Juin 2009 - n° HS70

Depuis sa création en mai 1939, la revue Défense nationale et sécurité collective a été le témoin des bouleversements extraordinaires du XXe et du XXIe siècle. Il est utile, comme le fait ce numéro spécial qui célèbre le soixante-dixième anniversaire de cette revue, de souligner combien une pensée stratégique doit savoir évoluer et rester tournée vers la prospective pour donner corps à un système de sécurité collective pertinent et efficace. Lire la suite

  p. 5-6

La Revue des questions de défense nationale est née en mai 1939 au moment où les orages d’acier s’apprêtaient à s’abattre sur l’Europe et le monde. Dans ces moments d’urgence où le drame se nouait, la naissance d’une revue, même traitant de questions de défense, pouvait paraître un événement dérisoire. Et pourtant, il est apparu indispensable à cet instant de refonder le concept de défense nationale, d’affirmer son caractère central d’universalité et la nécessité d’une réflexion stratégique vivante. Lire la suite

  p. 7-9
  p. 12-13
  p. 14-15
  p. 16-17
  p. 18-19
  p. 20-21

Les menaces qui pèsent sur la paix du monde font plus que jamais un devoir à tous ceux que préoccupent la sécurité du pays et son rang dans le monde d'appliquer leur réflexion aux problèmes vitaux dont la solution commande la Défense nationale. Lire la suite

  p. 25-28

La Revue des Questions de Défense nationale reparaît après une absence de cinq années. Elle renaît au souffle de la Victoire et dans la Liberté reconquise comme tout ce qui, en France, avait un caractère proprement national. Lire les premières lignes

  p. 29-30

La bombe atomique a éclaté, dans le ciel nippon, — et aussi dans l’histoire même de la guerre, — comme un engin entièrement nouveau. Quelques remarques préliminaires s’imposent cependant à son sujet. Lire les premières lignes

  p. 31-38
  p. 39-49
  p. 50-52

Dans un livre récent (Introduction à la stratégie), j’ai tenté une définition de la stratégie adaptée aux besoins de notre époque : « l’art de concourir par la force à atteindre les buts de la politique », la force n’étant pas seulement militaire, mais comportant également tous les moyens de coercition politiques, diplomatiques et économiques. Il s’agit donc d’un élargissement de la notion de stratégie à l’ensemble des facteurs participant à la décision, c’est-à-dire l’acceptation par l’adversaire des conditions politiques que l’on veut lui imposer. Au tandem classique formé par un accouplement mal défini des problèmes « civils » et des problèmes « militaires » devrait faire place une hiérarchisation très nette entre la politique, qui dirige, et la stratégie qui exécute, aussi bien dans les domaines « civils » que dans le domaine militaire. Je pense qu’il n’est pas inutile de préciser ici cette conception. Lire les premières lignes

  p. 53-60

Depuis longtemps nous avons, en France, pris l’habitude d’avoir un ennemi éventuel préférentiel et même parfois tellement préférentiel qu’il en devenait, en fait, unique. Lire les premières lignes

  p. 61-71
  p. 72-77

Les événements récents concernant les otages ont horrifié et l’horreur empêche de penser ; la pensée est un phénomène froid et qui implique un détachement. Je voudrais proposer quelques « pensées » sur ces tragédies en les rattachant à une explication plus haute : en rapprochant ce phénomène-otage du phénomène-atome, guerre atomique. Car ce sont deux cas particuliers (et jusqu’ici indépendants pour le bien de l’humanité) d’une technique aussi vieille que l’homme : la dissuasionLire les premières lignes

