Il y a dix ans, le 1er septembre 1969, un jeune officier libyen, admirateur du colonel Nasser, renversait le trône des Senoussis et instaurait à Tripoli un régime qui allait évoluer vers le « gouvernement direct des masses ». C'est cette évolution que retrace ici l'auteur. Son article jette quelques lumières sur le créateur de ce régime, le colonel Gaddhafi (Kadhafi), un homme difficile à cerner et généralement observé sans bienveillance par la presse occidentale, mais dont on ne peut mettre en doute ni la qualité de croyant sincère ni le dynamisme inspiré.
Libye : du coup d'État du 1er septembre 1969 au « gouvernement des masses »
Si le comte Sforza, qui jadis décrivit la carrière de Vénizélos comme une « leçon complète » de politique, avait suffisamment vécu pour observer la Révolution libyenne du 1er septembre 1969, peut-être l’aurait-il qualifiée de « leçon complète de coup d’État ». Rien de plus réussi, en effet, que cette opération rapide, discrète, non sanglante, et parfaitement efficace.
Contre une monarchie désuète…
Au moment où la révolution se déclenche, le roi Mohammed Idris as Senoussi, octogénaire, règne sur la Libye depuis près de vingt ans.
Sans doute fut-il, naguère, un patriote actif ; durant le deuxième conflit mondial, il a coopéré, pour la libération du pays, avec les Britanniques. Mais c’est entre les mains de ceux-ci, et des Américains, qu’il s’est mis dorénavant : il leur loue des bases, et reçoit leurs subsides ; il suit leurs avis, et il a concédé, trop libéralement, à leurs compagnies pétrolières les gisements libyens. Il se tient à l’écart de la grande politique arabe ; son aide financière à la Résistance Palestinienne et aux « États de la confrontation » est très strictement mesurée ; sa police réprime les propagandistes de l’arabisme et les instigateurs de mouvements sociaux.
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