Les choix sont difficiles mais ils sont à faire maintenant. Le peuple américain doit se choisir un président, le 44e ou le 45e, le 18e Congrès du Parti communiste chinois doit définir sa ligne politique et désigner celui qui l’incarnera, les Syriens doivent reprendre en main leur destin tragique, les Africains de l’Ouest le contrôle du Nord Mali, les Européens redéfinir leur projet collectif et la France redistribuer ses moyens entre consolidation de sa sécurité, de sa cohésion et de sa prospérité. Aucun de ces choix n’est facile, presque tous seront déterminants pour les équilibres des prochaines décennies et la sécurité de la France. Or le sentiment qui se dégage est celui d’un moment d’hésitation général. Lire la suite

  p. 1-1

Cette radioscopie de la puissance qu’expose l’auteur à partir de l’ouvrage monumental de Pierre Buhler révèle la complexité et l’ampleur de ce phénomène qui organise le monde. Les mutations en cours en Asie et en Europe n’effacent pas le déterminisme des facteurs­clés de la géographie, du nombre et de la richesse.  Lire les premières lignes

  p. 5-14

La nouvelle donne géoéconomique fait reposer sur les océans une part grandissante des progrès de la planète. Mais les activités maritimes sont vulnérables et il importe de trouver les moyens, notamment militaires, c’est­à­dire essentiellement navals, d’en sécuriser le développement. Lire les premières lignes

  p. 15-17

Nous allions autrefois à Cesson-Sévigné. C’était le bout du monde, terminus du tramway qui, de Rennes, nous y amenait. À mi-route était une station dite Tournebride, opportunité offerte aux voyageurs déçus. Jamais nous n’y descendîmes : Cesson était un village charmant. La route de Paris enjambait la rivière par un pont en dos d’âne. Lire la suite

  p. 30-30

Une diplomatie de défense

En reprenant la généalogie de la coopération de sécurité et de défense, depuis les années 1960, on mesure comment elle a su accompagner à la fin de la période coloniale, la création et la modernisation continue des forces militaires amies, principalement en Afrique. L’ensemble des actions réalisées a permis de soutenir une active politique de sécurité et de développement répondant à l’urgence africaine. Le travail est loin d’être achevé. Lire les premières lignes

  p. 21-29

Faire le tour d’horizon des relations internationales militaires, c’est révéler la variété de l’apport militaire à la diplomatie de défense. Sous la conduite de l’état­major des armées, cette activité d’ampleur croissante sou­tient les actions de prévention de la politique extérieure de la France.  Lire les premières lignes

  p. 31-35

La diplomatie de défense, volet défense de notre diplomatie nationale, comprend aussi une action propre au ministère de la Défense, dont les engagements et les intérêts à l’international justifient d’engager avec nos interlocuteurs étrangers ce type de dialogue. En constante évolution pour soutenir la politique extérieure et de sécurité de la France, le dispositif de diplomatie de défense, dont le pilotage global est assuré par la Délégation aux affaires stratégiques, a su mener à bien la rationalisation de ses moyens et modalités d’inter­vention tout en préservant une capacité d’influence significative. Lire les premières lignes

  p. 36-42

C’est une longue pratique de la coordination entre actions diplomatiques et actions militaires, de balance­ments entre posture de prévention et posture d’intervention qui caractérise l’action extérieure des États­Unis. Comme la France le fait à son niveau, les États­Unis cherchent à combiner la défense de leurs intérêts et la promotion de principes du droit. Mais ils renoncent rarement aux premiers du fait des seconds.  Lire les premières lignes

  p. 43-49

Du rôle de l’attaché de défense, conseiller de l’ambassadeur chef de mission diplomatique, et pivot de la rela­tion de défense entre la France et ses partenaires. Défense et illustration par l’exemple de l’attaché en Arabie Saoudite. Lire les premières lignes