  p. 78-83

Le titre donné à cette conférence, « Rapport des forces dans le monde actuel », pourrait s’interpréter de deux manières : ou bien il s’agit essentiellement d’une analyse conceptuelle de la notion traditionnelle de rapport de forces telle qu’elle peut être transformée par un certain nombre des caractéristiques du monde dans lequel nous vivons, ou bien la relation des forces dans le monde actuel désigne une étude de fait des forces militaires, stratégiques ou classiques qui peuvent exister dans les différents pays. Bien entendu, il s’agira surtout dans cette conférence de la première interprétation car, s’il n’était question que de recenser le nombre et les types de vecteurs ou de têtes nucléaires disponibles dans les différents pays, la lecture du Military Balance, publié chaque année par l’Institut d’Études Stratégiques de Londres, y suffirait. Lire la suite

  p. 84-102

Le général de Gaulle n’a pas seulement fait passer la France du statut de puissance nucléaire « virtuelle » à celui de puissance nucléaire « opérationnelle ». Il est également le véritable père de la stratégie nucléaire française. Il a en effet réalisé une synthèse entre les différents courants et écoles de pensée qui se manifestaient à l’époque. Et sa vision, dans ce domaine, était beaucoup plus ouverte et pragmatique que celles qui étaient exprimées par les théoriciens français des années 60 tels que les généraux Ailleret, Beaufre, Gallois et Poirier. Lire les premières lignes

  p. 103-109

Les stratèges élaborent des principes, formulent des règles, à partir de leurs études et de leur expérience, en vue de les appliquer utilement à des situations nouvelles. Cet effort de généralisation distingue le stratège, tourné vers l’avenir, de l’historien qui décrit et fait comprendre le passé, ou du tacticien qui pense et agit dans le présent. Lire les premières lignes

  p. 110-120

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après Hiroshima et Nagasaki, le monde, disait-on, était condamné, par l’apparition du feu nucléaire à subir l’apocalypse ou à organiser la paix : mais l’apocalypse n’est pas venue, la paix non plus. Il n’y eut pas de guerre nucléaire, c’est-à-dire de conflit où les armes nucléaires, venant en renfort des armes classiques, auraient contribué à la défaite des uns et à la victoire des autres ; il n’y eut pas davantage de guerre mondiale où, à coups de bombes atomiques, nous aurions vécu un holocauste de dimension plus vaste encore que celui de 1939-1945 ; mais d’interminables conflits, allant des guérillas les plus frustes à des guerres de plus grande envergure, se sont succédé sur tous les continents. Cela suffit à nous inciter à la prudence et à la modestie dans la réflexion que l’on peut mener sur l’avenir des relations internationales et de leurs dimensions stratégiques. Lire les premières lignes

  p. 121-130

Devant le « silence » qui s’est emparé de la plupart des organismes qui traitent de défense dans les pays occidentaux, il semble qu’il faille chercher au-delà de simples décisions de restrictions financières favorisées par la faiblesse apparente de la CEI et la conjoncture économique internationale. En effet, derrière cette pause n’y aurait-il pas la perception, consciente et inconsciente, que les menaces ont en réalité changé de nature par rapport aux siècles passés où leur fond était toujours le même : une menace militaire bien connue, que l’on n’hésitait d’ailleurs pas à faire peser sur les autres le cas échéant ? Dans cette hypothèse, les questions deviennent alors très importantes : quelle politique de sécurité ? quelle place pour le nucléaire ? quelle corpulence pour les armées ? quel service militaire ou national ? quel rôle dans l’intervention et l’humanitaire ?… toutes questions qui pour le moment ne trouvent pas de réponses. Lire les premières lignes

  p. 131-141
  p. 142-150

Il y a un peu plus d’un an nous nous étions interrogé, ici même, sur l’avenir du traité de non-prolifération nucléaire dans la perspective de la conférence qui, vingt-cinq ans après son entrée en vigueur, devait examiner son fonctionnement et décider de la durée de sa prorogation. Cette conférence vient de se terminer ; aussi nous a-t-il paru qu’il pourrait être intéressant, après avoir tiré quelques enseignements de l’histoire passée de la non-prolifération, d’essayer de distinguer quelles sont les stratégies désormais concevables en la matière, et en particulier quel peut être l’avenir de la stratégie dite de contre-prolifération que les États-Unis ont envisagé d’adopter récemment. Lire les premières lignes

