Février 2022 - n° 847

Souveraineté et nouveaux acteurs internationaux

« La démocratie se confond exactement, pour moi, avec la souveraineté nationale. »

Charles de Gaulle
136 pages

Janvier 2020, des rumeurs commencent à circuler sur un coronavirus agressif dans une province de la Chine. Très vite, la rumeur se transforme en une pandémie brutale mettant à l’arrêt la quasi-totalité de la planète. Très vite, rien que dans notre pays, nous découvrons avec stupéfaction que nous manquons de masques dont la quasi-totalité de la production est assurée en Chine, que le paracétamol est fabriqué en Inde et que nous sommes devenus dépendants dans le cadre d’une mondialisation économique poussée à l’extrême. Très vite, les notions d’indépendance et de souveraineté sont redevenues d’actualité. N’avions-nous pas bradé celles-ci au profit d’un modèle économique d’interdépendance devenue excessive ? Et au-delà des aspects commerciaux ou financiers, un véritable débat s’est engagé. Lire la suite

  p. 1-1

Dans un contexte politique tendu, l’opération Barkhane joue un rôle essentiel et trop méconnu pour la stabilisation du Mali. La Minusma coopère de façon étroite et les résultats sont réels pour stabiliser le pays, au prix d’efforts importants de la communauté internationale inscrits dans la durée. Lire les premières lignes

  p. 5-13

Souveraineté et nouveaux acteurs internationaux

Défendre notre souveraineté est un impératif stratégique vital pour anticiper les conflits de demain. Cela exige une volonté politique et intellectuelle pour être capable de dépasser les cadres classiques d’engagement. La France s’est impliquée dans cette perspective avec l’Agence de l’innovation de défense. Lire les premières lignes

  p. 17-22

La souveraineté concerne aussi la dette publique. Même si l’euro constitue un atout pour la France, l’accroissement des dettes publiques dans les pays du sud de l’Europe pourrait les fragiliser et remettre en cause leur souveraineté. Redresser les comptes sera un impératif pour les années à venir. Lire les premières lignes

  p. 23-29

La notion de souveraineté est ancienne et s’est construite sur une approche quasi-religieuse et philosophique avant de devenir politique. De fait, elle évolue à travers les siècles, construisant une complexité juridique dans un environnement réduisant la liberté d’action des États et créant des interdépendances plus ou moins subies. Lire les premières lignes

  p. 30-38

L’indépendance et la souveraineté sont des concepts et des réalités différentes même si la relation est étroite entre les deux. Cela oblige à avoir à la fois une vision claire de notre indépendance et la volonté politique de consolider une souveraineté parfois malmenée récemment, notamment dans certains programmes européens. Lire les premières lignes

  p. 39-45

L’accentuation des dépendances économiques a démontré, avec la crise sanitaire, l’extrême fragilité de pays trop confiants dans la dérégulation des marchés. La souveraineté des États occidentaux est ainsi mise à mal. Cela exige de revoir cette dépendance dans de nombreux domaines. Lire les premières lignes

  p. 46-51

La France a su conserver – malgré les difficultés – une Base industrielle et technologique de défense (BITD) performante grâce à la volonté politique. Mais cette souveraineté est exigeante et fragile, notamment dans le numérique où l’Europe a pris beaucoup trop de retard. Un champ à reconquérir comme avec le quantique. Lire les premières lignes

  p. 52-58

Le Rafale est né sur le papier en 1976. En 1986, le démonstrateur Rafale A concrétisait une aventure industrielle puis opérationnelle exceptionnelle. Aujourd’hui, l’avion, appuyé par l’A330 MRTT, est un outil majeur contribuant à la souveraineté de la France et participant directement à l’économie du pays. Lire les premières lignes

  p. 59-65

Opinions

La France en 2050 sera encore une puissance qui compte, même si les modalités de son action auront évolué dans un contexte international complexe. Un des défis à relever sera celui de la démographie, atout pour certains pays et fragilité pour d’autres. La France devra ainsi préserver ses intérêts au-delà de l’hexagone. Lire les premières lignes

  p. 69-76

La défense européenne est un long serpent de mer difficile à concrétiser sur le terrain. Pour progresser, il faut une ambition politique partagée par les États-membres et une prise de conscience des enjeux géopolitiques auxquels est confrontée l’Europe pour qu’elle puisse conserver la maîtrise de son destin. Lire les premières lignes

  p. 77-80

Repères

Les Anglais, puis les Américains, ont très vite compris que la guerre ne se limitait pas à un affrontement militaire. L’environnement du conflit peut être un terrain d’action avec des agissements auprès des opinions pour renforcer un modèle et un projet, ce qui est différent de la propagande conduite par les États totalitaires. Lire les premières lignes

