accueillis par le directeur général, le directeur des ressources humaines et des cadres supérieurs français et étrangers. Mes camarades me regardent avec amusement essayer de présenter le CID à nos hôtes. Par défi et par curiosité, je ne prononce pas le nom historique de l’école. Après de fastidieuses explications sur le parcours professionnel d’un officier en 2e partie de carrière, le programme de la scolarité, le directeur général me demande soudain s’il ne s’agit pas tout simplement de « l’École de guerre ». À ma réponse affirmative, tous les visages s’éclairent, l’incompréhension dédaigneuse qui s’installait dans les regards s’estompe et les questions fusent. Encore une fois, je mesure avec étonnement l’effet de ce simple nom sur des générations d’hommes et de femmes, français et étrangers assez éloignés du monde militaire. Je crâne fièrement jusqu’à ce qu’une stagiaire innocente mais cruelle me demande s’il s’agit d’une annexe de l’École de guerre économique installée dans le 7e arrondissement de Paris.
Cette anecdote authentique nous incite à nous demander si l’appellation « CID » est réellement adaptée pour désigner l’institution qui forme chaque année les futurs chefs militaires ? N’est-il pas légitime et utile de restaurer le nom « École de guerre » sous une forme ou sous une autre ? Des enjeux de fond se révèlent derrière ce qui ressemble, de prime abord, à une modeste question de forme. Il paraît à la fois possible et nécessaire de redonner au CID son nom historique d’« École de guerre » dans la mesure où la réalité du monde contemporain nous y engage et parce qu’il s’agit de rappeler de façon claire et lisible la place particulière des armées dans notre société. Bien loin d’un retour en arrière, réhabiliter le nom « École de guerre », c’est saisir la double chance d’un nom hérité et choisi à la fois. La réforme en préparation de l’enseignement militaire va nous offrir cette possibilité.
Défendre l’opportunité de cette démarche, c’est d’abord comprendre pourquoi le nom « École de guerre » a été abandonné dans les années 90. C’est ensuite reconnaître que le nom de CID n’a pas réussi à s’imposer après quinze ans d’existence. Enfin il faut souligner l’intérêt pour les armées et pour notre pays de retrouver le vrai sens du nom « École de guerre ».
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