Les grands fonds marins, longtemps considérés comme des espaces inaccessibles et mystérieux, émergent aujourd’hui comme un enjeu stratégique majeur pour la France et les autres puissances maritimes. La France, avec la seconde plus grande zone économique exclusive au monde, se trouve dans une position privilégiée pour jouer un rôle de premier plan dans l’exploration et la gestion de ces espaces. La stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins lancée en 2022 a permis à la France d’amorcer une réponse capacitaire pour adresser les nouveaux enjeux de ce milieu de plus en plus contesté. La dynamique est bonne mais son élargissement et son accélération s’imposent au regard de l’activité croissante de ses compétiteurs.
Les grands fonds marins, un enjeu stratégique pour la France et ses alliés
Les grands fonds marins, longtemps considérés comme des espaces inaccessibles et mystérieux, émergent aujourd’hui comme un enjeu stratégique majeur pour la France et les autres puissances maritimes. Ces vastes étendues sous-marines, qui couvrent plus de la moitié de la surface de la Terre, font l’objet d’un intérêt croissant en raison de leurs ressources potentielles et de leur importance géostratégique. La France, avec sa Zone économique exclusive (ZEE) de plus de 11 millions de km², la deuxième plus grande au monde, se trouve dans une position privilégiée pour jouer un rôle de premier plan dans l’exploration et la gestion de ces espaces.
Dans un contexte de compétition internationale croissante pour l’accès et le contrôle des ressources marines, ainsi que pour garantir la liberté d’action des forces armées, la maîtrise des grands fonds apparaît comme un élément clé de la puissance maritime du XXIe siècle.
Cet article se propose d’examiner les enjeux stratégiques liés aux grands fonds marins et de caractériser le nouveau champ de conflictualité que ces derniers constituent. Il présente les capacités militaires des principaux compétiteurs stratégiques avant d’analyser la réponse française et de proposer des axes d’effort pour renforcer la position de la France dans ce milieu contesté.
Les fonds marins
La Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) (1), adoptée en 1982 à Montego Bay et entrée en vigueur en 1994, établit le cadre du droit de la mer. Ce traité concilie le principe de liberté de navigation avec celui de souveraineté des États côtiers. La CNUDM divise l’espace maritime en zones maritimes marquées par un pouvoir décroissant des États à mesure que l’on s’éloigne des côtes :
• La mer territoriale et son sous-sol marin (jusqu’à 12 milles marins) : l’État côtier a une souveraineté complète, mais doit permettre le droit de passage inoffensif des navires étrangers. Il a tout pouvoir de réglementer l’utilisation des fonds marins.
• La ZEE (de 12 jusqu’à 200 milles marins) incluant son sous-sol (plateau continental) : l’État côtier a des droits souverains sur les ressources naturelles (halieutique, pétrole, gaz), mais les autres États peuvent y naviguer et poser des câbles sous-marins, gazoducs et pipelines. Ils disposent, en outre, de la liberté d’utiliser la mer à d’autres fins internationalement licites. L’État côtier dispose de droit de juridiction pour encadrer certaines activités comme la recherche scientifique marine ou la protection du milieu marin. La ZEE peut être étendue à 350 milles marins au niveau de son sous-sol si l’État côtier démontre la continuité géologique de son plateau sous-marin. L’État côtier y a des droits sur les ressources minérales et biologiques.
• La haute mer et son sous-sol appelée la « Zone » : au-delà des ZEE, la haute mer est régie par le principe de liberté de navigation et d’exploitation par tous les États. La « Zone » est définie dans la CNDUM comme patrimoine commun de l’humanité dont l’exploration et l’exploitation des ressources minérales sont conditionnées à l’autorisation de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Cette instance travaille à l’élaboration d’un Code minier dont la sortie est attendue courant 2025.
Les enjeux stratégiques des grands fonds marins
Des ressources potentielles considérables de métaux
Au-delà de ses ressources halieutiques, micro-organiques et hydrocarbures, les fonds marins apparaissent comme une nouvelle frontière d’exploration et d’exploitation face à la demande croissante en métaux stratégiques nécessaires aux transitions énergétique et numérique. Riches en encroûtements cobaltifères, sulfures hydrothermaux et nodules polymétalliques, ces ressources pourraient permettre de diversifier les approvisionnements et de réduire la dépendance à certains pays producteurs, notamment la Chine (2) et la République démocratique du Congo (3). L’enjeu n’est donc pas économique, il est éminemment stratégique. Aussi malgré les investissements financiers importants à consentir, l’accès à ces nouvelles ressources présentes aussi bien en ZEE de certains pays que dans la « Zone », aiguise l’appétit de certains États.
Dans le monde, la question de l’exploitation minière divise, puisque certains pays se montrent en faveur de l’application d’un moratoire comme la France depuis la déclaration du président de la République en juin 2022 lors de la Conférence des Nations unies sur les océans (4), tandis que d’autres comme la Norvège, la Chine ou les États-Unis incitent à la promotion de l’exploitation minière.
