Juin 1974 - n° 334

Pour une civilisation donnée, le progrès technique, non sans à-coups, va toujours dans le même sens ; et pourtant, à une génération d’intervalle, nous ne pouvons même pas imaginer la découverte qui, parfois, va changer le sens et le mode de notre vie. On ne peut donc s’étonner que la prospective militaire se trompe souvent dans ses prévisions, surtout lorsqu’elle est d’essence défensive. Lire les premières lignes

  p. 9-13

Napoléon tenait la guerre pour un état naturel, opinion que rien, dans l’histoire ancienne ou contemporaine, n’autorise à contredire. La négociation, elle aussi, est un état naturel : même chez les populations humaines les plus primitives, elle a toujours précédé, accompagné et suivi les hostilités. Lire les premières lignes

  p. 15-26

L’Europe ne veut ni d’une pax sovietica ni d’une pax americana, pas plus qu’elle n’est disposée à se soumettre à un condominium soviéto-américain. Elle refuse de se laisser enfermer dans les dilemmes dont l’auteur donne maints exemples et dont les deux termes du jargon politique américain traduisent l’alternative : linkage or decoupling ? Lier les problèmes ou les dissocier ? Ces faux dilemmes et ces vrais problèmes, elle veut les surmonter par une attitude de coopération qui n’exclut pas la fermeté et qui rejette la transformation des anciens antagonistes en complices et celle des alliés en antagonistes. Lire les premières lignes

  p. 27-44

À la notion de « destruction mutuelle assurée » sur laquelle M. McNamara avait jadis basé la stratégie nucléaire américaine a fait place depuis l'automne 1973 une nouvelle stratégie plus ambitieuse, du type « contre-forces », reposant sur la recherche d'une précision accrue des missiles ayant pour cibles les silos de la force adverse. Mais cette stratégie est-elle si nouvelle qu'elle veut le paraître ? Quelles motivations réelles sont à l'origine de l'annonce officielle et insistante de ce changement ? Quels sont ses rapports véritables tant avec les SALT II qu'avec la situation affaiblie du président Nixon ?

  p. 45-57

Par-delà l'actuelle remise en cause de l'adhésion britannique à la Communauté européenne (CEE) par le gouvernement travailliste d'Harold Wilson, c'est tout le problème des relations spéciales de la Grande-Bretagne avec les États-Unis qui est en question.

  p. 59-66

L'Inde traverse une crise économique grave et l'autorité du gouvernement s'en trouve affectée. Crise de confiance passagère due aux difficultés de l'heure ? Crise plus profonde qui pourrait conduire le système à se remettre en question ? Dans ce premier article, l'auteure s'interroge sur les raisons du désenchantement actuel et évoque les temps forts et les temps faibles de l'activité politique indienne depuis la disparition de M. Nehru en mai 1964, il y a exactement dix ans. Un second article suivra, dans lequel sera esquissé un bilan économique, complété par une analyse de la situation actuelle de l'Inde dans les relations internationales.

  p. 67-77

Jeanne Revers, spécialiste des problèmes d’Amérique Latine, a retracé dans un précédent article (voir notre numéro de mai 1974) l’historique de l’interventionnisme militaire dans le sous-continent. Elle dégage ici les caractères spécifiques de ce phénomène en Uruguay où, devant une situation économique difficile et le terrorisme tupamaro menaçant les structures de l’État, l’Armée a été appelée à rétablir l’ordre et a imposé, par le coup de force de février 1973, sa volonté à un pouvoir civil dont elle a cependant gardé la façade. En dépit de la pente naturelle à laquelle est exposé tout régime autoritaire, celui de l’armée uruguayenne connaît certaines limites en raison de l’enracinement profond de la tradition démocratique dans ce pays et de la menace d’éclatement à laquelle l’armée se verrait exposée si elle voulait assumer la totalité du pouvoir. Lire les premières lignes

  p. 79-88

Après une période ascendante dont l'apogée fut la tournée de M. Chou En-lai en Afrique en 1964, la politique extérieure de la République populaire de Chine à l'égard du continent africain a subi des échecs auxquels son messianisme révolutionnaire inquiétant n'était pas étranger. Mais elle a opéré un redressement spectaculaire et connaît depuis 1970 des succès importants compensant largement ses échecs antérieurs. Elle s'est en effet adaptée avec réalisme à la situation et aux aspirations du Tiers-Monde africain. Tout en ayant conscience de ses limites, elle ne perd aucune occasion défaire pièce aux entreprises de sa rivale, l'Union soviétique. Par le terme d'Afrique l'auteur entend, en fait, les États situés au sud du Sahara, à l'exclusion, par conséquent, du Maghreb, de la Libye et de l'Égypte.

