Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Sur la carte de l’Europe actuelle, la Hongrie n’apparaît que comme un petit pays d’un peu plus de 93 000 km² peuplé d’environ 9 800 000 habitants. Cette situation est le résultat du traité de Trianon, signé le 4 juin 1920, qui vit l’ancien royaume millénaire amputé de 70 % de son territoire. L’onde de choc provoquée par cet événement se ressent jusqu’à nos jours. L’insistance sur le passé traduit la difficulté à construire une nouvelle identité libérée des deux totalitarismes du XXe siècle que la Hongrie a connus et qu’elle peine à interroger. Telle est la trame centrale de l’ouvrage de Catherine Horel qui va au-delà des péripéties conjoncturelles ou des événements ponctuels. On le voit bien. L’intégration dans l’Union européenne n’a pas suffi à gommer ces souvenirs qui resurgissent régulièrement et expliquent en partie l’attitude du Premier ministre Viktor Orbán, qui ne cesse de défier ses partenaires européens en s’obstinant à mener une politique contraire aux valeurs qu’ils prétendent lui imposer.
Ils furent près de 15 000, les combattants de l’Union française dans la bataille de Diên Biên Phu, coupés de tout sauf du ciel, grâce à la modeste aviation française d’Indochine renforcée par quelques poignées de pilotes civils américains, pour faire face à un adversaire au moins cinq fois supérieur en nombre, galvanisé par la force du patriotisme et de l’idéologie combinés, aguerri par des années de lutte clandestine et puissamment renforcé par l’aide des « pays frères », chinois et russe. Le 7 mai 1954, jour où les soldats de l’Armée populaire du Vietnam (APV) submergèrent le centre de résistance du camp retranché de Diên Biên Phu, ils étaient à peine 10 000. Au terme de longues semaines de captivité, il ne devait finalement en revenir qu’un peu moins de 3 300.
Dans son précédent livre, Gabriel Martinez-Gros, spécialiste de l’Islam médiéval, décryptait l’histoire des cinq premiers siècles de l’Empire islamique, de 632 jusqu’à l’émergence des sultanats turcs au XIe siècle en passant par les conquêtes, la mise en place du califat, l’éclosion et la chute des dynasties omeyyades, abbassides et fatimides (L’Empire islamique, VIIe-XIe siècle, Passés Composés, 2019, 336 p.). L’heure est venue pour lui de poursuivre son analyse un peu plus loin dans le temps et d’évoquer la période des croisades.
L’artillerie de l’entrée en guerre, celle de l’été 1914, est d’abord une artillerie de campagne qui met en œuvre des matériels conçus à la fin du siècle précédent ou au tout début du suivant. Chaque belligérant en possède plusieurs milliers de pièces et sur le plan technique ce matériel évoluera peu. Une artillerie lourde de campagne existe aussi, en dotation (c’est le cas de l’Allemagne), ou, le plus souvent, seulement en cours d’étude chez les autres belligérants où elle est beaucoup moins développée. Elle montera en puissance par la suite. Il convient de préciser que les nouveaux matériels utilisés en 1914 sont souvent dits « à tir rapide » en raison des améliorations apportées aux affûts pour amortir le recul et limiter le dépointage de la pièce. Le canon français de 75 mm modèle 1897 permettra ainsi une cadence de tir de 15 à 18 coups par minute. Son homologue allemand de 77 mm n’atteindra que 10 coups par minute. Les performances de la pièce française sont telles « en cadence de tir, en portée et en précision, qu’elle paraît être l’alpha et l’oméga de l’artillerie française. Cela jouera auprès du haut commandement français sur la politique à adopter en matière d’armement, et pas forcément dans le bons sens », juge le colonel (er) Henri Ortholan, auteur de cette histoire de l’artillerie pendant la Grande Guerre.
Sonia Darthou, universitaire, spécialiste du monde grec antique, nous offre ici un voyage à travers le monde des mythes qui ont façonné la plus emblématique des cités grecques, la cité qui a vu précisément l’émergence de la démocratie antique, Athènes. L’approche de l’histoire d’un pays à partir des mythes nationaux est nouvelle, mais peut s’avérer extrêmement fructueuse, car en tant que « créations fictionnelles, paradigmes politiques, puissants outils de légitimation, d’intégration ou d’exclusion, manifestations orales ou imagées, socle culturel, métaphores de la condition humaine en tension permanente avec l’histoire, les mythes stimulent l’imaginaire tout en modélisant les frontières de l’identité », nous explique Sonia Darthou.
