L'économie russe après la crise financière d'août 1998
L’observation de la réalité russe actuelle me rend plutôt pessimiste. En décembre 1998, il était surprenant de constater que les Russes étaient dans une situation d’attente d’une définition de la stratégie économique du gouvernement. Je suis retourné en Russie deux mois après et on était sensiblement dans la même situation : tout le monde attendait que le gouvernement Primakov agît dans le domaine économique ; on attendait que soient réellement fixées la politique monétaire, la politique budgétaire, les réformes structurelles.
Certes, sous M. Primakov, un budget a été voté, une réforme bancaire a été annoncée dès octobre, mais dès que ces deux initiatives ont été annoncées, tout le monde savait qu’il s’agissait en fait de « chiffons de papier ». Pour ce qui est du budget, les hypothèses sous-jacentes étaient irréalistes et surtout celui-ci était en cours de négociation avec le FMI. La réforme bancaire paraissait également irréaliste pour des raisons sur lesquelles je reviendrai en fin d’exposé.
Si cette phase d’attente s’est tant prolongée, c’est sous l’effet d’une situation inextricable : Primakov avait beaucoup d’idées sur les réformes nécessaires, mais il s’est trouvé dans une position paradoxale ; pour la première fois, l’exécutif était soutenu par la Chambre basse, mais cet appui a constitué un facteur de blocage, car si Primakov prenait telle ou telle initiative, alors il risquait de se mettre à dos telle ou telle composante de son gouvernement ou de la Douma. Une orientation trop nette pouvait réduire à néant le consensus politique ; ainsi s’explique cette situation d’attente dont il était impossible de sortir.
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