  p. 89-105
  p. 107-112
  p. 113-122

Sonar : Sound navigation and ranging (navigation à l'aide des ondes sonores et mesure des distances)
Sofar : Sound fixing and ranging (Détection d'un son et évaluation de sa distance) 

  p. 123-134

Chroniques

En exergue de son livre Europe (1930), Édouard Herriot avait placé un proverbe chinois : « Il ne peut pleuvoir chez mon voisin sans que j’aie les pieds mouillés » : c’est en effet un des grands principes des relations internationales. Quelles que soient ses intentions, et aussi autarcique qu’il puisse se vouloir, un État ne peut jamais faire abstraction de ce qui se passe hors de ses frontières. L’interdépendance est inscrite dans la logique des rapports entre les collectivités humaines dès qu’elles ont dépassé ce que, dans sa Géographie des frontières, Jacques Ancel appelait le « stade moléculaire ». Elle est devenue une pièce maîtresse du jeu international. Aucun État européen ne peut ignorer ce qui se passe en Chine ou en Union soviétique, et vice-versa, et a fortiori chez un de ses partenaires de la Communauté. Lire les premières lignes

  p. 135-140

Les attributions du Chef d’état-major des armées (Céma) en temps de crise ou de conflit ont été codifiées par le décret n° 71-992 en date du 10 décembre 1971. Ce texte précise qu’en de telles circonstances, le Céma peut être nommé Chef d’état-major général des armées et que dès lors il assure le commandement de l’ensemble des opérations militaires et devient le Conseiller militaire du Gouvernement. À ce haut niveau de responsabilités, deux difficultés sont à surmonter : le traitement d’un flux considérable d’informations et la brièveté des délais souhaités pour acquérir une vision synthétique de la situation et pour prendre les décisions qu’elle implique. Lire les premières lignes

  p. 141-149

Le récent voyage de M. Kissinger à Moscou a ramené l’attention sur les discussions sur la limitation des armements stratégiques (SALT). Il apparaît intéressant à cette occasion de rappeler quelles sont les positions des deux parties et de tenter de faire le point de l’évolution des négociations. Lire les premières lignes

  p. 150-155

Datex 74 est un exercice majeur de défense aérienne qui s’est déroulé les 24, 25 et 26 avril 1974 et qui a mis en jeu des forces nationales et étrangères. Lire les premières lignes

  p. 156-160

Le ministre australien de la Défense a annoncé le 7 avril 1974 que le gouvernement australien avait approuvé une dépense de 330 millions de dollars pour l’achat de matériels nouveaux pour les forces armées. Lire les premières lignes

  p. 161-165

Le pouvoir législatif de la République d’Afrique du Sud appartient au Parlement qui est composé du Sénat, de l’Assemblée et du président de la République élu par ces deux instances. Les sénateurs sont en partie nommés par le Gouvernement, en partie désignés par les Conseils provinciaux. Les députés sont élus au suffrage universel par les citoyens de race blanche, âgés de plus de 18 ans, suivant un découpage en circonscriptions qui tient compte, par province, de la densité de la population blanche, de la diversité des intérêts, des moyens de communication. Une commission ad hoc révise périodiquement ces divisions : c’est ainsi que le nombre des députés a été augmenté de 5 depuis le début de la dernière législature, passant de 166 à 171. Le président de la République, sur recommandation du Premier ministre, peut dissoudre l’Assemblée, formée en principe pour cinq ans, et provoquer ainsi des élections générales anticipées. Lire les premières lignes

  p. 166-171

Bibliographie

Charles Zorgbibe : L’insécurité européenne  ; Puf, 1974 ; 128 pages - Georges Vincent

Faire tenir dans les cent vingt-huit pages du format restreint d’un « Que sais-je ? » ce qui est en jeu à la Conférence de sécurité et de coopération en Europe (CSCE) dont la deuxième phase est en cours à Genève, c’est là une gageure que Charles Zorgbibe, Professeur de droit public à l’Université de Paris-Sud, Directeur du Centre d’études juridiques de Sarrebrück, a tenue. L’importance de l’enjeu de la CSCE pour l’avenir de l’Europe et de la paix dans le monde vaut que nous nous arrêtions un peu plus longuement sur ce petit volume remarquable. Le propos de l’auteur est de nous dire pourquoi il y a un problème de sécurité et de justifier le jugement quelque peu pessimiste que révèle le titre en négatif donné à son ouvrage. Lire la suite

  p. 172-173

Philippe Pondaven : Le Parlement et la politique extérieure sous la IVe République  ; Puf, 1973 ; 135 pages - André Nolde