Les encroûtements cobaltifères
Présents sur les flancs des monts sous-marins à des profondeurs entre 400 et 4 000 mètres, les encroûtements se forment par le dépôt de cobalt sur les fonds de nature volcanique ou calcaire (5). Ils sont majoritairement présents dans les volcans anciens et les atolls immergés. Ils peuvent recouvrir des surfaces de plusieurs milliers de kilomètres carrés, pour une épaisseur pouvant atteindre 25 centimètres.
Avec l’essor des véhicules électriques et des énergies renouvelables, la demande en cobalt, métal crucial pour la fabrication des batteries lithium-ion, va connaître une forte croissance dans les prochaines décennies, rendant ces gisements particulièrement attractifs même si leur extraction est complexe.
Les sulfures hydrothermaux
Les sulfures sont produits par l’activité hydro-thermique : l’eau s’engouffre dans les brèches créées par les volcans sous-marins avant de remonter chargée de métaux. Les sulfures hydrothermaux se trouvent dans des zones volcaniques et tectoniques actives ou récentes, comme les dorsales océaniques et sont très localisés couvrant des surfaces de moins d’un kilomètre carré. Ces gisements contiennent ainsi des concentrations élevées de cuivre, de zinc, d’or et d’argent.
Si les sulfures se forment généralement à partir de 800 m de profondeur, les dépôts les plus riches ont été découverts à 4 000 m en dessous du niveau de la mer (6) (7). Leur exploitation pourrait offrir de nouvelles sources de métaux précieux et de base, essentiels pour l’industrie électronique et les technologies vertes.
Les nodules polymétalliques
Ces concrétions rocheuses se présentant sous la forme de boules d’une dizaine de centimètres de diamètre, présentes dans les plaines abyssales à des profondeurs de 3 000 à 6 000 m, contiennent des concentrations significatives de manganèse, de nickel, de cuivre et de cobalt (8). Des champs de nodules peuvent s’étendre sur des surfaces de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés mais, à la différence des sulfures hydrothermaux et des encroûtements cobaltifères, leur concentration sur leurs zones de présence est hétérogène. Les nodules peuvent être prélevés sans forage, ni galerie ; cependant, les défis technologiques – leur recensement nécessite un fin travail de cartographie particulièrement difficile à cette profondeur – et environnementaux liés à leur extraction restent considérables.
Selon le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), la seule zone de Clarion-Clipperton, située dans l’océan Pacifique, d’une superficie équivalente à celle de l’Union européenne (UE), contiendrait 6 000 fois plus de thallium, trois fois plus de cobalt, et plus de manganèse et de nickel que toutes les ressources terrestres (9). L’exploitation des champs de nodules pourrait révolutionner l’industrie minière mondiale, offrant une alternative aux gisements terrestres de plus en plus difficiles à exploiter.
Un espace crucial pour les infrastructures sous-marines
Les grands fonds marins jouent un rôle vital dans les communications mondiales et la distribution d’énergie, en abritant des infrastructures critiques. Plus de 98 % des communications internationales transitent par 450 câbles sous-marins traversant les grands fonds (10). Ces câbles, d’une longueur totale de plus de 1,3 million de kilomètres (33 fois le tour de la Terre), sont essentiels pour l’économie mondiale et la sécurité nationale.
Fin 2022, la France métropolitaine était connectée par 24 câbles sous-marins, tandis que 27 câbles desservaient les territoires d’outre-mer (11). Cette infrastructure critique place la France et l’UE dans une situation de vulnérabilité face à une rupture de ces câbles, qui transportent la quasi-totalité des données numériques. En effet, jusqu’à 80 % des données françaises sont stockées aux États-Unis, soulignant une forte dépendance vis-à-vis des infrastructures et services étrangers, avec des implications stratégiques pour la souveraineté numérique et la cybersécurité.
En outre, si l’exploitation des fonds marins pour l’installation de serveurs informatiques est encore émergente, elle suscite un intérêt croissant grâce aux avancées technologiques et aux besoins énergétiques. Dans le cadre de son projet expérimental Natick, Microsoft a ainsi testé avec succès à partir de 2018 l’immersion pendant deux ans d’un data center sous-marin contenant 864 serveurs, au large de l’Écosse. Les résultats ont montré une fiabilité accrue et une réduction des coûts énergétiques grâce au refroidissement naturel par l’eau de mer (12). Depuis, des start-up ont vu le jour et proposent des centres de données sous-marins allant jusqu’à 3 000 m de profondeur pour la société américaine Subsea Cloud.
En matière de distribution d’énergie, au-delà de réseaux électriques sous-marins à l’image du projet Celtic Interconector entre la France et l’Irlande, de nombreux pipelines transportant du pétrole et du gaz traversent les fonds marins, reliant les zones de production aux zones de consommation. Ainsi, 77 % des importations de gaz de l’UE transitent par ses gazoducs (13). Les pipelines reliant l’Algérie et l’Espagne comme Medgaz et prochainement EastMed (mise en service visée à la fin de l’année 2028) jouent un rôle crucial pour acheminer le gaz naturel vers l’Europe, à l’instar de Nord Stream avant son sabotage de 2022.