  p. 51-57

La lente évolution de l’assistance militaire aux États étrangers s’est faite par le développement des capacités de souveraineté, la normalisation démocratique et stratégique, et aujourd’hui la sous­traitance à des sociétés de services militaires, extensions informelles des États. Cette externalisation s’impose de plus en plus comme un axe de recomposition critique de la stratégie indirecte des grandes puissances. Lire les premières lignes

  p. 59-64

Les enjeux de la présence militaire en Afrique sont présentés ici ainsi que la nécessaire consolidation d’une coopération militaire experte. Lire les premières lignes

  p. 65-71

Au mois de septembre dernier, une tribune publiée dans un journal qui se dit de gauche alors qu’il n’est que quotidien, prétendit libérer les Français de ce carcan que l’on qualifie de gaulois, par ce titre provocateur : « Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-vous ! ». L’ailleurs était clairement désigné par la signature des Dîners de l’Atlantique, cénacle dont la raison sociale affiche des amitiés autres que culinaires, et à l’invitation duquel Le Cadet s’égara un soir, perdu au milieu des habitués de l’ambassade de l’avenue Gabriel et des demoiselles de l’Hôtel Crillon. Ce n’est pas la seule officine qui, sous couvert d’indéfectible amitié franco-américaine, ne cache pas son intention de débaucher les compétences de notre forcément croulante République, cette Ve qui serait revenue aux pires heures de la IIIeLire les premières lignes

  p. 50-50

Repères - Opinions

L’analyse de l’instrumentalisation du continent européen dans la stratégie euroatlantique de contention des crises le long des axes méditerranéen et caucasien permet de promouvoir une autre posture stratégique européenne fondée sur la redéfinition d’un partenariat continental eurasien, véritable pôle d’équilibre géostratégique du XXIe siècle. Lire les premières lignes

  p. 75-84

À quoi servent les États­Unis et que peut­on désormais en attendre ? Personne ne semble en mesure de le dire, surtout pas les Américains qui se réfugient dans les mythes stériles d’un passé révolu. Mais la nation indispensable peut­elle renouer avec une destinée manifeste évanouie dans le mirage de ses guerres orientales ? Lire les premières lignes

  p. 85-90

Dans cette chronique circonstanciée des difficultés que rencontrent les relèves de pouvoir au Sénégal et au Mali, l’auteur montre que l’État de droit progresse tant bien que mal en Afrique de l’Ouest et que les organisations régionales africaines, grâce au soutien international qu’elles reçoivent, y contribuent.  Lire les premières lignes

  p. 91-96

La Force africaine en attente qui structure progressivement la capacité militaire des pays africains est une entreprise à la fois prometteuse et fragile du fait de l’hétérogénéité des brigades qui la composent et de la variété des situations auxquelles elle devra faire face. L’auteure fait le point à mi­parcours de sa constitution. Lire les premières lignes

  p. 97-98

La tentation d’un recours accru aux supplétifs va aller grandissante pour répondre aux défis actuels. Cette approche indirecte des guerres nouvelles comporte des risques importants pour notre société. Il convient dès à présent d’en mesurer la portée.  Lire les premières lignes

  p. 99-103

C’est l’articulation complexe entre le droit pénal et le droit des conflits armés qui est analysée ici pour mettre en évidence les réalités de la judiciarisation qui guette les opérations extérieures et laisse le juge souvent isolé face à des faits dont il a bien du mal à apprécier le contexte.  Lire les premières lignes

  p. 104-109

L’agilité est une posture exigée dans le domaine opérationnel pour faire face à l’imprévu. Elle peut aussi se décliner comme un concept d’organisation pour des domaines plus administratifs et faciliter la conduite des réformes. Les auteurs proposent un essai de caractérisation de l’agilité, analysent les leviers d’action du concept et ouvrent des pistes pour la transformation des structures existantes, estimées encore trop sclérosées.  Lire les premières lignes

  p. 110-114

 Avec ce panorama détaillé de l’industrie d’armement française, on prend une meilleure conscience de la large gamme des produits qu’elle propose et du haut niveau des technologies qu’elle intègre. Elle est un outil de croissance et de souveraineté à préserver.  Lire les premières lignes

  p. 115-122

Recensions

Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges (dir.) : Ramsès 2013, gouverner aujourd’hui ?  ; Ifri et Dunod, 2012 ; 335 pages