  p. 81-86

Opinions

L’énergie est un des moteurs indispensables pour l’économie mondiale. De fait, l’accès et le contrôle sont devenus des enjeux géopolitiques majeurs au point d’être parfois des facteurs de conflictualité. Il y a donc une dimension stratégique essentielle qui ne cesse de croître, car l’énergie est un outil de puissance. Lire les premières lignes

  p. 87-92

La donnée devient un enjeu majeur dans le nouvel écosystème numérique. Celui-ci reste fragile, mais également convoité. Pour les armées, l’utilisation de la donnée est désormais essentielle au cœur de la conception des systèmes de commandement C2 tout en conservant la responsabilité de décider au chef militaire. Lire les premières lignes

  p. 93-98

Repères

La Russie est de retour militairement en Afrique, en s’appuyant sur des sociétés militaires privées, proches du Kremlin. Elles permettent à Moscou d’intervenir, souvent au détriment des intérêts de certains États dont la France. Les opérateurs russes disposent de moyens conséquents sans se soucier de règles éthiques. Lire les premières lignes

  p. 99-104

L’espionnage économique est une pratique courante et commune pour certains pays d’Asie. Le Japon, après sa défaite de 1945, la Corée du Sud après l’affrontement contre Pyongyang et la Chine, à partir des années 1980, ont développé des réseaux très efficaces, utilisant de nombreuses ressources techniques et humaines. Lire les premières lignes

  p. 105-109

Approches régionales

Le retrait précipité des États-Unis d’Afghanistan à l’été 2021 traduit certes une forme de défaite tactique pour un cycle commencé le 11 septembre 2001, mais surtout une rupture de l’ordre international et l’émergence d’un monde éclaté, divisé par la rivalité sino-américaine. Lire les premières lignes

  p. 111-116

Chronique

Les conséquences du rajeunissement du haut commandement militaire pendant la Grande Guerre amenèrent le blocage de l’avancement vers le généralat dans les années 1920-1930. Cela entraîna une chape de plomb sur l’évolution de l’armée et une sclérose de la pensée qui aboutirent au désastre de 1940. Lire la suite

  p. 117-119

Recensions

François Heisbourg : Retour de la guerre  ; Odile Jacob, 2021 ; 214 pages - Eugène Berg

En mars 1995 paraissait sous la plume de Philippe Delmas, Le Bel avenir de la guerre où il écrivait : « La guerre est de retour, parmi nous. Nous l’avions presque oubliée. Pendant cinquante ans, l’assurance de la mort nucléaire pour tous a tenu la guerre en lisière. La peur n’est peut-être plus l’unique antidote contre la guerre. À l’exemple de la construction européenne, les pays cherchent la paix en se liant étroitement les uns aux autres par des règles et des intérêts communs. Comme si la guerre pouvait être prise dans les filets de l’intégration par le droit et l’économie. Cet espoir est vain. Car désormais les guerres ne naissent pas de la puissance des États, mais de leur faiblesse. L’enjeu de la paix, c’est la légitimité des États : dans nombre de pays, ils n’incarnent rien ni personne. Faute d’États qui symbolisent l’évidence d’être ensemble, les nations se replient sur une identité exacerbée, se fragmentent en États nouveaux ; en trente ans, leur nombre a doublé. Et les règles du droit international comme les bénéfices de l’économie mondiale ne les concernent guère. Notre conception de la guerre, forgée au fil de siècles de conflits de souveraineté, se révèle déjà inadaptée à ces guerres de légitimité. La multiplication de celles-ci nous impose une priorité : consolider des États légitimes, seuls capables de tracer un destin pour ceux qu’ils représentent. À défaut, la panne des États assurera le bel avenir de la guerre. » Lire la suite

  p. 121-123

Vincent Hugeux : Tyrans d’Afrique – Les mystères du despotisme postcolonial  ; Perrin, 2021 ; 416 pages - Serge Gadal

À peine une dizaine des cinquante-quatre pays qui composent l’Afrique a connu, au moins une fois, une véritable alternance politique. Les démocraties apaisées que sont aujourd’hui le Sénégal, le Ghana et le Botswana font ainsi figure d’exception. Pour certains dirigeants africains, et non des moindres, il s’agissait peut-être même d’une fatalité. On se souvient ainsi des mots d’Houphouët-Boigny : « Partout où l’on a tenté le multipartisme, nous avons ressuscité les querelles tribales. » Lire la suite

  p. 123-125

Bernard Zeller : Le Procès du commandant de Saint Marc  ; Nouvelles Éditions Latines, 2021 ; 210 pages - Claude Franc