La sécurisation de ces infrastructures est fondamentale pour la stabilité énergétique de nombreux pays.
Un milieu propice aux opérations militaires discrètes
Les grands fonds marins représentent un milieu stratégique de plus en plus convoité par les grandes puissances. Aujourd’hui encore, la connaissance de ce milieu singulier demeure limitée (seule 2 % de la surface des fonds marins est connue avec une précision métrique) à tel point que nous connaissons mieux la surface de la Lune que le fond de nos océans alors que les grandes profondeurs couvrent les deux tiers de la planète Terre. Leur immensité, leur complexité topographique, l’absence totale de lumière, les températures extrêmes et la pression colossale (14) en font un environnement « opaque » par excellence – difficile d’accès, difficilement observable et surtout, les actions s’y déroulant sont difficilement attribuables.
Cette opacité naturelle en fait un cadre idéal pour des opérations militaires clandestines. Le sabotage présumé des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre 2022 illustre parfaitement ce potentiel. Bien que les responsabilités exactes n’aient pas été, à ce stade, officiellement établies, ces actes ont exposé la vulnérabilité extrême des infrastructures sous-marines – câbles de communication, pipelines énergétiques, capteurs marins – tout en illustrant l’impossibilité d’attribution immédiate, limitant ainsi la riposte diplomatique ou militaire. Plus récemment encore, entre octobre 2023 et début 2025, en mer Baltique, au moins 11 câbles sous-marins ont été endommagés dans des conditions suspectes, mettant en péril les communications et l’approvisionnement énergétique entre États-membres de l’Otan (15).
Dans des scénarios de très haute conflictualité, la possibilité que des adversaires s’attaquent à plusieurs points critiques de l’infrastructure sous-marine d’un pays ne peut plus être exclue par les états-majors. Les grands fonds marins présentent un rapport coût/efficacité particulièrement avantageux pour des actions hostiles : un sabotage relativement simple peut produire des effets stratégiques majeurs.
Au-delà des opérations de sabotage ciblées, les forces navales devront se préparer dans un avenir proche à affronter des systèmes immergés conçus pour interdire l’accès à certaines zones, que ce soit à l’échelle localisée ou sur des zones maritimes étendues. Ces dispositifs pourraient inclure des capteurs fixes, des drones sous-marins stationnaires et des munitions subaquatiques, déployés de manière discrète le long des côtes, dans des détroits ou à proximité de zones stratégiques.
La maîtrise des fonds marins s’impose donc comme une extension stratégique de la conflictualité maritime, enrichissant sans les remplacer la lutte sous-marine, la guerre des mines et les actions subaquatiques spéciales (comme la récupération d’objets sensibles). Elle agit en interface avec ces autres domaines en apportant une profondeur d’emploi ainsi qu’une vision plus globale et souveraine de la connaissance et de la protection des espaces sous-marins. Dans un contexte de contestation permanente et d’évolution technologique rapide (drones, capteurs immergés, robots résidents), la maîtrise des fonds marins devient essentielle pour garantir une supériorité informationnelle durable et anticiper les menaces (16). Elle s’inscrit dans une approche Multi-milieux et multi-champs (M2MC), reconnaissant que les actions menées dans les profondeurs océaniques peuvent avoir des répercussions significatives dans d’autres domaines, notamment maritime, cybernétique et informationnel, comme l’illustre l’exploitation médiatique d’attaques contre des infrastructures sous-marines critiques.
Espace stratégique de demain, ce théâtre vertical, jusqu’alors peu exploité, devient accessible à de nouveaux acteurs grâce à la dualité des moyens civils et militaires, et s’inscrit dans une nouvelle forme de guerre hybride. À l’avenir, la maîtrise des fonds marins dans ses dimensions défensives comme offensives sera un élément indispensable des opérations aéromaritimes d’envergure.
La capacité militaire de maîtrise des fonds marins de nos principaux compétiteurs
La capacité russe
La maîtrise des fonds marins fait partie intégrante de la stratégie navale russe. Dans ce contexte, Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de Russie, a ainsi publiquement déclaré en juin 2024 que les câbles sous-marins, essentiels pour les communications mondiales, pourraient être considérés comme des cibles légitimes par la Russie (17). Celle-ci dispose de capacités avancées pour opérer dans les fonds marins, principalement sous la direction du GUGI (Direction principale de la recherche en haute mer), une entité discrète spécialisée du ministère de la Défense créée en 1963.
La composante mobile du dispositif russe s’appuie sur une flotte de navires dédiés composée d’au moins cinq navires (18) à la fin de l’année 2024, tous équipés de mini-sous-marins et/ou de drones :
• Le Yantar, un navire-espion affecté dans la Flotte du Nord et équipé pour déployer des bathyscaphes capables d’atteindre des profondeurs allant jusqu’à 6 270 m. Un navire-jumeau, l’Almaz, est en cours de construction et devrait rejoindre sous peu la Flotte du Pacifique.
