Septembre 1945 - n° 016

Dans l’histoire des guerres aucun homme n’a, jusqu’à ce jour, détenu une aussi grande puissance de destruction que le Chef du Bomber Command (1) de la Royal Air Force. Une signature au bas d’un ordre général d’opération et 2.000 avions détruisent en quelques heures cinq villes et trois centres industriels. Lire les premières lignes

  p. 295-316

C’est le 11 mars 1941, donc près de neuf mois avant d’entrer eux-mêmes en guerre, que les États-Unis ont décidé de prêter aux pays adversaires de l’Axe les « moyens de défense » que ceux-ci ne pouvaient plus acheter en Amérique, faute d’or et de dollars. Pour définir la loi, le Président Roosevelt la compare à un tuyau d’arrosage qu’on prête à un voisin qui a le feu chez lui : après l’incendie, le voisin rendra le tuyau. Lire les premières lignes

  p. 317-332

La guerre contre le Japon, trois mois après la fin de la guerre contre l’Allemagne, s’est terminée, comme elle, par la capitulation de l’ennemi. La victoire des Nations Unies sur l’Empire du Soleil Levant est aussi complète que sur le troisième Reich. En Extrême Orient comme en Europe, c’est tout un système militaire, économique et politique qui s’effondre sous les coups de la même coalition. Pourtant, si l’identité des défaites place le peuple allemand et le peuple japonais, tous deux désarmés, ruinés et désemparés devant des difficultés sensiblement identiques, on n’en est pas moins frappé des différences qui caractérisent leur position respective en face de ces problèmes. Lire les premières lignes

  p. 333-349

La « Question indigène », comme on disait dans les polémiques du siècle passé, est aussi vieille que la conquête de l’Algérie. Elle a plusieurs fois changé de face avec le temps, et elle est passée par des phases successives, qui ont chacune leur physionomie propre. Nous traversons en ce moment une de ces crises. Il ne faut pas nous contenter d’y voir seulement une de ces innombrables répercussions de la guerre mondiale, qui n’épargnent pas les parties de la planète où la bataille n’a pas fait rage. La crise actuelle était en gestation avant l’ouverture des hostilités. Je voudrais, à l’aide des méthodes qui sont celles des géographes dans leurs enquêtes, tenter d’en éclairer un des aspects fondamentaux. Lire les premières lignes

  p. 350-361

Dans l’après-midi du vendredi 9 mars 1945, les forces japonaises stationnées en Indochine ont attaqué par surprise les forces françaises qui s’y trouvaient immobilisées depuis 1940. Les opérations japonaises consistèrent en l’arrestation des autorités militaires et civiles, l’occupation des édifices publics, centraux télégraphiques et téléphoniques, stations radiophoniques, etc…, et le désarmement de nos troupes, surprises dans leurs quartiers. Lire les premières lignes

  p. 362-377
  p. 378-392

Chroniques

  p. 393-398

Les forces aériennes japonaises ont subi des pertes considérables au cours des 44 mois de la guerre du Pacifique : On estime à 51 000 le nombre des appareils détruits pendant les opérations, à savoir 26 000 pour l’aviation navale et 25 000 pour l’aviation militaire. Lire la suite

  p. 399-401

La libération de la Corse, malgré sa valeur symbolique et les conditions brillantes de son exécution, n’avait été qu’une opération secondaire. Plus tard, la contribution de la Marine française à la campagne d’Italie avait eu un caractère occasionnel et passager ; quelques navires seulement y avaient été engagés en général, lorsque les fluctuations de la bataille terrestre qui se déroulait à Salerne ou Anzio exigeaient un prompt soutien d’artillerie. Lire les premières lignes

  p. 402-406

Le Japon a capitulé bien avant d’avoir évacué tous les territoires qu’il occupait en Chine et dans les mers du Sud. Tous ces pays sont donc virtuellement libres. Dès l’annonce de la nouvelle, le général de Gaulle adressait à l’Indochine un message de joie, de sollicitude et de reconnaissance, assurant que la France est prête à « réaliser les engagements qu’elle a pris pour le plus grand bien de tous ». Peu après, on apprenait la nomination de l’amiral Thierry d’Argenlieu au Gouvernement général de l’Indochine, cependant qu’une information de Tchoung-King [NDLR 2024 : capitale provisoire de la Chine de Tchang-Kaï-Chek] annonçait l’intention du général Alessandri de rejoindre Hanoï sans tarder. Le jour où cette chronique paraîtra, l’on saura probablement ce qu’est au juste la situation intérieure dans l’Union indochinoise, dans quelles conditions les Français auront participé au désarmement des forces nippones et comment ils auront repris en main l’administration du pays. Il ne faut pas se dissimuler, cependant, que l’avenir de notre œuvre en ce pays dépend, dans une large mesure, de l’attitude que prendront les États-Unis, la Chine et la Russie envers les puissances coloniales d’Extrême Orient. Lire les premières lignes

  p. 407-412
  p. 413-418

L’accession au pouvoir du Labour Party va conduire l’Angleterre à une expérience socialiste. À la fin d’un conflit d’où tous les pays sortent profondément bouleversés, chacun sent, en effet, la nécessité d’un contrôle, voire d’une direction par l’État des forces économiques pour la reconstruction et le retour au bien-être. Si la situation de chaque pays est évidemment particulière, certains principes d’action peuvent être considérés comme valables en tout lieu et nous avons certainement intérêt à étudier le programme du Parti travailliste. Les problèmes qui se posent en Angleterre sont en effet voisins de ceux qui se posent en France, il faut reconstruire et développer la production. Lire les premières lignes

  p. 419-422
  p. 0-0

Bibliographie

Charles de Gaulle : Trois études  ; Éditions Berger-Levrault, 1945 ; 176 pages - Edmond Delage