  p. 151-167
  p. 168-172
  p. 173-180
  p. 181-187

Revue Défense Nationale - Juin 2009 - n° HS70

Revue Défense Nationale - Juin 2009 - n° HS70

Depuis sa création en mai 1939, la revue Défense nationale et sécurité collective a été le témoin des bouleversements extraordinaires du XXe et du XXIe siècle. Il est utile, comme le fait ce numéro spécial qui célèbre le soixante-dixième anniversaire de cette revue, de souligner combien une pensée stratégique doit savoir évoluer et rester tournée vers la prospective pour donner corps à un système de sécurité collective pertinent et efficace.

Chef de l’État et chef des armées, je suis le garant de la défense des intérêts vitaux et de la sécurité de la France, et je porte la responsabilité des choix stratégiques faits pour notre Nation. J’ai la conviction que notre réflexion stratégique doit rester en mouvement et être en permanence tendue vers l’avenir. Quand le monde change, il faut savoir pousser la réflexion plus avant, définir de nouvelles pistes, repenser ses certitudes et construire une nouvelle sécurité collective.

C’est une démarche de cette nature que j’ai lancée au moment de ma prise de fonctions en mai 2007. Car la politique de défense et de sécurité de la France est à la croisée des chemins. À l’ère de la mondialisation, qui marque le XXIe siècle, la France doit être à sa place, sans hésitation, sans nostalgie et sans inquiétude. Lorsque vient le temps des incertitudes, quand apparaissent des menaces nouvelles, mouvantes, elle doit savoir définir de nouvelles stratégies pour garantir son autonomie de décision et sa capacité à protéger son territoire et ses populations. Demain, une surprise stratégique peut venir bouleverser littéralement les conditions de notre sécurité. La crise financière mondiale illustre bien à quel point le monde peut changer radicalement et rapidement.

Pour répondre à ces menaces nouvelles, il nous faut une défense forte, c’est-à-dire des forces armées et de sécurité modernes, adaptées aux menaces actuelles, et dotées d’une capacité d’appréciation indépendante. Pour les construire, j’ai souhaité il y a deux ans que s’engage un débat lucide, serein et transparent, associant nos responsables politiques et militaires, les parlementaires, les chercheurs. Cela a abouti à un nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, adopté en juin 2008, qui a défini une nouvelle stratégie de sécurité nationale, et mis l’accent sur notre autonomie de décision et d’action, et sur notre capacité à garantir la résilience de notre pays.

Pour être à la hauteur des défis de ce monde nouveau, il nous faut aussi une Europe forte. Les Européens doivent pouvoir agir, par eux-mêmes si c’est nécessaire, et avec leurs alliés s’ils le décident. C’est pourquoi j’ai fait de la construction de l’Europe de la défense et de la sécurité une priorité absolue. Un nouvel esprit a soufflé en Europe depuis que la France a annoncé son rapprochement avec l’Otan. Quand la France accepte de réexaminer ses certitudes et assume de prendre toutes ses responsabilités dans l’Otan, c’est l’Europe qui devient plus influente dans l’Otan, et la défense européenne qui se renforce.

La pensée stratégique française a ainsi été considérablement renouvelée depuis deux ans. Un nouveau socle doctrinal a été constitué, sur lequel le Livre blanc, et le projet de loi de programmation militaire qui sera bientôt examiné par le Parlement, construisent la défense et la sécurité de demain. Lucidité sur le monde, vérité sur le constat, ambition sur les moyens, courage sur les réformes, tels sont les axes majeurs sur lesquels ils ont été bâtis, pour fonder le renouveau de notre outil de défense à l’horizon de 2020 et au-delà.

Nicolas Sarkozy

Revue Défense Nationale - Juin 2009 - n° HS70

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