Paris est « le cœur – au moins politique et symbolique – du système de défense de la nation », nous explique Marc Ambroise-Rendu qui évoque dans son ouvrage la vie dans la capitale en guerre, de l’attentat de Sarajevo à la signature du traité de Versailles. Le début est connu. Jean Jaurès est assassiné le 31 juillet 1914 au soir par Raoul Villain, un étudiant nationaliste de vingt-neuf ans qui sera acquitté en 1919. Le lendemain la mobilisation générale est ordonnée pour le 2 août. L’exode des Parisiens commence vers la province. Les collections du Louvre sont évacuées à Toulouse. Le gouvernement part à Bordeaux.
Après La Mémoire du vin (Mareuil Éditions, 2019) c’est à nouveau un beau livre de 200 pages imagé d’une centaine d’illustrations que nous offre le général Marc Paitier. Il nous invite à la découverte de ceux qu’il nomme « les vignerons du Ciel », ces moines de divers ordres qui durant de nombreux siècles ont admirablement façonné l’esthétique de nos paysages par la culture de la vigne. L’auteur nous rappelle que les régions viticoles européennes ont toutes un passé monastique qui les a profondément marquées et dont elles portent encore l’empreinte indélébile. « En regardant le Ciel, les moines ont dessiné les jardins de la terre. »
Il se forme très tôt en Italie, dès le XIIIe siècle, une sorte d’opinion commune admirative à propos du régime politique vénitien, avec des institutions qui résisteraient aux crises et des élites politiques qui parviendraient à durer. Modèle évident de bon gouvernement, les contemporains relevaient notamment le fait qu’elle fut l’une des seules villes libres italiennes à avoir résisté au choc des guerres d’Italie. Émergeant au Xe siècle, la république de Venise ne disparaît en effet qu’en 1797 à la suite de l’entrée des troupes françaises de Bonaparte. Cette stabilité n’en fait pas nécessairement un système politique moins « démocratique » que celui qui régit la plupart des communes italiennes. En effet, nous explique Élisabeth Crouzet-Pavan, auteur de ce magnifique volume illustré sur l’histoire de cette vieille république adriatique, « il n’est pas certain que le regimen, c’est-à-dire le groupe de ceux qui pouvaient participer à la vie politique, ait été plus large dans la Florence « populaire » que dans la Venise « aristocratique ».
Outre les Turcs et les Mongols, les Iraniens (Scythes, Sarmates et Alains) sont le troisième peuple à lancer des armées de cavaliers-archers contre les populations sédentaires d’Europe ou d’Asie. À terme, toutefois, les cavaliers iraniens se sont vus rapidement absorbés par les sociétés sédentarisées. Les grands empires nomades sont donc soit turcs, soit mongols. C’est leur histoire que nous raconte ici Arnaud Blin. L’histoire des conquérants de la steppe se conjugue essentiellement à travers celle de quelques chefs emblématiques : Attila, Alp Arslan, Gengis Khan, Kubilaï Khan, Tamerlan, Toktamitch, Babur… En effet, en l’absence d’un État constitué et d’institutions pérennes, les empires des steppes ne pouvaient s’articuler qu’autour d’individus d’exception capables de fédérer ces peuples belliqueux, et constamment en guerre les uns avec les autres, autour d’un projet militaire ou politique commun. Le découpage du livre tient compte à la fois de ces grandes figures, et des peuples ou coalitions de peuples qu’ils dirigèrent.
De l’amitié en politique, c’est ce sujet à la fois simple (l’amitié) et si complexe (la politique) que Marie-Laure Delorme explore dans cet ouvrage. Ces ministres, Premiers ministres et présidents de la République racontent leurs amitiés, avec leurs anecdotes légères comme douloureuses.
La guerre d’Indochine est une guerre longue (plus de neuf années) qui se déroule à 12 000 kilomètres de la métropole dans des conditions climatiques, topographiques et humaines souvent difficiles. Elle repose sur le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) aux moyens chichement limités par tous les gouvernements qui se succèdent au pouvoir depuis 1945. Il existait déjà deux dictionnaires s’intéressant à la guerre d’Indochine, mais leurs ambitions étaient beaucoup plus modestes que celui-ci. Ce gros ouvrage (plus de 1 000 pages) est l’œuvre d’une cinquantaine de chercheurs, civils et militaires, qui ont en commun d’être, chacun dans son domaine de compétence, des spécialistes de ce conflit quelque peu oublié aujourd’hui. Leur ambition ici est de faire véritablement œuvre scientifique en rassemblant en un seul volume toutes les connaissances les plus récentes sur un thème dont l’historiographie a largement évolué depuis une vingtaine d’années.