L’Institut français des relations internationales (Ifri) enfonce son clou : en 2012 « Les États submergés ? », en 2013 « Gouverner aujourd’hui ? ». Les points d’interrogation sont de politesse. Si vous voulez dormir tranquille, ne lisez pas. Si vous tenez à savoir comment le monde va finir, allez-y ! Lire la suite

  p. 123-124

Revue Défense Nationale - Novembre 2012 - n° 754

The author exposes a radioscopy of power starting from the monumental work of Pierre Buhler, revealing the complexity and breadth of this phenomenon that organizes the world. Ongoing evolutions in Asia and Europe do not erase the determinism of key factors of geography, numbers, and wealth.

The new geo-economic order causes an increasing portion of planetary progress to rest on the oceans. However, maritime activities are vulnerable, making it important to find resources, notably military ones—that is to say, principally those of a naval nature—to assure the security of their development.

A Diplomacy of Defense

By reengaging the genealogy of cooperation between security and defense since the 1960s, one assesses how this cooperation was able to assist the creation and uninterrupted modernization of military allies at the end of the colonial period, principally in Africa. The ensemble of conducted actions permitted the support of an active policy of security and development responding to African crises. This work is far from being completed.

Conducting an overview of international military relations reveals the variety of military contributions to the Defense’s diplomacy. Under the management of the armed forces’ general staff, this activity of increasing breadth sustains preventative actions of French exterior policy.

The diplomacy of defense, the defense component of our national diplomacy, also incorporates actions belonging to the Ministry of Defense, whose commitments and international interests justify engagement in this type of dialogue with our foreign interlocutors. In constant evolution to sustain exterior policy and the security of France, the presence of defense diplomacy, whose global management is assured by the Delegation of Strategic Affairs, was able to successfully complete the rationalization of its means and modes of intervention while at the same time preserving a capacity for meaningful influence.

Long practices of coordination between diplomatic and military actions, and balancing positions of prevention and intervention, characterize the exterior actions of the United States. Just as France does so at its level, the US seeks to combine the defense of its interests with the promotion of principles of rights. But they rarely renounce the former because of the latter.

Concerning the role of the defense attaché: informing the head ambassador of a diplomatic mission and acting as a pivot for defense relations between France and its partners. Defense and illustration through the example of the attaché in Saudi Arabia.

The slow evolution of military assistance to foreign states occurs through the development of sovereign capacities, democratic and strategic normalization, and today, the subcontracting of military service societies as informal extensions of states. This externalization imposes itself more and more as a line of critical re-composition concerning indirect strategy of great power.

The issue of military presence in Africa is presented here as the necessary consolidation of an expert military cooperation.

Opinions and Viewpoints

Analysis of the instrumentality of the European continent in Euro-Atlantic strategy of crises immobilization along the Mediterranean and Caucasian axes permits the promotion of another European strategic position founded on the redefinition of a continental, Eurasian partnership, a true hub of geo-strategic equilibrium in the 21st century.

What does the United States serve, and can we continue to wait for it? No one seems to be in a position to say, particularly not the Americans who take refuge in sterile myths of a finished past. But can the indispensable nation revive itself with a manifest destiny disappearing into the mirage of its Eastern wars?

In this column particularizing the difficulties that meet the development of power in Senegal and Mali, the author shows that the Rule of Law progresses equally successfully and poorly in Western Africa and that regional African organizations, thanks to international support they receive, contribute to it.

The African Standby Force (ASF) that gradually structures the military capacity of African countries is an enterprise both promising and fragile owing to the heterogeneity of the brigades that compose it and the variety of situations it will have to confront. The author describes the halfway point of its consolidation.

The temptation to resort to the auxiliaries will grow in response to current challenges. This indirect approach to new wars includes important risks for our society. As of now, one must consider the importance of these risks.

