Politique et diplomatie - La politique extérieure britannique et le Commonwealth
À l’occasion d’une visite à la Jamaïque au début d’avril, M. MacMillan s’est rendu aux États-Unis où il a eu des entretiens prolongés avec le Président Kennedy. Quelques semaines auparavant, du 8 au 17 mars, la conférence du Commonwealth s’était tenue à Londres. Concurremment des négociations et des conversations bilatérales anglo-française, anglo-allemande, anglo-italienne, étaient engagées depuis le début de 1961, pour essayer d’harmoniser les vues de la Grande-Bretagne et des pays européens continentaux sur l’unification économique et la coordination politique en Europe.
Ces événements internationaux incitent à faire le point des positions britanniques en matière de politique étrangère. Il était communément admis, il y a quelques années, en particulier par les commentateurs du continent, que les intérêts britanniques en politique extérieure s’ordonnaient selon un ordre de priorité décroissant de la manière suivante : 1° maintenir des liens aussi étroits que possible avec les États-Unis ; 2° maintenir la cohésion du Commonwealth ; 3° maintenir la cohésion de l’Europe libre. Ce qui était admis il y a quelques années est-il encore valable en 1961 ?
Sans aucun doute le souci prioritaire de la diplomatie britannique reste de donner le maximum d’intimité aux relations entre Londres et Washington. Le gouvernement britannique y est aidé par l’histoire et la tradition, la communauté linguistique, et s’y emploie par une diplomatie très souple qui s’efforce d’éviter tout ce qui pourrait heurter de front les idées admises à Washington. Sur l’essentiel d’ailleurs, les positions britanniques ne divergent guère des positions américaines. Comme les États-Unis, la Grande-Bretagne accorde à l’ONU une extrême importance. Les Britanniques comme les Américains y voient une donnée de la situation internationale qu’il n’est pas possible de négliger et un instrument politique qu’il s’agit d’utiliser au mieux de ses intérêts. L’ONU, pense-t-on à Londres comme à Washington, est une image à peu près fidèle du monde contemporain, qu’il faut prendre tel qu’il est si l’on veut y conserver sa place. De même sur les questions que pose l’affrontement de l’Est et de l’Ouest en Europe, on ne constate pas de différence notable entre les vues du gouvernement conservateur et celles de l’administration démocrate. Sur la question de Berlin, qui reste posée, Britanniques et Américains considèrent comme caduques les propositions que les trois ministres des Affaires étrangères occidentaux avaient présentées à l’U.R.S.S., sans succès, en 1959 ; étant entendu cependant que dans le cadre d’un accord plus vaste entre l’U.R.S.S. et les États-Unis, accord dont le Président Kennedy s’affirme partisan, une solution « équitable » du problème de Berlin, autre que le statu quo, serait acceptée par les États-Unis.
Il reste 82 % de l'article à lire