Plus jeune ministre de Habib Bourguiba, qu’il avait rejoint dès la fin des années 1940 dans son combat pour l’indépendance de la Tunisie, fondateur de l’influente revue Jeune Afrique, longtemps porte-parole avisée du tiers-mondisme et de l’africanisme, Béchir Ben Yahmed, en plus de soixante ans d’activités, a rencontré, croisé ou entretenu des relations avec bien des grands de ce monde. Avant de disparaître, en mai 2021, à l’âge de quatre-vingt-treize ans, il a rédigé ses Mémoires, série de clichés brefs et combien instructifs sur la pensée, la personnalité ou le travers des multiples responsables qu’il a rencontrés. Riche galerie de portraits que la sienne qui, du « combattant suprême » Habib Bourguiba à l’actuel président tunisien Kaïs Saïed, embrasse la quasi-totalité des dirigeants du Maghreb, Mohammed V, Hassan II, Ben Bella, Boumédiène, Bouteflika…
Historien du renseignement, l’auteur nous propose un ouvrage volumineux qui retrace les grandes affaires des services secrets, de l’opération Trust de la fin des années 1920, menée par la police secrète soviétique sous fausse bannière, à Ivy Bells, opération d’écoute dans les eaux territoriales soviétiques, à partir des années 1970, par la CIA, la NSA et l’US Navy. Quatre parties sont ainsi développées : « L’essor des services secrets soviétiques », « Les alliés gagnent la guerre secrète contre Hitler », « Tous les chemins de la guerre froide mènent à Berlin » et « Les derniers feux de la guerre froide ».
Dans une Europe de 167 millions d’habitants, l’Empire napoléonien à son apogée englobe 44 millions de sujets et les États vassaux de la France 38 millions. Jusqu’en 1814, la moitié de l’Europe se trouve donc soumise à l’Empereur (essentiellement l’Allemagne, l’Italie, la Suisse, les Pays-Bas et la Pologne). « Durant deux décennies, la France a ainsi dominé l’Europe. Une suprématie qui s’explique par le poids de la démographie de notre pays, l’universalité de sa langue, le caractère national de ses armées, ses innovations techniques… On parle de la “Grande nation”, puis du “Grand Empire”. Rome, Bruxelles, Hambourg, Cologne, Amsterdam sont françaises en 1811 », nous rappelle Jean Tulard, le maître d’œuvre de ce gros ouvrage collectif, dont les neuf auteurs (qui incluent notamment les historiens Jacques Godechot et Jean Béranger) évoquent et analysent tous les aspects de la domination française en Europe, mais aussi la vie politique et l’économie des différentes nations européennes (au sens large, car incluant la Russie).
Mai 1940. Les alliés sont pris en étau au nord de la ligne Boulogne-Sedan et contraints de se replier vers Dunkerque où 400 000 soldats s’entassent dans une sorte de nasse mal défendue, dans l’espoir de s’échapper par la mer. Convaincu que la bataille continentale est perdue et de crainte de voir la totalité de son armée professionnelle prise au piège, le gouvernement britannique ordonne en urgence l’opération Dynamo. Le rembarquement des troupes commence le 26 mai, dans le port comme sur les plages, sur une multitude de navires et embarcations de toutes sortes, qui traverseront tant bien que mal la Manche avec beaucoup de pertes. Du 26 mai au 4 juin, 350 000 combattants alliés sont ainsi évacués sous le feu ennemi. Pour les Anglais, c’est un succès incroyable et inespéré ; côté allemand, une occasion manquée de mettre à genoux la Grande-Bretagne dès 1940.