The complex articulation between criminal law and the law of armed conflict is here analyzed to make evident the realities of judicial processes that vigilantly back exterior operations, leaving the often-isolated judge to face facts of which he has great trouble assessing the context.

Dexterity is required in the operational domain to confront the unforeseen. It can also develop as an organizational concept for more administrative domains and facilitate the management of reforms. The authors propose an attempt to characterize dexterity, analyze its levers of conceptual action, and open tracks for the transformation of existing structures, still deemed too paralyzed.

With this detailed panorama of the French arms industry, one can better become aware of the large range of products it offers and of the high technological level it integrates. It is a utensil of development and sovereignty that should be maintained.

Book reviews

Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges (dir.) : Ramsès 2013, gouverner aujourd’hui ?  ; Ifri et Dunod, 2012 ; 335 pages -

Revue Défense Nationale - Novembre 2012 - n° 754

Les choix sont difficiles mais ils sont à faire maintenant. Le peuple américain doit se choisir un président, le 44e ou le 45e, le 18e Congrès du Parti communiste chinois doit définir sa ligne politique et désigner celui qui l’incarnera, les Syriens doivent reprendre en main leur destin tragique, les Africains de l’Ouest le contrôle du Nord Mali, les Européens redéfinir leur projet collectif et la France redistribuer ses moyens entre consolidation de sa sécurité, de sa cohésion et de sa prospérité. Aucun de ces choix n’est facile, presque tous seront déterminants pour les équilibres des prochaines décennies et la sécurité de la France. Or le sentiment qui se dégage est celui d’un moment d’hésitation général.

Partout, on oscille entre des processus de concertation et de coopération et de rudes formules de compétition et de confrontation. De vieilles recettes pointent comme autant d’alternatives au désordre. La relance de la compétitivité par la guerre, la relance de la cohésion par l’idéologie ou le martyre ; la maîtrise de la stabilité par le bon voisinage et celle du progrès par une rigoureuse répartition de ressources comptées. À ce grand jeu, on s’adonne partout et de façon peu coordonnée.

Pourtant coup sur coup deux choix viennent d’être faits qui confirment que les Européens défrichent, dans le scepticisme général, une voie nouvelle, celle d’une puissance d’équilibre qui résiste à la tentation de la confrontation et lui préfère celle de la concertation. Le Prix Nobel de la paix décerné à la construction européenne est inattendu et presque paradoxal tant les Européens semblent douter d’eux-mêmes mais il révèle un espoir. Le projet de fusion-acquisition de BAE par EADS relevait d’une vision militarisée et financiarisée de la compétitivité européenne. Son échec est celui d’une approche capacitaire d’une Europe de la défense rêvée : le ciment de l’UE n’est pas militaire et son développement ne passe pas par l’armement relégué par son histoire récente. La puissance européenne est « civile » et son identité industrielle passe par le transport sous toutes ses formes, l’énergie dans tous ses usages, la haute technologie dans tous les domaines-clés, ceux de la santé, de l’alimentation, de l’observation spatiale, des sciences de la matière… La défense est d’autant moins centrale que les opinions publiques européennes, si elles déplorent une réelle précarité sécuritaire, n’envisagent guère un traitement militaire pour la résorber. En Europe, la concertation/compétition prévaut sur la confrontation/défense, on peut le comprendre au vu de l’histoire du continent.

C’est aussi que la mondialisation dont les océans, les ports constituent des infrastructures vitales, a ouvert de nouveaux champs de prospérité et de développement qui se jouent des frontières terrestres pour lesquelles on s’est tant battu, notamment en Europe. Labourer ces champs d’action fluides requiert de constituer de fortes bases de compétitivité et des moyens mobiles, notamment navals, spatiaux et cybernétiques, pour les sécuriser. Là sont des enjeux de sécurité pour le XXIe siècle, ceux que, dans son secteur, Euronaval s’emploie à relever. Là sont tous les ingrédients d’une nouvelle ambition pour la France.

Jean Dufourcq

Revue Défense Nationale - Novembre 2012 - n° 754

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