Mars 1978 - n° 375

Conférence prononcée par l'auteur, ministre des Affaires étrangères, devant les auditeurs de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le samedi 4 février 1978. Lire la suite

  p. 11-22

Né de la réaction des Européens effrayés par l'expansionnisme soviétique et notamment par le « coup de Prague » de février 1948, le Traité d'alliance signé à Bruxelles en mars 1948 avait fait lever l'espoir d'une union politique de l'Europe. Le projet avorta en raison du refus que lui opposa la Grande-Bretagne. Privé ainsi de sa perspective essentielle, le Traité, modifié par les Accords de Paris, permit cependant la réhabilitation de la République fédérale d'Allemagne (RDA) et sa participation à la défense dans le cadre du Traité de l'Atlantique. Mais l'Union de l'Europe occidentale (UEO), dont la filiation remonte au Traité de Bruxelles, se démit de ses responsabilités essentielles en matière de défense au profit de l'Otan, qui avait été mis sur pied entre-temps et qui apportait à l'Europe l'appui substantiel des forces américaines. C'est toute cette évolution historique que rappelle ici l'auteur. C'est une tout autre Europe qui aurait vu le jour si le courant atlantique ne l'avait ainsi emporté sur le courant proprement européen en raison du temps perdu de 1948 à 1954.

  p. 23-37

Cet article souligne les ambiguïtés de la politique extérieure soviétique. Elles résultent de la spécificité de l'URSS, grande puissance ayant besoin de la paix et par conséquent de la détente, notamment pour consolider son acquis européen et rechercher la parité avec son rival américain, mais aussi puissance qui se veut porteuse de l'idéologie marxiste, vigilante à l'égard de ses déviations et soucieuse de saisir toute occasion s'offrant à son expansion pourvu qu'elle n'implique pas de charges ni de risques intolérables. Les difficultés, voire même les contradictions apparentes qui en résultent parfois pour l'URSS sont résolues grâce à certaines règles et axiomes auxquels cette politique aux dimensions mondiales semble obéir : une revue en est faite ici région par région, à commencer par l'Europe où se situe l'enjeu le plus important.

  p. 39-48

On sait combien l'Union soviétique redoute que la détente et la coopération technologique avec l'Ouest n'aillent de pair avec une pénétration des idées libérales qui serviraient d'aliment à la dissidence et à la contestation internes. Entre cette forteresse de l'orthodoxie marxiste, soucieuse de préserver la cohésion du camp socialiste, et l'Occident pour qui la liberté de l'information est un dogme, comment s'organisent les rapports en matière de circulation de l'information, à quelles pratiques donnent-ils lieu et quelles perspectives d'amélioration offrent-ils pour l'avenir ? Lire les premières lignes

  p. 49-64

Une fois la réconciliation opérée à l'Ouest par la politique de Konrad Adenauer et la détente exploitée par l'Ostpolitik de Willy Brandi, l'Allemagne qui a ainsi levé les hypothèques de sa défaite et recouvré une marge d'initiative économique, compte avant tout désormais sur l'appui des États-Unis et n'entend pas être placée devant le choix entre une défense atlantique et une défense européenne. En refaisant cet historique et en le projetant jusqu'à l'horizon des problèmes que posent les négociations actuelles SALT II et futures SALT III, l'auteur exprime un point de vue ouest-allemand.

  p. 65-75

La première capitale européenne visitée par le président Carter au cours de son premier grand voyage officiel hors des États-Unis a été Varsovie. C'était là une façon de rendre hommage au pays d'origine de l'un de ses « mentors » en matière de politique étrangère. Qui est donc cet homme qui joue un rôle si important aux côtés du nouveau président américain ? Lire les premières lignes

  p. 77-87

L'entrée de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne dans une Europe des Neuf dont le centre de gravité est actuellement déporté vers le Nord permettrait, selon l'auteur, un rééquilibrage de l'édifice européen et lui donnerait une façade méditerranéenne qui manque actuellement à la plénitude de son identité et de sa sécurité. Pour l'instant, s'agissant de la candidature de la Grèce, le Conseil des Communautés européennes du 7 février 1978 a donné mandat à la Commission pour la négociation portant sur le libre-échange des produits industriels. Restera ensuite à traiter la question des produits agricoles ainsi que celle de la conception et de la durée de la période de transition pour l'application des règles communautaires. Pour le Portugal, la Commission devrait rendre son avis au Conseil au printemps prochain, et pour ce qui est de l'Espagne, au plus tôt à la fin de l'année. Dans chaque cas d'ailleurs, la décision finale d'admission appartiendra au Conseil appelé à se prononcer à l'unanimité. Elle devra ensuite faire l'objet de traités ratifiés par les Parlements nationaux.