• L’Akademik Alexandrov, navire affecté à la Flotte du Pacifique conçu pour effectuer des travaux scientifiques sur le plateau arctique. Il est capable de déployer un mini-sous-marin et de transporter des munitions (torpilles, missiles et mines) dont les torpilles stratégiques Poseidon.
• Le Selige et son sistership, le Ladoga, navires affectés respectivement à la Flotte de la mer Noire et à celle de la Baltique, conçus pour des missions de recherche et d’intervention en haute mer.
• Le Yevgennyy Gorigledzhan, affecté à la Flotte de la mer Noire, correspondant à la transformation d’un remorqueur de sauvetage en un navire océanographique polyvalent pour la recherche scientifique et les missions spécialisées de la marine russe.
En parallèle, la Russie exploite trois sous-marins spécialisés, affectés à la Flotte du Nord et à celle du Pacifique, notamment des anciens Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) modifiés BS-136 Orenburg et BS-64 Podmoskovye, ainsi qu’un nouveau sous-marin nucléaire K-329 Belgorod entré en service en 2022. Ces sous-marins « mères » sont porteurs de petits sous-marins à propulsion nucléaire capables d’intervenir à plus de 2 000 m de profondeur. Le pays investit également dans des drones sous-marins tels que le Klavesin 2P-PM ou le Vityaz-D, ce dernier pouvant atteindre des profondeurs supérieures à 10 000 m.
Ces moyens permettent à la Russie de cartographier les fonds marins, de surveiller les câbles sous-marins stratégiques et potentiellement de mener des opérations clandestines en eaux profondes (19). À titre d’illustration de la menace induite, une enquête du journal dominical britannique Sunday Times rendue publique le 6 avril 2025 a ainsi révélé la découverte de capteurs d’origine russe dans les eaux entourant le Royaume-Uni, certains s’étant échoués sur le littoral britannique tandis que d’autres ont été directement localisés par la Royal Navy. Ces dispositifs de surveillance auraient été délibérément placés pour collecter des informations sur les sous-marins nucléaires britanniques, constituant ainsi une menace directe pour la sécurité du pays (20).
Au-delà de la composante mobile, la Russie dispose en outre du système Harmony (pendant de l’Integrated Undersea Surveillance System [IUSS] américain) qui est un réseau stratégique d’Autonomous Seabed Station (ASS) déployées sur le plancher océanique offrant une capacité de surveillance continue et sécurisée, notamment en Arctique. Alimenté par des centrales nucléaires miniaturisées, il offre une autonomie prolongée et a été conçu pour la détection avancée de sous-marins, navires et avions à partir d’un réseau de capteurs composés de sonars immergés et de bouées acoustiques flottantes. Les stations sous-marines autonomes sont reliées via des câbles sous-marins à des centres de commandement terrestre disposant de moyens satellitaires afin d’en assurer le maillage réseau. Ces stations ASS sont installées par des sous-marins spécialisés tels que le Belgorod lorsque les navires de surface ne peuvent pas atteindre l’endroit de dépose (ex. : sous la calotte glaciaire) ou lorsque le secret de l’emplacement est à garantir.
Le système Harmony est complété par un système d’écoute fixe MGK-608 SEVER qui permet la protection des bastions de SNLE en mer de Barentz et en mer d’Okhotsk, assurant leur discrétion et leur sécurité dans des zones proches des côtes russes (21).
La capacité chinoise
Le budget de défense chinois pour 2025 augmente de 7,2 %, atteignant officiellement 245 milliards de dollars, bien que le chiffre réel soit probablement plus élevé (22). Cet accroissement, supérieur à la croissance économique national (espérée à 5 % par Beijing), témoigne de l’ambition de construire une force militaire de premier plan d’ici le milieu du siècle incluant le volet lié à la maîtrise des fonds marins.
La stratégie militaire chinoise dans ce domaine s’articule autour d’un vaste réseau de surveillance sous-marine, surnommé la « Grande muraille sous-marine », combinant des capteurs acoustiques fixes, des drones sous-marins autonomes et des plateformes de surface. Ce système, développé par la China State Shipbuilding Corporation (CSSC), a été conçu pour consolider la domination maritime de la Chine en mer de Chine méridionale, notamment près des îles artificielles de l’archipel des Spratleys, où la Chine a établi des bases militaires (23), et dans les eaux adjacentes en permettant la détection des sous-marins et navires étrangers. Il exploite des technologies civiles et militaires dans le cadre d’une stratégie fusionnant science maritime civile (prévention des catastrophes, recherche environnementale ou minière) et surveillance militaire. À titre d’illustration, un projet de station de recherche à 2 000 m a récemment été dévoilé dans la presse qui vise une mise en service opérationnelle d’ici 2030. Cette station hébergera des laboratoires d’étude des cheminées de méthane tout en servant en parallèle de base avancée pour les systèmes autonomes sous-marins, et la maintenance des capteurs et le traitement des données (24).