L’ingénieur en chef de l’armement en retraite Bernard Zeller, le fils du général d’armée André Zeller, ancien chef d’état-major de l’armée, qui a pris part au putsch des généraux à Alger en 1961, publie les débats, le réquisitoire et la plaidoirie du procès du chef de bataillon de Saint Marc, qui s’est tenu à Paris devant le Haut Tribunal militaire le 5 juin 1961. Il complète le compte rendu de ces débats par un certain nombre de pièces dont le procès-verbal d’une séance du Conseil constitutionnel qui s’exprime sur la création du Haut Tribunal militaire, dans le cadre de l’article 16 de la Constitution (pouvoirs exceptionnels accordés au président de la République). Lire la suite

  p. 126-129

Jean Lopez : Kharkov 1942 – Le dernier désastre de l’Armée rouge  ; Perrin et ministère des Armées, 2022 ; 320 pages - Serge Gadal

On ne présentera pas ici Jean Lopez, directeur de la rédaction de la revue Guerres et histoire, et certainement l’un des meilleurs spécialiste français de l’Armée rouge et de la Grande Guerre patriotiques de 1941-1945. Lopez est à l’origine chez Perrin d’une toute nouvelle collection d’histoire militaire, publiée en coédition avec le ministère des Armées, intitulée « Champs de bataille ». À tout seigneur, tout honneur, il lui revient d’ouvrir cette collection en signant ce premier volume consacré à la seconde bataille de Kharkov (12-28 mai 1942), beaucoup moins connue que la suivante (19 février-15 mars 1943) dont la notoriété est due essentiellement à la magistrale « contre-frappe » de Manstein qui a mis un terme, temporairement, à l’exploitation soviétique après la chute de Stalingrad. Lire la suite

  p. 129-130

Pierre Branda : La Saga des Bonaparte  ; Tempus (réédition en poche), 2021 ; 626 pages - Jérôme Pellistrandi

Si tout le monde connaît Napoléon et sa légende, peu savent que la famille Bonaparte, originaire de Corse, a joué un rôle important dans l’histoire de France, mais aussi de l’Europe depuis la fin du XVIIIe siècle. Avec de grands personnages essentiels comme Louis Napoléon Bonaparte – l’empereur Napoléon III – ou encore Charlie Bonaparte, installé aux États-Unis et fondateur de l’agence qui allait devenir le FBI. Et d’autres qui eurent une influence non négligeable tant sur la vie politique française que culturelle et intellectuelle comme Marie, disciple de Sigmund Freud, le père de la psychanalyse. D’où l’originalité de cet ouvrage, écrit par Pierre Branda, directeur du patrimoine de la Fondation Napoléon et qui permet de dresser de nombreux portraits d’une famille compliquée, désirant ardemment être reconnue par le gotha européen, connaissant de nombreuses rivalités internes, mais très attachée à défendre l’héritage de Napoléon Ier, la figure emblématique et dont le génie militaire et politique est resté in égalable. La question des mariages et des alliances dynastiques a été longtemps déterminante afin de renforcer la dynastie au sein des cours européennes. Avec des réussites et des échecs, d’autant plus que les souverains européens se méfiaient de cette famille très ambitieuse, mais qui remettait en cause les principes absolutistes considérés alors comme pérennes et intangibles. Car, au-delà des apparences monarchiques, Napoléon et ses héritiers se sont inscrits dans une démarche de progrès et de droit inscrite dans l’esprit du siècle des Lumières, parachevant en quelque sorte les acquis de la Révolution française. Et ce n’est pas un hasard si plusieurs pays européens s’appuient encore sur le Code civil imposé par l’Empereur des Français, signe de sa modernité depuis l’aube du XIXe siècle. Lire la suite

  p. 130-131

Edward Duyker : Dumont d’Urville – L’homme et la mer  ; CTHS, 2021 ; 600 pages - Emmanuel Desclèves