  p. 89-101
  p. 103-109

Après les articles précédents, raisonnablement favorables à l'entrée de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne dans la Communauté économique européenne, voici le point de vue de deux économistes qui, en ce qui concerne l'Espagne – mais leurs conclusions peuvent dans une certaine mesure s'appliquer aux deux autres candidats – soulignent les difficultés de l'entreprise et les risques qu'elle comporte pour les économies concernées, celles des Neuf aussi bien que celles des candidats, si un certain nombre de conditions ne sont pas réalisées au préalable.

  p. 111-121
  p. 123-140

Chroniques

Depuis longtemps politique intérieure et politique extérieure n’étaient pas apparues aussi liées que depuis que, dans deux grands pays européens – la France et l’Italie – la situation électorale n’exclut pas l’éventualité d’une participation du parti communiste au gouvernement. Les changements survenus au Portugal avaient déjà introduit une donnée nouvelle au sein de l’Otan. La crise italienne et les élections législatives françaises ont dès maintenant, plus directement encore, mis en lumière l’ampleur du changement que représenterait l’entrée de ministres communistes dans le gouvernement, trente ans après leur exclusion, laquelle avait été l’une des conséquences de la cristallisation de la guerre froide. Lire les premières lignes

  p. 141-144

La presse américaine avait publié au cours de l’été dernier des extraits d’une étude stratégique ordonnée par le président Carter dès son arrivée au pouvoir (1). Ceux-ci avaient eu quelque retentissement en raison de la prévision de l’abandon, annoncée par la presse, d’un tiers du territoire de l’Allemagne fédérale en cas de conflit. La publication, en janvier 1978, de l’ensemble de ce document est restée paradoxalement plus discrète. Il semble pourtant avoir directement inspiré les directives stratégiques du nouveau Président, directives dont le détail est demeuré secret. Lire les premières lignes

  p. 145-150

La question du désarmement vient d’être remise au premier rang des préoccupations mondiales par l’initiative française dont le but est d’éviter que la prochaine session spéciale des Nations unies sur le sujet ne se perde dans les généralités. Car plus on généralise ce problème du désarmement, plus on le dénature. Un désarmement réel n’est concevable qu’en fonction de la situation internationale et aucunement par le recours insistant à de grands principes. Lire les premières lignes

  p. 151-154

Le Journal officiel du 26 janvier 1978 vient de publier le texte d’un décret fixant les attributions du Secrétaire général de la Défense nationale (Décret n° 78-78 du 25 janvier 1978). À l’occasion de cette promulgation, il nous a paru intéressant de faire connaître un peu mieux le Secrétariat général de la Défense nationale, dont le rôle important, dans l’organisation et la coordination de la Défense nationale du pays, ne peut être ignoré. Lire les premières lignes

  p. 155-158

Accroître la capacité opérationnelle et la cohésion des grandes unités terrestres est l’un des objectifs majeurs fixés par le général Chef d’état-major de l’Armée de terre, dont notre chronique du mois de décembre 1977 a rendu compte. Lire la suite

  p. 159-161

En juin 1975 à la veille de la clôture du 31e Salon aéronautique et de l’Espace du Bourget où s’étaient affrontés les derniers nés des industries aéronautiques américaines et européennes, quatre pays de l’Otan, la Belgique, la Hollande, le Danemark et la Norvège choisissaient définitivement l’avion de combat américain F-16 comme successeur de leurs vieux F-104 Starfigter. Cette décision mettait fin à une âpre compétition politique et industrielle qui avait opposé deux appareils de technologie nouvelle, encore à l’état de prototypes, le General Dynamics YF-16 et le Northrop YF-17, face à trois concurrents européens dérivés d’avions déjà produits en série, le Dassault Mirage F1E, le SAAB Viggen A737 suédois et, candidat de dernière heure, le Jaguar propose par la firme anglaise British Aircraft Corporation. Lire les premières lignes

  p. 162-168

La presse s’étant longuement étendue sur les causes de l’accident survenu au Duperré dans la nuit du 12 au 13 janvier dans le raz de Sein, mais aussi sur le comportement brillant de son équipage et des sauveteurs civils et militaires, nous nous contenterons d’indiquer brièvement ici les travaux qui seront nécessaires pour réparer ce bâtiment. Après examen des dégâts, il a en effet été décidé que le Duperré serait remis en état. Il a été échoué dans un des bassins de l’arsenal de Brest. La durée et le coût des travaux ne peuvent encore être déterminés. Dans un premier temps, on a procédé à un rinçage de toutes les parties endommagées pour éviter la corrosion. La tôlerie et le carlingage des quatre compartiments de propulsion et d’auxiliaires devront être réparés ou remplacés. Il faudra refaire le briquetage des chaudières, contrôler le câblage électrique, vérifier les turbines, la ligne d’arbres bâbord et vérifier ou réparer à terre tous les équipements et auxiliaires pouvant être débarqués. Le Duperré est entré en service en octobre 1957. De 1967 à 1971, il a été aménagé en bâtiment d’expérimentation du système Cormoran (sonar à grande profondeur), puis reconverti de 1971 à 1974 en bâtiment de commandement. Ses caractéristiques sont les suivantes : Lire les premières lignes

