Parmi les livres - L'Europe face à son avenir
Les pays Européens auront besoin de mobiliser toutes leurs forces et de rassembler leurs énergies pour définir leur avenir. Gageons qu’ils les trouveront dans leurs convictions reposant sur le sentiment d’un passé commun, de l’appartenance, sans cesse plus affirmée à une société aux valeurs et intérêts partagés, mais surtout sur la conviction de l’importance de leur rôle et de leur place dans un monde aux horizons élargis et qui subit d’incessantes transformations.
Histoire et civilisation, institutions, identité et conscience européennes
« Ce qui se passe en Serbie démontre la nécessité des États-Unis d’Europe. Qu’aux gouvernements désunis succèdent les peuples unis… Est-ce donc si difficile la paix ? La république d’Europe, la fédération continentale, il n’y a pas d’autre réalité politique que celle-là… » C’est par cette citation que Gérard Soulier commence son fort bel et complet ouvrage sur l’Europe (1). Conçu comme manuel, par son style très clair, son ampleur, il dépasse de bien loin sa destination d’origine. Voilà l’une des synthèses les plus riches qui soient sur cette Europe dont l’auteur, professeur de droit public et de science politique, scrute la genèse, la culture, la civilisation, la géographie et les institutions… Sur tous ces points, de claires indications se dégagent. L’unité de l’Europe est une idée, non une réalité. C’est d’ailleurs une idée très récente. D’abord pensée par les intellectuels, elle est devenue peu à peu une réalité institutionnelle ; mais l’unité de l’Europe n’est pas une implication logique, nécessaire et inéluctable de l’histoire du continent et rien ne permet d’affirmer qu’elle s’est engagée de manière irréversible dans cette voie. Voilà pourquoi Gérard Soulier découpe son ouvrage en deux temps, celui des fondations et celui de l’organisation. Sur bien des interrogations d’aujourd’hui : quelles sont les limites de l’Europe ? doit-elle être conçue en termes de puissance ou en termes d’espace ? quelle articulation concevoir entre petite et grande Europe ? Il apporte des éléments de réflexion, des sources historiques, des descriptions bien utiles. On y trouve tout à la fois une source de références historiques et culturelles et une description très précise des institutions actuelles.
Un groupe d’historiens réunis par René Girault a cherché à dégager des éléments communs permettant de parler d’une conscience européenne (2). Hartmut Kaelbe de l’université Humbold de Berlin, avait déjà eu l’occasion de présenter ses recherches sur ce point (3). Il met l’accent sur six spécificités : un certain modèle familial, une répartition harmonieuse de la population active, un réseau très dense des milieux sociaux, un urbanisme particulier, l’universalité de l’État providence moderne, un mode de consommation. René Girault y ajoute trois éléments principaux : le sentiment d’appartenance à une société européenne, le lien entre Europe et croissance, la paix. L’ouvrage contient bien d’autres analyses, comme celle de Pierre Milza sur les migrants et l’Europe, les élites, les différents imaginaires européens (4).
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