Lorsque Gérard Araud a été nommé, en 2009, Représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York, une de ses premières démarches fut de solliciter un rendez-vous auprès de Henry Kissinger. Il l’invita à un petit-déjeuner chez lui pour une entrevue qui devait ensuite se renouveler régulièrement dans son appartement, au restaurant ou dans son club. L’ancien secrétaire d’État lui dit l’estime qu’il portait à la diplomatie française. Il fit état de ses contacts avec la France, de Gaulle, avec lequel il s’était entretenu longuement en janvier 1969 lors du premier voyage de Richard Nixon à l’étranger, qu’il effectua en France, Giscard, Jobert, Mitterrand et son ami personnel, l’ambassadeur François de Rosen, spécialiste des questions nucléaires. Son ouvrage n’est pas une nouvelle biographie de Kissinger, mais une tentative de poursuivre ce dialogue au bénéfice des Français qui, pour la plupart, estime-t-il, ignorent tout ou presque du personnage. C’est en fait affaire de génération, Henry Kissinger est fort bien connu, comme l’auteur de ces lignes qui ont eu affaire avec les affaires diplomatiques lors de l’année de l’Europe, lancée en avril 1973.
Fin décembre 1917, les dirigeants bolcheviques abolirent les grades militaires, les dignités, les épaulettes et les décorations de l’ancien régime. Jusqu’en 1935, l’Armée rouge ne comptait plus ainsi dans son encadrement que des « commandants » de différents niveaux : kombrig (commandant de brigade), komdiv (commandant de division), etc. Dans ce système la fonction primait le rang. Un décret du 22 septembre 1935 réinstaura les grades militaires, mais seulement à partir des lieutenants jusqu’aux colonels. Les généraux attendront 1940… Ce qui n’empêchera pas Staline de nommer la même année ses cinq premiers maréchaux : Vorochilov, Boudienny, Egorov, Bliukher et Toukhatchevski. Il faut noter que, comme dans l’armée allemande, et à la différence de la nôtre, en Russie le maréchalat représente un grade autant qu’une dignité.
« En étudiant des cas particuliers, on peut atteindre l’universel. » Jean Verdon applique cette maxime scolastique à son domaine d’étude, le Moyen Âge, et remet en question, chemin faisant, une cinquantaine de lieux communs relatifs à cette période. Nous n’en évoquerons ici, bien évidemment, que quelques-uns. La vie quotidienne tout d’abord. La nourriture est, comme on s’en doute, répartie de façon inégalitaire dans la société de l’époque. Si les milieux aisés et les ecclésiastiques bénéficiaient de plus de 5 000 calories par jour, le petit peuple se contente quant à lui de pain et de légumes. Par contre, le vin et la vigne sont omniprésents. La consommation moyenne quotidienne de vin s’élève à deux litres. Elle concerne d’ailleurs les hommes comme les femmes ! La ration quotidienne de vin allouée aux religieuses du monastère de La Celle s’élève ainsi à 1,40 litre. Au niveau micro-économique, pour la population, le vin représente finalement le poste de dépenses le plus important.
5 juin 1961, 14 heures : dans la grande salle d’audience du palais de justice de Paris, un officier en grande tenue, décorations pendantes, béret vert sur la tête, est introduit devant le Haut Tribunal militaire. Le commandant Hélie de Saint Marc fait son entrée dans l’Histoire. Quatre heures plus tard, l’audience est suspendue : le tribunal se retire pour délibérer. L’audience reprend à 20h15 : le président Patin donne lecture de la sentence :
« Les guerres froides ne peuvent être conduites par des têtes chaudes. Et les conflits idéologiques ne peuvent être emportés comme des croisades, ou se terminer par une reddition sans conditions. » (Walter Lippman : The Russian-American War, 1949). Pourquoi ne sommes-nous toujours pas sortis de la guerre froide ? Et la mer que nous avions cru devenir calme s’est à nouveau déchaînée ! Un tiers de siècle après l’effondrement de l’URSS, qui en avait proclamé la fin officielle, tout en inaugurant l’entrée dans le monde global, cette question n’a cessé de nous hanter. On la croyait disparue à jamais et la voilà qui ressurgie après les événements ukrainiens de 2014 et, plus encore, du fait de la montée de l’antagonisme sino-américain qui s’est accéléré à la faveur de la pandémie planétaire de la Covid-19, en réalité le SARS-CoV-2 pour en signaler les origines asiatiques.