  p. 169-172

Face à la diplomatie armée de l’Union soviétique et de Cuba, l’Afrique payera-t-elle le prix de l’imprévoyance des pays occidentaux ? Les visées du Kremlin sur le continent noir ne datent pas d’aujourd’hui. En 1955 déjà Michael Souslov avait été chargé par Khrouchtchev d’établir une stratégie d’infiltration. Jamais délaissée, cette politique devait viser tout à la fois à ruiner les liens traditionnels des anciennes puissances coloniales avec leurs possessions de jadis et à contrer toute pénétration de la Chine populaire. Combien de roubles ont-ils été consacrés à cette aventure ? Leur somme est certainement considérable mais il n’y a pas que cela : l’université Lumumba de Moscou, les écoles de Toula et de Stara Boleslav (cette dernière en Tchécoslovaquie) forment des propagandistes, voire des agitateurs. Par la suite Fidel Castro vint épauler cette politique de la façon que l’on sait. Il est vrai que par ses richesses et les positions stratégiques qu’il offre, le continent africain est un enjeu de taille. Lire les premières lignes

  p. 173-178

* Au mois de mai. lors de l’Assemblée spéciale des Nations unies sur le désarmement, la France soumettra un plan d’ensemble, adapté à la situation et ne visant pas un désarmement général et complet. Le président Giscard d’Estaing en a révélé les grandes lignes lors du conseil des ministres du 25 janvier. Les trois propositions essentielles ont trait à la création d’un forum remplaçant le comité de désarmement de Genève ; la mise sur pied d’une agence mondiale de satellites de contrôle et d’un fonds spécial de taxation du surarmement. En outre, la France souhaite la réunion d’une conférence européenne du désarmement qui aurait compétence de l’Atlantique à l’Oural. Lire la suite

  p. 179-180

Bibliographie

Voilà un petit livre dont la lecture s’impose à tous ceux qui, à la veille des prochaines élections législatives, désirent mettre à jour leur culture politique. Il est sans ambition : rappeler ce que nul Français ne devrait ignorer s’agissant de nos institutions, de leur fonctionnement et de leur évolution depuis 1958 en fonction de la pratique qui en a été faite par quatre acteurs essentiels dont rémunération constitue le sous-titre de l’ouvrage. Lire la suite

  p. 181-181

Jean-Christian Petitfils : Le gaullisme  ; Puf, 1977 ; 128 pages - Angelica Karolyi

À l’époque où, selon certains, la création par Jacques Chirac du Rassemblement pour la République (décembre 1976) est interprétée comme un retour aux sources du gaullisme – à moins de devenir, selon l’auteur, un regroupement « musclé » des classes moyennes conservatrices déçues – cette synthèse sur le gaullisme paraît très utile. Lire la suite

  p. 181-182

Collectif : Les conditions de l’indépendance nationale dans le monde moderne  ; (actes de colloque) ; Éditions Cujas, 1977 ; 559 pages - J.-B. P.

À quelles conditions l’indépendance nationale est-elle possible dans le monde moderne et comment peut-elle être maintenue et développée ? Tel est le thème de cet ouvrage constitué des différents rapports présentés lors du Colloque international tenu à l’Institut Charles de Gaulle en novembre 1975. Lire la suite

  p. 182-183

Collectif : La puissance militaire soviétique  ; Éditions Elsevier, 1977 ; 248 pages - Y. D.

Il n’existe, à notre connaissance, aucun document de vulgarisation, au sens noble du terme, consacré à l’appareil militaire de l’URSS qui soit à la fois aussi complet et d’une aussi haute qualité de présentation. Lire la suite

  p. 183-184

Étienne M. Manach : Mémoires d’Extrême Asie  ; Éditions Fayard, 1911 ; 593 pages - André Nolde

Professeur de philosophie avant de devenir diplomate, Étienne Manac’h a été profondément marqué par cette première formation, très différente de celle d’un haut fonctionnaire des Affaires étrangères du modèle traditionnel. Il n’a pas pour autant, au cours de sa carrière, tenu pour négligeables et dénués d’intérêt ce que d’autres appelleraient les petits côtés du métier diplomatique, c’est-à-dire la cuisine intérieure du Quai, parfois savoureuse, mais plus souvent assaisonnée au vinaigre, le bourdonnement faussement rassurant des réceptions officielles, les confidences « off record » d’un voisin de table ou les redondances d’une déclaration ministérielle. Lire la suite

  p. 185-184

Jean-Jacques Becker : Comment les Français son entrés dans la guerre  ; Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977 ; 641 pages - Angelica Karolyi

Dans l’introduction à cet ouvrage monumental. René Rémond déclare : « Il sera désormais impossible d’écrire sur l’année 1914 sans se référer à ce livre ». Lire la suite

  p. 185-186

Revue Défense Nationale - Mars 1978 - n° 375

Revue Défense Nationale - Mars 1978 - n° 375

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mars 1978 - n° 375

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