La stratégie chinoise de création d’un « bastion » en mer de Chine méridionale s’inscrit dans une doctrine d’Anti-Access/Area Denial (A2/AD) visant à limiter la capacité d’intervention des forces étrangères dans la région, ce qui soulève de nombreuses inquiétudes parmi les Nations voisines et les puissances occidentales, modifiant l’équilibre stratégique dans la région Indo-Pacifique (25).
Les composants fixes de ce système connectés à des centres de commandement côtiers via des câbles à fibre optique incluent (26) :
– des systèmes sonar passifs pour détecter les signatures acoustiques des sous-marins et navires de surface ;
– des systèmes sonar actifs pour identifier les menaces sous-marines ;
– des capteurs environnementaux mesurant température, salinité et pression afin d’améliorer la précision acoustique.
Des extensions récentes y ajouteraient des capteurs dans les eaux internationales, près de Guam et de Yap (Micronésie), pour surveiller les mouvements de l’US Navy (27). Pour compléter les capteurs fixes, la Chine déploie des Véhicules sous-marins autonomes (UUV) et de surface télécommandés (USV). Ces plateformes effectuent des missions de reconnaissance mobile, de pose de mines et de contre-mesures. Le petit sous-marin autonome pour opérations spéciales, récemment dévoilé, illustre cette capacité avec une autonomie de 10 000 milles nautiques, une capacité d’emport de charges modulaires (torpilles, mines, systèmes de soutien aux plongeurs) et une intégration jusqu’à 4 UUV lourds (28).
La Chine bénéficie enfin d’une flotte de navires comme le Yantar russe qui combinent des missions scientifiques légitimes avec des capacités de renseignement militaires. Le porte-drones autonome Zhu Hai Yun, lancé en 2023, illustre cette ambiguïté avec une capacité de transport, de déploiement et de contrôle à distance de plus d’une cinquantaine de drones aériens, de surface et sous-marins autonomes. Ces systèmes, bien qu’utiles pour la recherche marine, permettent aussi la détection de cibles militaires comme les mines ou les sous-marins, selon des analyses du cercle de réflexions américain Center for Strategic and International Studies (29).
La stratégie française pour les grands fonds marins
Face aux enjeux multiples de maîtrise des fonds marins, la France a développé une stratégie visant à renforcer sa position dans ce domaine. Le Gouvernement français a ainsi lancé, via le plan de relance France 2030, le développement de capacités d’exploration et de maîtrise des grands fonds pour un montant d’environ 300 millions d’euros sur les 54 milliards d’euros du plan. En complément, le ministère des Armées a élaboré, en février 2022, une stratégie spécifique pour les grands fonds marins (30). Celle-ci vise à renforcer les capacités militaires françaises dans ce domaine, suivant trois axes :
– connaître le fond des mers, par la mesure de grandeurs physiques caractéristiques ;
– surveiller les fonds marins et l’espace océanique ;
– agir sur, depuis, et vers les fonds marins.
L’objectif est de pouvoir réaliser ces missions jusqu’à 6 000 m de profondeur, ce qui représente 97 % de la superficie des océans.
La Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 permet d’incarner cette feuille de route en assurant le développement capacitaire d’AUV et de ROV (véhicule sous-marin téléopéré) avec le programme d’armement « maîtrise des fonds marins » lancé en 2023. Au titre d’un premier incrément, ce dernier finance les spécificités « Défense » de l’AUV et du ROV opérant à 6 000 m, ainsi que des activités exploratoires afin d’alimenter les réflexions capacitaires sur les incréments ultérieurs par l’intermédiaire notamment de campagnes d’expérimentations Caliope mettant en œuvre des capacités AUV et ROV louées (disponibles sur étagères).
Ainsi à partir de 2026, la Marine nationale se verra dotée d’une première capacité partagée avec la communauté scientifique constituée d’un couple de drone sous-marin autonome AUV et d’un robot téléopéré ROV opérant à 6 000 m emportant des charges utiles diverses (capteurs, instruments de mesure et outils), complétant l’arsenal militaire composé de deux ROV, Ulisse et Diomède, capables d’atteindre respectivement 1 000 et 2 000 m de profondeur. À la fin de la LPM en cours, la capacité française prévue à ce stade est de deux couples de AUV et ROV grands fonds et de deux AUV grands fonds supplémentaires. Ces moyens seront déployés sur alerte depuis Toulon et Brest ou lors d’opérations planifiées ; ils seront mis en œuvre depuis différents navires de la Marine ou depuis des navires affrétés.
La Stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins a permis à la France d’amorcer une réponse capacitaire pour adresser les nouveaux enjeux de ce milieu de plus en plus contesté, en tirant profit de savoir-faire industriel, des avancées technologiques du domaine, fortement dual, et de l’opportunité de coopérations interministérielles. La dynamique est bonne mais son élargissement et son accélération s’imposent au regard de l’activité croissante des compétiteurs russes et chinois. Dans un contexte d’actualisation de la Revue nationale stratégique (31), quelques axes d’efforts prioritaires pour renforcer la position française dans ce domaine stratégique sont proposés.