Le partage des attributions en matière de politique extérieure entre le législatif et l’exécutif sous un régime de démocratie parlementaire est un problème ardu. Sa complexité, sur le plan théorique, tient en grande partie à ses implications sur le plan pratique, puisque le succès d’une action diplomatique tient très souvent au secret qui entoure les négociations, mais qu’à l’inverse, son échec peut être dû à une insuffisance de soutien populaire, c’est-à-dire à l’absence d’un vote « franc et massif » du parlement, préalablement éclairé par le gouvernement sur l’enjeu de la partie. Lire la suite

  p. 173-173

Marcel Baudot : Libération de la Bretagne  ; Éditions Hachette, 1974 ; 223 pages - J. De

Les auteurs des trois premiers livres de la collection « La libération de la France » avaient tous participé à la libération de la région dont ils se faisaient les historiens. Marcel Baudot, s’il fut chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) d’Eure-et-Loir, n’a pas participé à l’organisation de la Résistance en Bretagne ni à l’insurrection des départements bretons. C’est donc le point de vue d’un observateur objectif – car détaché de tout engagement personnel – qui s’exprime dans ce quatrième ouvrage de la collection. Lire la suite

  p. 174-174

Au milieu du flot de publications de tous ordres consacrées à Hitler et au nazisme, l’ouvrage de Joachim Fest aurait pu n’être qu’une contribution parmi tant d’autres à la prodigieuse et équivoque légende noire qui se développe autour des Nazis et de leurs chefs. Il n’en est rien et, qu’on le critique ou qu’on l’admire, le livre de M. Jochim Fest fera date dans l’historiographie contemporaine. Ce succès est dû à la compétence et au sérieux de l’auteur, à l’indéniable talent avec lequel il sait maintenir en éveil l’attention du lecteur durant plus de mille pages et à l’angle sous lequel il aborde le sujet. Lire la suite

  p. 174-175

Amiral Jacques Guillon : De Carthage à Berchtesgaden  ; Éditions Plon, 1974 ; 368 pages - Y. B.

Parmi les souvenirs de marins qui paraissent en librairie, ceux de l’amiral Guillon ont une résonance particulière. Si les premiers chapitres de son livre, couvrant les années 1930 à 1939, évoquent les débuts d’une carrière que l’on peut qualifier de classique, les événements se sont chargés par la suite de lui donner une orientation bien différente. Lire la suite

  p. 176-176

William Craig : Vaincre ou mourir à Stalingrad  ; Éditions Robert Laffont, 1974 ; 434 pages - P. R.

Ce jour-là, le 31 janvier 1943, s’achève avec la reddition du Feld-Marschall von Paulus la bataille de Stalingrad, la plus grande bataille de la Seconde Guerre mondiale, la plus longue, la plus sanglante aussi, puisqu’elle a coûté la vie à près de deux millions d’hommes et de femmes. Elle marque sans nul doute un tournant décisif dans l’histoire du second conflit mondial ; « c’est à Stalingrad que les gonds du destin ont tourné » a dit Churchill. Pour les uns cette bataille fut une nouvelle raison d’espérer et de lutter, pour les autres elle reste « la plus grande défaite qu’ait jamais subie l’Armée allemande au cours de son histoire, un second Iena » (Walter Gœrlitz). Lire la suite

  p. 176-177

Yann Grandeau : Jeanne insultée : procès en diffamation  ; (préface de Régine Pernoud) Éditions Albin Michel, 1973 ; 330 pages - Ph. L.-M.

Le débat autour de Jeanne d’Arc est loin de s’éteindre. Après la vigoureuse empoignade entre Madame Régine Pernoud et Monsieur Henri Guillemin, un nouveau venu, Monsieur Yann Grandeau, se lance dans la bataille ; il le fait avec la fougue du partisan et le sérieux de l’érudit. Le sous-titre du livre est clair : il s’agit d’un procès, d’un vigoureux réquisitoire plutôt, contre les tenants de la bâtardise de Jeanne d’Arc. Et M. Y. G. est un redoutable procureur qui n’épargne personne et manie avec adresse un humour mordant et incisif. Décidément, le calme propice à l’examen objectif des données du problème n’est pas près de revenir. Vivante ou morte, la petite bergère aura été entourée du tumulte des combats. Lire la suite

  p. 177-178

Revue Défense Nationale - Juin 1974 - n° 334

Revue Défense Nationale - Juin 1974 - n° 334

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Juin 1974 - n° 334

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