Un pays, petit et peu peuplé par rapport à des voisins qui souhaitent sa destruction, en vient très vite à utiliser tous les moyens à sa disposition pour affaiblir ses adversaires. Dans le cas d’Israël, c’est dès avant la création de l’État qu’il y a recours à des assassinats ciblés en Palestine mandataire, que ce soit contre des dirigeants arabes ou des fonctionnaires britanniques. Avec la création de l’État en 1948, la décision de telles actions revient exclusivement au Premier ministre (le monopole étatique prenant la suite de l’anarchie des différents groupes indépendantistes du Yichouv). Mais ses exécutants restent multiples : Armée de défense d’Israël (dans ses trois composantes terre, air et mer), renseignement intérieur et renseignement extérieur, avec des collaborations temporaires si l’opération nécessite de gros effectifs.
Rares sont dans l’Histoire les hommes dont l’existence s’identifie à celle de leur peuple, ceux qui, sans même en avoir conscience, conjuguent leur vie personnelle avec le destin d’une nation, quitte à en épouser les travers et les contradictions. Sans conteste, Moshe Dayan, fait partie de ces êtres hors normes, dont la carrière et l’identité renvoient aux symboles collectifs d’un pays. Son histoire d’homme se confond avec celle d’Israël, du moins avec les trois premières décennies, héroïques, et flamboyantes de cet État. De fait de la guerre de 1948 qui a éclaté aussitôt la proclamation du nouvel État (le 15 mai) jusqu’aux accords de Camp David de septembre 1978 qui ont ouvert la voie du traité de paix israélo-égyptien de mars 1979, Moshe Dayan qui était taillé dans un matériau biblique, selon le mot de David Ben Gourion, dont il était le favori et le successeur présumé, a été presque constamment sur le devant de la scène militaire et accessoirement politique de l’État hébreu.
Le général Henri Bentégeat a rejoint l’État-major particulier (EMP) du président Mitterrand le 4 mai 1993 en tant qu’adjoint Terre. Après un bref interlude aux Antilles, il est devenu ensuite le chef de celui de son successeur Jacques Chirac de 1999 jusqu’en 2002, avant de terminer sa carrière militaire comme chef d’état-major des armées (Cema). Son témoignage nous fait partager ces sept années passées, dans l’ancien bureau de Murat, aux côtés de deux chefs d’État qui ont certainement marqué leur époque. Époque éprouvante s’il en est, car ce fut celle des guerres dans l’ex-Yougoslavie, du Rwanda, de l’intervention en Côte d’Ivoire, de la crise irakienne au moment de la seconde guerre du Golfe, mais ce fut aussi l’époque des grandes décisions : la fin des essais nucléaires, de l’abandon du plateau d’Albion et de la fin du service militaire. On trouvera dans ces mémoires peu de révélations, devoir de réserve oblige, mais un certain nombre de réflexions et de témoignages précieux sur l’exercice du pouvoir sous la Ve République.
Amélie Zima est chercheuse à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem), elle est docteure en science politique de l’université de Nanterre, spécialiste des politiques d’élargissement de l’Otan après la guerre froide. Elle était précédemment chercheure au Centre de civilisation et d’études francophones de l’Université de Varsovie. Elle a remporté le prix de la meilleure thèse de l’IHEDN en 2017. Son ouvrage retrace l’histoire de l’Organisation de l’Atlantique Nord depuis ses prémices, avec la résolution Vandenberg en 1948 qui va autoriser le gouvernement américain à signer le traité de l’Atlantique Nord en 1949, jusqu’à nos jours. Aujourd’hui, l’Otan traverse une crise de défiance, à la fois face à la montée en puissance russe et face au relatif retrait de l’Administration Trump de l’Organisation. Elle y aborde tant les évolutions historiques que fonctionnelles en s’intéressant en particulier aux positions des différents États d’Europe centrale et orientale.
La période embrassée dans ce nouveau volume de la magnifique collection « Mondes Anciens » chez Belin est vaste : près de sept siècles séparent la fondation de Rome (en 753 av. J.-C. selon la tradition) du consulat de Pompée en l’an 70 de notre ère. Une grande partie de cette période, de 509 à 27 av. J.-C., relève de la République romaine. Si les auteurs n’ont pas choisi comme butée cette date de 27 av. J.-C. c’est afin de mettre l’accent sur l’expansion romaine, thème dominant de l’ouvrage. L’année 70 voit en effet l’enregistrement au nombre des citoyens romains de tous les Italiens et marque donc la fin de la conquête, en Italie tout au moins, et pratiquement sur tout le pourtour méditerranéen.
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