Edward Duyker est un historien australien auteur de plusieurs biographies d’explorateurs européens. Cet ouvrage passionnant de 600 pages est la traduction de Dumont d’Urville. Explorer and Polymath (New Zealand, 2014). Il est cependant regrettable que cette adaptation française ne soit pas à la hauteur du texte original ; la relecture par un marin aurait sans doute permis d’éviter des erreurs de compréhension. Ce grand marin renommé des années 1820-1840 figure naturellement dans le panthéon des explorateurs savants qui viendront en quelque sorte parachever l’immense épopée européenne des « grandes découvertes », commencée à la Renaissance et poursuivie pendant le siècle des Lumières avec Cook, Bougainville ou Lapérouse. Au fil des ans, cependant, les buts poursuivis par ces grands voyages évoluent. Si les richesses locales sont toujours recherchées (métaux et épices), elles ne suffisent plus à justifier de telles expéditions. Des buts politiques (colonies de peuplement ou de déportation, points d’appui stratégiques) et des finalités scientifiques (nouvelles espèces, géophysique, etc.) sont mis en avant à l’époque de Dumont d’Urville. Lire la suite

  p. 132-132

Revue Défense Nationale - Février 2022 - n° 847

Souveraineté et nouveaux acteurs internationaux

Operation Barkhane plays an essential role in the stabilisation of Mali in a tense political environment, a role that is under-appreciated. The MINUSMA (the UN stabilisation mission in Mali) is cooperating closely and the tangible results are helping to stabilise the country, at the cost of considerable effort from the international community which is committed over the long term.

Sovereignty and New International Actors

Defending our sovereignty is a vital strategic issue in preparing for future conflicts. It demands political and intellectual determination to be able to look beyond the conventional frameworks of commitment. France is involved in this process through its Agency for innovation in defence.

Sovereignty is also linked to national debt. Whilst the Euro is an advantage for France, the increasing national debts of countries in the south of Europe could render them vulnerable and endanger their sovereignty. Sorting out the accounts will be imperative in the coming years.

Sovereignty is an age-old notion, originally seen from a virtually religious and philosophical approach before it became political. It has nevertheless evolved across the centuries, to become a legally complex environment that reduces the freedom of action of states by creating, and to a greater or lesser extent imposing, interdependencies.

Independence and sovereignty, though closely related in concept, differ somewhat in reality. Because of this, we need to have a clear image of our independence and at the same time the political will to consolidate our sometimes indifferently-managed sovereignty, especially when considering certain European programmes.

Increasing economic dependence has shown the extreme vulnerability of countries which place too much faith in the deregulation of markets—a condition exacerbated by the health crisis. The sovereignty of Western countries is suffering accordingly and thus warrants a review of such dependence in many areas.

Despite many difficulties, France has been able through determined political will to maintain a successful DITB. Nevertheless, this sovereignty is demanding and fragile to maintain, especially in the digital field, in which Europe has dropped too far behind. It represents an area in which we need to catch up, as with quantum physics.

On paper, Rafale was born in 1976. In 1986, the Rafale A demonstrator was the material start of an exceptional industrial and operational adventure. Today, with the support of the A330 MRTT, the aircraft is a major asset that contributes to French sovereignty and participates directly in the economy of the country.

Opinions

In 2050 France will remain a power to be taken seriously, even though its ways and means of action will have evolved in a complex international environment. One of the challenges to be faced will be that of demography—an advantage for some countries, a source of weakness for others. France will therefore have to maintain its interests beyond the homeland hexagon.

European defence is one of those perennial subjects of discussion that continues to defy any real advance. To make such real advance requires a political vision shared by the EU member states and a recognition of the geopolitical challenges that confront them if Europe is to retain control of its destiny.

Viewpoints

The British, then the Americans, rapidly understood that war was not limited to military confrontation. The environment of a conflict can itself be a battlefield in which agitation and influencing of opinion is deployed to strengthen a model and a plan—something different from the propaganda conducted by totalitarian states.

Opinions

Energy is one of the essential prime movers of the global economy. It follows that access to energy, and control of it have become major geopolitical stakes to the extent on occasion of being factors of conflict. Therein lies an essential strategic dimension which continues to grow, since energy is now an instrument of power.

Data is becoming a major challenge in the new, vulnerable, yet much coveted digital ecosystem. It is now essential for the armed forces to use data, since it lies at the very heart of C2 command systems’ design. The responsibility for decision nevertheless remains with the military chief.

Viewpoints

Militarily speaking, Russia is back in Africa, acting through private military companies with close links to the Kremlin. They allow Moscow to intervene, often to the detriment of other states’ interests—those of France included. Russian operators have access to considerable assets without the need to worry about ethical matters.

Economic espionage a common and quite normal practice for some Asian countries. Japan, for example, following its defeat in 1945, South Korea after the confrontation with Pyongyang, and China since the 1980s all developed highly effective networks employing numerous technical and human resources.

Regional Approaches

The hurried retreat of the United States from Afghanistan in the summer of 2021 clearly bears witness to a form of tactical defeat in the cycle that began on 11 September 2001, and more so to a breakdown in international order and the emergence of a splintered world, one divided by Sino-American rivalry.

