Politique et diplomatie - La Roumanie, cousine lointaine
Depuis des années la Roumanie pose en raccourci, mais à l’extrême, tous les problèmes qui assaillent l’Europe orientale : ceux du postcommunisme, ceux des rapports avec des voisins inamicaux, ceux de l’insertion dans une Europe elle-même en construction, ceux des alliances militaires. C’est donc, au total, une des puissances européennes les plus concernées par les enjeux internationaux apparus ces temps derniers.
Il n’est pas indifférent de noter que, depuis des générations, Bucarest recherche le soutien de Paris. Comment ne pas le faire lorsqu’on se considère, à juste titre, comme un bastion avancé de la latinité jouxtant le monde slave, lorsqu’on a souffert de la domination ou de la proximité, tour à tour, des Hongrois, des Turcs, des Autrichiens, des Russes, lorsque d’interminables contentieux territoriaux rendent souhaitable une alliance extérieure ? Pour notre part, nous avions avantage, entre les deux guerres, à trouver là un point d’accrochage pour notre influence dans une région complexe, aux confins de la Mitteleuropa, des Balkans et de l’empire soviétique, afin de consolider de fragiles constructions politiques mises en place à l’issue du premier conflit mondial. Il n’y a pas si longtemps, nous n’étions pas fâchés de renforcer une réelle volonté d’indépendance, affirmée au nez et à la barbe des potentats de Moscou. Est-il besoin de rappeler qu’à l’heure actuelle la Roumanie est le seul pays de l’Europe de l’Est où le français a conservé sa suprématie sur toutes les autres langues étrangères ?
Le postcommunisme
Intégrées dans l’empire de Rome au début du IIe siècle, les populations de Transylvanie parlaient une langue latine mille ans plus tard, avant même la constitution d’un État qui a su conserver les traditions linguistiques et culturelles sans lesquelles, en Europe orientale, l’identité d’un peuple ne tarde pas à s’estomper. Dans la famille latine, la Roumanie a donc sa place, celle d’une cousine que l’histoire plus encore que la géographie a éloignée, mais qui n’a pas renié ses racines et aspire à les revivifier. Sa romanité ne va cependant pas jusqu’à l’allégeance spirituelle à la Ville éternelle, comme on dit en Europe du Sud-Ouest, puisque les Roumains, dans leur immense majorité, se rattachent à une foi orthodoxe fort vivace, facteur supplémentaire d’identité et jadis, grâce à son organisation autocéphale, ciment de la résistance aux envahisseurs.
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