Acquisition d’une plateforme de déploiement dédiée
L’absence de plateforme de déploiement dédiée à la maîtrise des fonds marins constitue un handicap majeur pour les opérations françaises. Actuellement, les Véhicules sous-marins autonomes (AUV) et téléopérés (ROV) sont mis en œuvre depuis des bâtiments de surface avec des capacités spécifiques (en particulier des treuils) qui ne sont pas toujours disponibles, particulièrement pour les ROV plus lourds. Les plateformes actuelles (32) – Bâtiments de soutien et d’assistance métropolitaines (BSAM) et leur déclinaison ultramarine (les Bâtiments de soutien et d’assistance outre-mer, BSAOM), le Bâtiment hydro-océanographique (BHO) Beautemps-Beaupré ou les Bâtiments de soutien et d’assistance affrétés (BSAA) – sont principalement dédiées à d’autres missions et ne permettent pas un déploiement simultané d’AUV et de ROV grands fonds. Seul le Pourquoi pas ?, armé par Génavir (filiale à 100 % de l’Ifremer) et opéré au profit de l’Ifremer, dispose de cette capacité. Ce navire est mis à la disposition de la Marine nationale jusqu’à 150 jours par an (33) via une convention.
Pour remédier à cette situation, la France doit s’inspirer de l’approche britannique qui a développé un premier navire MROS (Multi-Role Ocean Surveillance), dédié à la surveillance et à l’intervention sous-marine. Une deuxième capacité devrait suivre d’ici 2030. Le Royal Fleet Auxiliary (RFA) Proteus, navire de 98 m mis en service en 2023, agit comme un « navire-mère » capable d’opérer des systèmes télécommandés et autonomes pour la surveillance sous-marine et la guerre des fonds marins (34). Un tel bâtiment permettrait à la France de disposer d’une plateforme spécifiquement conçue pour les opérations de maîtrise des fonds marins, garantissant une réactivité optimale face à des scénarios opérationnels urgents et une capacité de déploiement simultané de plusieurs types d’engins sous-marins. Cette acquisition devrait s’accompagner d’une stratégie claire concernant le maillage territorial, avec une attention particulière portée aux territoires d’outre-mer, pour lesquels l’utilisation de bâtiments affrétés civils pourrait constituer une solution complémentaire en prenant toutefois en compte la problématique actuelle de l’aérotransport des composants les plus lourds du dispositif (treuil et câble pour le ROV grand fond).
Développement de capacités offensives discrètes et autonomes
L’annonce officielle datant de février 2025 d’un volet doctrinal offensif dans la Stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins représente un tournant majeur. Actuellement, les capacités d’intervention prévues dans la LPM reposent essentiellement sur les ROV, qui imposent des contraintes significatives de manœuvrabilité du bâtiment de surface les déployant en raison du câble permanent d’alimentation et de contrôle du moyen. Les ROV hybrides, même s’ils simplifient les contraintes de mise en œuvre depuis un bâtiment de surface en limitant la liaison permanente à une fibre optique pour la téléopération du moyen, peuvent ne pas être adaptés lorsque l’intervention nécessite une puissance électrique importante.
Pour conduire efficacement des actions offensives discrètes, comme la dépose ou la récupération de charges utiles (matériels d’écoute, senseurs, charges explosives), il est nécessaire de développer ou d’acquérir des plateformes plus appropriées. Les sous-marins habités comme les type A-26 développés par la Suède (35) et les drones de type Extra-Large Unmanned Undersea Vehicle (XLUUV) constituent des solutions prometteuses qui permettraient de s’affranchir des limitations inhérentes au déploiement de ROV classiques depuis un bâtiment de surface en mettant en œuvre le moyen depuis les tubes lance-torpilles ou via les modules de déploiement sec (Dry Deck Shelter, DDS) ou humide (Wet Deck Shelter, WDS). Ils permettent en outre d’opérer par mauvais temps, lequel peut empêcher les navires de surface d’agir.
Massification des moyens de surveillance et d’intervention par une approche low-tech
Face à l’immensité des espaces maritimes à surveiller, la France doit trouver un point d’équilibre entre les modèles de cohérence (quelques systèmes sophistiqués) et de masse (nombreux systèmes plus simples). S’inspirant de l’approche adoptée dans le domaine aérien, qui a entrepris une massification par le « low-tech », il est nécessaire d’analyser la capacité à massifier les moyens de surveillance et d’intervention sous-marine en développant des solutions dronisées moins onéreuses et accessibles en nombre. Cette approche permettrait d’étendre les zones d’intérêts surveillées ou d’augmenter la fréquence de surveillance selon les enjeux associés, qu’il s’agisse de garantir la liberté d’action des forces françaises ou de protéger les infrastructures sous-marines critiques.