C’est une heureuse idée qu’a eu la Société d’Éditions Berger-Levrault, que de réunir en un seul volume trois études de Charles de Gaulle. Elles sont présentées dans un ordre chronologique. « Le rôle historique des places fortes françaises » avait paru dans la Revue Militaire française du 1er décembre 1925. C’est une étude qui constituait, en même temps qu’une évocation très vivante, une analyse précise, destinée à présenter nettement les problèmes à résoudre par la France, quand elle voudrait réaliser, enfin, le barrage des voies classiques d’invasion, l’établissement d’une deuxième ligne de défense entre la capitale, et les frontières, et mettre cette dernière à l’abri d’un coup de main. Lire la suite

  p. 431-432

Maurice Reclus : La Troisième République de 1870 à 1918  ; Éditions Arthème Fayard, 1945 ; 312 pages - Edmond Delage

M. Maurice Reclus, membre de l’Institut, y est entré, semble-t-il, à la faveur d’une série d’ouvrages historiques remarquables, consacrés, tous, à l’histoire de la Troisième République. Nous lui devons de très beaux livres, malheureusement pour la plupart épuisés, sur Jules Favre, Ernest Picard, Raymond Poincaré, Charles Benoist. Lire la suite

  p. 432-433

André Duboscq : L’Élite chinoise. Ses origines, sa transformation après l’Empire  ; Nouvelles Éditions latines, 1945 ; 139 pages - Edmond Delage

Après ses livres sur l’évolution, l’attitude de la Chine en face des Puissances, sa place dans la question internationale du Pacifique, M. André Duboscq vient d’en écrire un sur les hommes qui ont fait cette évolution, qui ont donné à la Chine la place qu’elle occupe aujourd’hui et qui ont pour tâche de l’y maintenir, autrement dit sur l’élite de ce pays. Un problème des élites s’est posé à la Chine quand le régime républicain y remplaça le régime impérial. Pour montrer la transformation qui se produisit alors dans les élites, l’auteur dut commencer par dire ce qu’avait été l’ancienne élite. Il en indiqua les origines, qui remontent à celles de la civilisation chinoise ; il fallait, ensuite, dire le rôle qu’elle s’était fixé et, pour cela, rappeler celui du souverain, car l’idéal de l’ancienne élite était de les entremêler et de les confondre. Après quoi les caractères de la transformation ressortaient pour ainsi dire d’eux-mêmes. Il suffisait, une fois précisé l’esprit qui avait présidé à son éclosion, d’observer et de noter les attitudes et les manifestations de l’élite nouvelle, ce que fit l’auteur. Avant de préciser l’éclat actuel de l’élite, M. Duboscq, là encore, a commencé par expliquer comment la révolution de 1911, dont Sun Yat Sen avait été l’animateur, était le véritable point de départ des réformes qui, depuis lors, ont été développées dans le sens des institutions, des méthodes et des théories européennes. Lire la suite

  p. 433-434

Jean Mauclère : Marins de France au combat  ; Éditions Berger-Levrault, 1945 ; 242 pages - Edmond Delage

M. Jean Mauclère, à qui nous devons une collection déjà importante d’ouvrages maritimes, soit sous la forme romancée, soit historique, et d’intéressantes études sur le problème lituanien, nous donne en un joli petit livre une sorte de raccourci de l’héroïsme naval français au cours de la dernière guerre. Il ne s’agit pas d’une histoire méthodique de la guerre maritime, mais d’une suite d’épisodes colorés, vivants, de tableaux animés où l’on voit vivre et lutter hommes et navires, sur toutes les mers du globe, pour la plus grande gloire du pavillon français. Notons comme évocations particulièrement heureuses, le chapitre consacré aux « pilotes du Havre (6 septembre 1939-1er décembre 1944) », et celui relatif au « Paquebot dans la bataille : Le Félix-Roussel (20 mars 1940-juillet 1943) ».

  p. 434-434

Albert Viton : American Empire in Asia?  ; The John Day Company, 1943 ; 308 pages - Edmond Delage

Le livre que vient de publier sous le titre : Un Empire américain en Asie ? M. Albert Viton, paraît important pour les tendances originales qu’il manifeste. D’après l’auteur, les États-Unis doivent, avant tout, chercher à gagner la guerre ; mais ceci n’est pas suffisant. Les victoires militaires seront vaines si la paix, elle aussi, n’est pas gagnée. Lire la suite

  p. 434-436

Revue Défense Nationale - Septembre 1945 - n° 016

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Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

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