Unité fondamentale des armements nucléaires et conventionnels (avril 1964)
Il est curieux de constater qu’il subsiste encore à l’heure actuelle dans beaucoup de bons esprits un large degré d’incompréhension de l’unité que présentent dans leur nature et dans leur emploi les armes nucléaires et les autres, c’est-à-dire les armes dites « classiques » ou « conventionnelles ». C’est ainsi que l’on entend fréquemment opposer entre elles les forces nucléaires qui seraient destinées à la guerre d’écrasement général et les forces conventionnelles, qui seraient, elles, capables de mener des guerres plus « humaines », analogues aux dernières guerres mondiales, pour autant que celles-ci puissent être considérées comme ayant été humaines puisque des dizaines de millions d’hommes y ont disparu et que des destructions immenses y ont eu lieu.
On voit aussi opposer ces deux forces entre elles du point de vue de leur dépendance du Gouvernement et du Commandement. Les forces nucléaires seraient des forces « Gouvernementales » distinctes des autres et dont l’emploi ne se pourrait concevoir que dans le cadre étroitement centralisé d’un commandement à part, les forces conventionnelles agissant de leur côté séparément dans le cadre d’opérations au caractère traditionnel. Il y aurait en somme, si l’on écoutait cette opinion, deux batailles distinctes, l’une nucléaire, l’autre classique qui n’auraient en commun qu’un seul point de contact à l’échelon le plus élevé du Gouvernement.
Or ces erreurs, graves par les conséquences qu’elles sont susceptibles d’entraîner, proviennent d’une analyse incomplète du phénomène de la guerre moderne et des paramètres nouveaux qui y ont été introduits par l’armement nucléaire.
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