Le domaine des drones navals connaît actuellement des innovations foisonnantes, comme en témoignent les expérimentations du Dronathlon Marine (36) ou celles lancées récemment par le Commandement allié à la transformation (ACT) de l’Otan via sa Task Force X. Ces derniers travaux visent à tester en grandeur réelle d’ici mi-2025 des solutions à base de systèmes autonomes de surface et sous-marins utilisant l’Intelligence artificielle (IA) disponibles sur étagère dans l’optique d’alléger le dispositif de l’Alliance déployé en mer Baltique qui est fortement consommateur en ressources humaines et en bâtiments de surface pour contrer les opérations de sabotage des câbles sous-marins. L’analyse de ces expérimentations doit permettre d’identifier les technologies les plus prometteuses pour un déploiement à grande échelle.
Renforcement de l’interopérabilité des systèmes et de la coopération opérationnelle
L’étendue des domaines à couvrir et les contraintes budgétaires imposent le développement de coopérations internationales pour surveiller efficacement de plus grandes zones que ce qui serait atteignable seul. Deux axes majeurs de coopération doivent être développés : d’une part, l’interopérabilité technique des capacités de déploiement des engins et le partage des données – avec une attention particulière à la standardisation de ces dernières –, et d’autre part, la coopération opérationnelle. L’Otan constitue un cadre privilégié pour cela. La participation active de la France aux instances spécialisées comme le NATO’s Digital Policy Committee et le NATO’s Data and AI Review Board est requise pour traiter les questions d’interopérabilité technique, notamment sur la standardisation des données et l’interopérabilité des IA intégrées. Cela permettra le développement de plateformes et des charges utiles répondant à des interfaces standardisées, modulaires et interopérables.
La protection des infrastructures sous-marines critiques, comme les câbles sous-marins, nécessite une coopération étroite entre alliés, comme l’illustre l’interception du Yantar par les marines britannique et irlandaise en novembre 2024 (37). Ces opérations démontrent l’importance d’une réponse coordonnée face aux menaces sur les fonds marins. Ainsi, la coopération opérationnelle entre les pays membres de l’Otan et ses partenaires peut être orchestrée par la Cellule de coordination pour les infrastructures sous-marines critiques (CUICC) créée en février 2023. Cette cellule qui est en phase de montée en puissance au sein du Commandement maritime de l’Otan (MARCOM) constitue une opportunité pour la France afin d’y jouer un rôle moteur en y étant davantage représentée.
Conclusion
La maîtrise des fonds marins représente un enjeu stratégique majeur pour la France et ses alliés, dont l’importance ne fera que croître dans les années à venir. Pour protéger ses intérêts dans ce nouvel espace contesté, la France doit accélérer le développement de ses capacités. Quatre axes d’efforts prioritaires méritent une attention particulière : l’acquisition d’une ou de plusieurs plateformes de déploiement dédiées, le développement de capacités offensives discrètes, la massification des moyens de surveillance et d’intervention, et le renforcement de la coopération internationale. Cette approche permettrait à la France de répondre efficacement aux défis identifiés tout en optimisant l’utilisation de ses ressources dans un contexte de compétition accrue. Seule une approche ambitieuse et coordonnée avec nos alliés permettra de transformer les abysses en un espace de puissance plutôt qu’en un nouveau théâtre de vulnérabilités.
(1) Convention des Nations unies sur le droit de la mer, 1982 (https://www.un.org/).
(2) La Chine fournit 98 % des terres rares à l’Union européenne. Cf. Roux de Bézieux Sabine, « L’exploitation des fonds marins », Études, juillet-août 2024, p. 19-30.
(3) Plus de la moitié des réserves terrestres (55 %) et environ trois quarts de la production de cobalt se situent en RDC. Cf. Hache Emmanuel, Normand Émilie et Roche Candice, « Exploiter les fonds marins : une nouvelle frontière géopolitique ? », Revue internationale et stratégique, avril 2024, p. 173-183.
(4) Valo Martine, « Emmanuel Macron se prononce contre l’exploitation des grands fonds océaniques », Le Monde, 1er juillet 2022.
(5) « Encroûtements cobaltifères », Geo-Ocean, 20 mai 2025 (https://www.geo-ocean.fr/).
(6) « Les sulfures polymétalliques », Geo-Ocean, 23 juin 2017 (https://www.geo-ocean.fr/).
(7) « Sulfures polymétalliques hydrothermaux », Geo-Ocean, 20 mai 2025 (https://www.geo-ocean.fr/).
(8) Petersen S., et al., « News from the Seabed—Geological Characteristics and Resource Potential of Deep-Sea Mineral Resources », Marine Policy, vol. 70, août 2016, p. 175-187.
(9) Rohfritsch Teva, L’exploration, la protection et l’exploitation des fonds marins : quelle stratégie pour la France ? (Rapport d’information n° 724), 21 juin 2022, Sénat (https://www.senat.fr/rap/r21-724/r21-724.html).
(10) Ibidem.
(11) Commission de la défense nationale et des forces armées, Les fonds marins (Rapport d’information n° 823), 8 février 2023, Assemblée nationale (https://www.assemblee-nationale.fr/).
(12) Lausson Julien, « Sous l’eau depuis deux ans, le data center sous-marin de Microsoft », Numerama, 16 septembre 2020 (https://www.numerama.com/).