Chronicle

A consequence of the reduction in age of the higher military command during the Great War was a blockage in promotions to field rank in the 1920s. (The Magistère bleu horizon refers to the mass of blue-uniformed, young general officers who then held many of the senior ranks and positions). That in turn acted as ball and chain, hindering development of the army and ossifying thinking: the result was the disaster of 1940. Read more

Book Reviews

François Heisbourg : Retour de la guerre  ; Odile Jacob, 2021 ; 214 pages - Eugène Berg

Vincent Hugeux : Tyrans d’Afrique – Les mystères du despotisme postcolonial  ; Perrin, 2021 ; 416 pages - Serge Gadal

Bernard Zeller : Le Procès du commandant de Saint Marc  ; Nouvelles Éditions Latines, 2021 ; 210 pages - Claude Franc

Jean Lopez : Kharkov 1942 – Le dernier désastre de l’Armée rouge  ; Perrin et ministère des Armées, 2022 ; 320 pages - Serge Gadal

Pierre Branda : La Saga des Bonaparte  ; Tempus (réédition en poche), 2021 ; 626 pages - Jérôme Pellistrandi

Edward Duyker : Dumont d’Urville – L’homme et la mer  ; CTHS, 2021 ; 600 pages - Emmanuel Desclèves

Revue Défense Nationale - Février 2022 - n° 847

Souveraineté et nouveaux acteurs internationaux

Janvier 2020, des rumeurs commencent à circuler sur un coronavirus agressif dans une province de la Chine. Très vite, la rumeur se transforme en une pandémie brutale mettant à l’arrêt la quasi-totalité de la planète. Très vite, rien que dans notre pays, nous découvrons avec stupéfaction que nous manquons de masques dont la quasi-totalité de la production est assurée en Chine, que le paracétamol est fabriqué en Inde et que nous sommes devenus dépendants dans le cadre d’une mondialisation économique poussée à l’extrême. Très vite, les notions d’indépendance et de souveraineté sont redevenues d’actualité. N’avions-nous pas bradé celles-ci au profit d’un modèle économique d’interdépendance devenue excessive ? Et au-delà des aspects commerciaux ou financiers, un véritable débat s’est engagé.

Plus récemment, l’alliance AUKUS – au détriment de la France et de l’Europe – a rappelé que la géopolitique et les rapports entre les Nations étaient des monstres froids, où la brutalité pouvait l’emporter. Paradoxalement, la perception de ces questions n’est pas la même, en particulier en Europe. Certains de nos partenaires se satisfont depuis longtemps de liens de dépendance, voire de subordination, espérant bénéficier d’une garantie de sécurité. À l’inverse, la France, depuis le général de Gaulle, s’est efforcée de préserver cette autonomie d’appréciation et de choix – bénéficiant des efforts conséquents faits pour la dissuasion nucléaire – en maintenant une défense crédible s’appuyant sur une BITD forte, sans pour autant renoncer à construire des coopérations nécessaires et fructueuses à l’échelle européenne.

Ainsi, le dossier de ce mois propose quelques approches éclairant cet enjeu majeur et structurant, tant sur le plan politique, qu’économique et militaire. D’autant plus que l’environnement géopolitique actuel s’est durci avec les confrontations entre la Chine et les États-Unis, entre la Russie, l’Otan et l’Union européenne – bien marginalisée, car loin de comprendre ce que signifie la puissance – ou encore avec l’Iran et l’accès à l’arme atomique. Or, assumer sa souveraineté exige des choix et des efforts inscrits dans la durée, des actions difficiles dans un contexte où les opinions publiques sont versatiles.

Il en est de même de l’opération Barkhane avec une vision non française qui souligne combien l’engagement de nos forces depuis 2013 a été utile, même si, là aussi, les difficultés sont nombreuses, d’autant plus que la manipulation médiatique est à l’œuvre, en particulier par la Russie, avec le déploiement de groupes paramilitaires dont la priorité n’est pas la reconstruction d’États sûrs et démocratiques.

À l’heure où la France entre en campagne pour déterminer son futur politique, il est indispensable de comprendre que nos intérêts et nos choix dépendent également de l’extérieur et que dans un monde de plus en plus incertain, la défense reste une responsabilité majeure et non une variable d’ajustement. L’oublier, c’est subir l’histoire, mais aussi accepter la soumission et le renoncement à ce qui constitue la force de notre Nation.

C’est le rôle du soldat que d’assumer cette défense, c’est le rôle du politique que de construire cette défense. ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Février 2022 - n° 847

Souveraineté et nouveaux acteurs internationaux

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