Les forces multinationales européennes (FME) ne sont pas des forces de l’Union européenne (UE) et ne peuvent donc servir ou défendre les intérêts de l’UE qu’après le double agrément des États qui les constituent et celui du Conseil européen qui peut les employer. L’objectif de convaincre du bien fondé de ces FME a été atteint et nombre de réussites concrètes sont à enregistrer. Cependant, avec le développement constant de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), le contexte économique et politique est propice à une réflexion sur la pérennité de ces FME. Deux choix s’offrent à elles : se transformer en réelles forces de l’UE ou disparaître. Mais on ne peut que constater la difficulté d’obtention d’un consensus politique pour intégrer ces FME dans le cadre de la PESD. Il serait donc préférable de les dissoudre, puis de consacrer plus de ressources au développement des Battle Group.
Avenir de la PESD : laisser la place aux seules forces de l'UE
Après l’élection des 785 députés européens viendra bientôt le choix du Haut Représentant pour la Politique extérieure et de sécurité commune (Pesc). Chacun peut constater que ce deuxième pilier de l’Union européenne (UE) s’est fortement étayé ces dernières années notamment avec la création de l’Agence européenne de défense (AED) ou l’adoption de l’Objectif global 2010 (HeadLine Goal 2010). Le développement constant de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) dépend quasi exclusivement des décisions du Conseil européen. Cependant, d’autres facteurs et d’autres structures participent à l’élaboration d’une intégration de la défense et au rapprochement militaire. Ainsi, le Parlement européen a proposé de placer l’Eurocorps, en tant que force permanente, sous commandement de l’UE. L’existence des forces multinationales ou bilatérales a permis de sensibiliser l’opinion publique, c’est-à-dire le peuple décideur, à cette évolution générale vers des moyens authentiquement européens.
Aujourd’hui, il convient de se poser la question de l’avenir et de l’intérêt de ces nombreuses, voire trop nombreuses, forces multinationales en Europe. Car, si elles ont eu un rôle catalyseur, elles ont été finalement peu employées et ne peuvent être que conjoncturellement utilisées par l’UE, dans un contexte qui impose des adaptations de leur format. Sans possibilité d’évoluer suffisamment pour servir les intérêts de l’UE, les forces européennes peuvent être paradoxalement considérées comme un obstacle à l’existence et au développement de véritables forces de l’Union européenne.
Des changements pour poursuivre le développement de la PESD
En France, la bien connue brigade franco-allemande a démontré que des intérêts partagés et communs peuvent être sur le terrain et dans les faits défendus par des soldats de deux pays différents engagés dans une même unité. De multiples autres entités ont été ensuite progressivement constituées pour rapprocher sur le plan militaire les savoir-faire et faciliter l’interopérabilité des armées nationales ; sur le plan économique, rentabiliser les dépenses en partageant les matériels ou les capacités ; sur le plan de la communication, en démontrant la possibilité d’agir conjointement pour défendre ensemble des objectifs identiques.
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