(13) Représentation de la Commission européenne en France, « L’Union européenne réduit efficacement sa dépendance au gaz russe ! », 25 juillet 2022 (https://france.representation.ec.europa.eu/).
(14) Pour chaque dizaine de mètres de descente sous le niveau de la mer, la pression augmente d’une atmosphère. Ainsi à 4 000 m de profondeur, la pression est de 400 bar.
(15) Leicester John et Burrows Emma, « At Least 11 Baltic Cables Have Been Damaged in 15 Months, Prompting NATO to up its Guard », Associated Press News, 28 janvier 2025 (https://apnews.com/).
(16) Chetaille Cédric (contre-amiral), « La maîtrise des fonds marins, une dimension pour les opérations », La Baille, janvier 2025, p. 20-23.
(17) Bueger Christian, « Ukraine War: Kremlin’s Threat to Interfere With Undersea Data Cables May be Bluster But Must be Taken Seriously », The Conversation, 20 juin 2023 (https://theconversation.com/).
(18) Sheldon-Duplaix Alexandre, « Moyens d’action russes dans les fonds marins », Défense et Sécurité Internationale, hors-série n° 99, décembre 2024-janvier 2025.
(19) Ibidem.
(20) Chabrout Julien avec AFP, « “Une guerre fait rage dans l’Atlantique” : des capteurs russes détectés dans les eaux britanniques », L’Express, 7 avril 2025 (https://www.lexpress.fr/).
(21) Sutton H.I., « Analysis—Russia Seeks Submarine Advantage in Artic », Covert Shores, 20 septembre 2016 (http://www.hisutton.com/Analysis%20-Russia%20seeks%20submarine%20advantage%20in%20Arctic.html).
(22) Rajagopalan Rajeswari Pillai, « China’s Military Spending Rises Should Prompt Regional Budget Responses », The Strategist, 20 mars 2025, Australian Strategic Policy Institue, ASPI (https://www.aspistrategist.org.au/).
(23) Beyrer Jack, « China Building Underwater Surveillance Network in South China Sea », The Washington Free Beacon, 5 août 2020 (https://freebeacon.com/).
(24) Anukriti, « China Deep-Sea Laboratory in South China Sea Sparks Concerns », StratNews Global, 4 mars 2025 (https://stratnewsglobal.com/asia/china-deep-sea-laboratory-in-south-china-sea-sparks-concerns/).
(25) Beyrer J., op. cit.
(26) Goldrick James, « Chinese Military Strategic Perspective And Its Military Aims in The South China Sea », Australian Institute of International Affairs, 21 novembre 2019 (https://www.internationalaffairs.org.au/).
(27) Enoch Melissa, « China Uncovers Foreign Spy Devices In Territorial Waters As South China Sea Tensions Escalate », Arise News, 29 octobre 2024 (https://www.arise.tv/).
(28) « China Develops New Unmanned Submarine to Increase Covert Naval Warfare », Army Recognition, 14 novembre 2024 (https://armyrecognition.com/).
(29) Funaiole Matthew P., Powers-Riggs Aidan et Hart Brian, « Skirting the Shores: China’s New High-Tech Research Ship Probes the Waters around Taiwan », Center for Strategic & International Studies (CSIS), 26 février 2024 (https://features.csis.org/snapshots/china-research-vessel-taiwan/).
(30) Ministère des Armées, Stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins, 2022 (https://www.defense.gouv.fr/).
(31) Lagneau Laurent, « M. Macron souhaite actualiser la Revue nationale stratégique pour adapter les armées aux menaces actuelles », Zone militaire-Opex360, 20 janvier 2025 (https://www.opex360.com/).
(32) NDLR : Les 4 BSAM sont de classe Loire, construits entre 2016 et 2018 ; les 4 BSAOM sont de classe d’Entrecasteaux, construits entre 2014 et 2017. Le BHO admis au service actif en décembre 2003 complète les 3 Bâtiments hydrographiques de classe Lapérouse construits entre 1985 et 1987.
(33) « Rapport annuel 2021, une année de science sur les mers du monde », Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer, p. 38 (https://www.ifremer.fr/sites/default/files/2022-08/rafof21-web-20220729.pdf).
(34) « First of two MROS ships Arrives in the UK », Naval News, 19 janvier 2023 (https://www.navalnews.com/).
(35) Salles Dominique, « Le sous-marin suédois A-26 offre de nouvelles possibilités pour la guerre sur les fonds marins », Association générale des amicales de sous-mariniers, 16 novembre 2022 (https://www.agasm.fr/).
(36) Direction générale de l’armement, « Un concentré de l’expertise DGA lors du 1er dronathlon de la Marine nationale », 5 novembre 2024 (https://www.defense.gouv.fr/).
(37) O’Carroll Lisa, « Russian Spy Ship Escorted Away From Area With Critical Cables in Irish Sea », The Guardian, 16 novembre 2024 (https://www.theguardian.com/).









