Lancé à l’issue de la prise de conscience de la guerre du Golfe en 1990-1991, le processus de modernisation de la défense chinoise est largement influencé, au plan « opératif » par le facteur taïwanais comme au plan « stratégique », par les ambitions de puissance mondiales et régionales de la République populaire de Chine (RPC). Les moyens budgétaires alloués à la défense par le gouvernement chinois sont importants, mais il convient de les relativiser compte tenu de l’ampleur de la tâche qui consiste à moderniser des forces armées pléthoriques et souffrant d’un fort retard technologique par rapport aux armées modernes. Afin d’empêcher toute émergence d’une « menace » par une APL dont la modernisation est inéluctable et somme toute légitime, il est essentiel de développer avec la Chine un dialogue qui ne pourra que l’encourager à l’ouverture et à la coopération.
La politique de défense chinoise en 2007
Chinese defence policy in 2007
The modernisation of Chinese defence policy was launched as a result of the lessons learned from the first Gulf War in 1990-91. At the operational level it is largely influenced by the Taiwan factor, and at the strategic level by the ambitions of the People’s Republic of China to become a global and regional power. The budgetary resources allocated to defence by the Chinese government are certainly impressive, but should be seen in the context of the magnitude of the task of modernising a manpower-heavy defence establishment that is technologically a long way behind modern armed forces. It is essential to develop a dialogue with China which encourages transparency and cooperation, so as to head off the emergence of a ‘threat’ from a PLA whose modernisation is both legitimate and inevitable.
La taille du pays et l’importance des enjeux, la culture du secret et l’ouverture limitée du régime, rendent compliquée voire impossible toute analyse objective des politiques suivies par Pékin. Le domaine militaire est par excellence un sujet ardu tant les notions de puissance chinoise et de modernisation de l’APL génèrent intérêt et préoccupation dans une région marquée par la rémanence de la guerre froide et de contentieux historiques, et qui recèle des foyers de crises non réglées et les situations de confrontation potentielles les plus sérieuses entre les États-Unis et la RPC.
Consciente de l’épouvantail et de la menace hégémonique qu’elle représente, à tort ou à raison, la Chine, tout en poursuivant la dynamique de modernisation de son outil militaire, a depuis quelque temps adapté son discours pour mieux expliquer et justifier ce processus et surtout le mettre au service de politiques de stabilité et de paix mondiales. C’est tout le sens du nouveau style développé dans l’édition du cinquième Livre blanc de la défense chinoise en décembre 2006 (1). C’est ainsi que la modernisation de la défense chinoise est à replacer dans le contexte de la « société harmonieuse et du développement pacifique » de la Chine, les deux principes conducteurs du leadership de Hu Jintao.
Ce processus est aussi à analyser en fonction de l’environnement stratégique et sécuritaire de la Chine, qui, s’il est pacifié sur ses frontières terrestres, est préoccupant sur le front maritime. Par ailleurs, le comportement des États-Unis dans la région — déploiement, renforcement des alliances — combiné à une présence accrue de l’Otan en Asie, provoquent à Pékin une forte poussée de fièvre obsidionale. Ce sont ces facteurs qui, avec Taiwan et les nouveaux fronts de la diplomatie chinoise, définissent les priorités et les axes de modernisation de l’APL.
Il reste 92 % de l'article à lire
Plan de l'article