Deux ans après l'attaque du 7-Octobre, une trêve fragile émerge entre Israël et le Hamas, malgré les traumatismes. Donald Trump a poussé un processus de paix, mais échoue sur le dossier ukrainien face à Vladimir Poutine, qui intensifie la guerre en Ukraine et déstabilise l’Europe. L’espoir est minime : Moscou mise sur l’usure, tandis que l’Occident, divisé, peine à riposter.
Éditorial – Paix possible au Proche-Orient, paix impossible en Ukraine (T 1756)
President Donald Trump and Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu hold a joint press conference announcing the U.S. peace plan for Gaza, Monday, September 29, 2025, in the State Dining Room of the White House. (Official White House Photo by Joyce N. Boghosian/Flickr)
Possible peace in the Middle East, impossible peace in Ukraine
Two years after the October 7 attack, a fragile truce is emerging between Israel and Hamas, despite the trauma. Donald Trump pushed for a peace process, but failed on the Ukrainian issue in the face of Vladimir Putin, who is escalating the war in Ukraine and destabilizing Europe. Hope is slim: Moscow is banking on attrition, while the divided West struggles to retaliate.
À 24 heures du 7 octobre 2025, deux ans se seront écoulés depuis les attaques terroristes du Hamas contre Israël, déclenchant dans un premier temps une guerre majeure contre ce groupe islamiste dans la bande de Gaza, puis ultérieurement en mettant à genoux le Hezbollah libanais et en accélérant la recomposition du Moyen-Orient après la chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie et le ralentissement du programme nucléaire militaire iranien suite aux frappes israéliennes et américaines du printemps.
L’implication du président américain Donald Trump, malgré ses excès, a permis de faire avancer un début de processus de paix. Les efforts d’autres acteurs, dont les pays arabes mais aussi les États européens dont la France très active sur le sujet, ont contribué aussi à faire évoluer les positions des deux camps, même si en ce lundi matin, la route est encore longue pour aboutir à une cessation définitive des hostilités tant la méfiance est grande entre Israël, encore traumatisé par le 7-Octobre et le Hamas, cherchant à préserver sa survie, au moins politique.
Il n’en demeure pas moins qu’une lueur d’espoir est enfin possible, permettant dans un premier temps la libération des otages vivants et des dépouilles des décédés ainsi que la fin des bombardements sur la population gazaouie instrumentalisée de part et d’autre. La suite sera quand même très compliquée et rien ne garantit l’établissement d’une vraie paix ; mais si au moins les combats cessent, un grand pas aura été franchi.
À l’inverse, et pour Donald Trump, là, l’échec est patent. Vladimir Poutine ne veut pas la paix mais bien la guerre. Les bombardements se succèdent sur l’ensemble du territoire ukrainien, y compris dans la partie ouest relativement épargnée. Les infrastructures énergétiques et ferroviaires sont particulièrement visées à quelques semaines de l’arrivée de l’hiver en vue de rendre difficiles les conditions de vie de la population épuisée par plus de trois ans de guerre de haute intensité.
Guerre en Ukraine et guerre hybride en Europe où les actions de déstabilisation se sont accélérées avec les survols de drones paralysant l’activité des aéroports, les tentatives de manipulation des scrutins comme en Moldavie, la désinformation permanente relayée par des réseaux pro-russes se proclamant à tort patriotes et nationalistes. En fait, ils ont fait allégeance au maître du Kremlin. Quant aux réactions de Washington, elles ne cessent de surprendre par leur légèreté et leur inconsistance, laissant les Européens seuls face à ce dilemme stratégique pour savoir comment et jusqu’où réagir. Cette hybridité sert les intérêts du Kremlin qui joue la montre, persuadé de gagner à l’usure contre Kyiv et de fragiliser l’unité européenne déjà frêle, au vu du désengagement américain.
Si l’on peut raisonnablement espérer un début de solution au Proche-Orient après deux ans de guerre, il faut bien comprendre que la guerre menée par la Russie n’en est qu’à ses débuts, tant la volonté de Moscou est grande de poursuivre jusqu’à l’écrasement de l’Ukraine et à la soumission du flanc est de l’Europe. Certes, l’histoire ne se répète pas mais il est urgent de comprendre que face au rapport de force imposé par le Kremlin, le compromis aboutit toujours à la défaite.