Février 1993 - n° 539

Le nucléaire militaire

Il est naturel que les changements fondamentaux intervenus dans le contexte international conduisent à une réflexion sur tous les choix faits jusqu’à présent concernant la défense. Il est naturel aussi, par conséquent, que cette réflexion porte d’abord sur le nucléaire militaire et sa doctrine d’emploi, puisque la France en a fait l’instrument d’une stratégie de dissuasion qui a garanti, depuis des décennies, sa sécurité et sa liberté. En ce domaine, qui est essentiel puisque la survie du pays y est en cause, on ne saurait admettre ni tabou, ni préjugé, ni dogme, et le champ est ouvert à l’esprit critique dès lors qu’il ne s’agit pas seulement de réveiller les polémiques d’antan et les querelles d’école dépassées. C’est dans cet esprit, en tout cas, qu’a été préparé ici ce dossier sur le nucléaire militaire et ses problèmes. Lire la suite

  p. 9-12

La place éminente de la dissuasion nucléaire, dans la sécurité des nations qui en disposent, est depuis quelque temps, de façon plus ou moins avouée, mise à l’épreuve. Quoi de plus normal alors que le monde dans lequel cette dissuasion a été forgée — les puissances nucléaires se promettant une destruction mutuelle assurée — est bouleversé par l’éclatement de l’Union Soviétique et l’effondrement du Pacte de Varsovie ? Lire les premières lignes

  p. 13-27
  p. 29-38
  p. 39-52

La revue Défense Nationale avait souhaité que les auteurs de ce dossier s’expriment sans réticences, arrière-pensées ou crainte de déranger. Ils l’ont fait et nous leur sommes reconnaissants d’avoir établi ce bilan nécessaire et opportun au moment où phantasmes, pressions ou intérêts tactiques, professionnels, voire vénaux, risquent de se heurter aux réalités de la géopolitique et de l’économie. Lire la suite

  p. 53-55

Repères - Opinions - Débats

Les bouleversements de ces dernières années ont modifié les données de la géostratégie : le monde bipolaire a fait place à un univers fragmenté où naissent – et renaissent – des antagonismes de toutes natures. La gestion des crises, longtemps diplomatique et « déclamatoire », connaît maintenant des phases actives : plusieurs milliers de militaires français participent ainsi à des opérations humanitaires et de maintien de la paix dans diverses régions du monde. L'auteur nous adresse quelques recommandations concernant l'engagement de nos forces dans de telles actions.

  p. 57-63

Namibie, Cambodge, Yougoslavie, Somalie, Mozambique, autant d’opérations, fondées sur un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, et ayant pour but de transformer une situation de dépendance, de désordre, en un ordre capable de satisfaire les besoins élémentaires — nourriture, santé, sécurité, participation politique — d’une population. Lire les premières lignes

  p. 65-72

Dans la période de changements profonds, d'incertitudes et de turbulences que nous vivons, maintenant et pour une durée indéterminée mais longue, il est indispensable de préciser la politique de formation à mettre en place au profit des cadres, officiers et sous-officiers, de nos armées, en particulier de l'armée de terre, dont les structures font l'objet de réformes importantes. L'auteur, commandant les écoles de l'Armée de terre, a bien voulu nous présenter cette politique de formation dans un article tenant compte de toutes les données nouvelles.

  p. 73-90

L'auteur, contrôleur général des armées, a la grande qualité de traiter des questions de personnels, difficiles et délicates entre toutes, avec des arguments et des données irréfutables. En l'occurrence, il aborde ici ce thème permanent qu'est le service national : il ne se contente pas de critiquer un système devenu par trop inégalitaire, mais il propose son maintien avec des modalités nouvelles.

  p. 91-102

L'auteur a été professeur d'état-major à l'École supérieure de guerre navale, et à ce titre chargé de l'enseignement de la méthodologie et de la stratégie. Il est actuellement responsable du cycle « stratégie » au Cours supérieur interarmées. La « méthode », que l'on apprend et pratique dans les écoles de guerre depuis plusieurs décennies maintenant, nous est ici présentée de façon particulièrement claire et complète.

  p. 103-119

La revue Défense Nationale a publié dans son numéro d’août-septembre une chronique (1) à laquelle nous souhaitons apporter les réponses suivantes. Lire la suite

  p. 121-124

Un mois avant l’invasion irakienne du Koweït, un excellent article de l'auteur nous montrait ce pays sur la voie de la démocratisation. Cette fois-ci, il évoque la situation au Yémen deux ans après sa réunification : nombreuses difficultés, politiques certes, mais surtout économiques et sociales. Nous sommes heureux de publier ce texte à un moment où les regards se portent ailleurs, alors que des manifestations sanglantes au Yémen ne font l’objet que de simples entrefilets dans la plupart de nos journaux. Lire les premières lignes

  p. 125-134

L’étude qui vous est proposée fait suite à celle rédigée par Pierre Jacob dans notre livraison de décembre 1992 et consacrée essentiellement à l’Éthiopie. Dans cet article très documenté, l'auteur évoque surtout les données historiques et humaines qui ont engendré le drame somalien. En conclusion, il se livre à des réflexions d’une actualité brûlante sur l’engagement des Nations unies. Lire les premières lignes

  p. 135-143

Les immenses progrès techniques dans tous les domaines ont permis de réaliser des armes très efficaces : c'est ainsi que la division « Missiles » d'Aérospatiale a mis au point Éryx, aux capacités multiples, arme individuelle idéale du fantassin. L'auteur nous apporte toutes les précisions sur cette arme.

  p. 145-150

Chroniques

  p. 151-156
  p. 157-163
  p. 164-168

Pendant plus de soixante-dix ans, le centralisme soviétique avait masqué les différends ethniques et territoriaux que les déplacements massifs de population entrepris sous le règne de Staline n’avaient fait qu’exacerber. Aucune solution n’avait été trouvée et la « perestroïka » lancée par Mikhaïl Gorbatchev (alors Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique) dès 1986, en soulevant le couvercle de la boîte de Pandore, allait permettre aux tendances séparatistes et xénophobes de resurgir avec plus de violence. Plus de cent quatre-vingts « points chauds » étaient ainsi répertoriés sur le territoire soviétique en 1991. Lire la suite

  p. 169-171

Alors que la loi de programmation 1992-1994 fixe à 308 milliards les crédits d’équipement, le « référentiel de 1997 » prévoit 662,4 Md de crédits en 6 ans. Si l’on en soustrait les fonds de concours (3 Md hypothétiques), on arrive à une moyenne de 103 Md de francs 1992 par an. Cette stabilité nominale est cependant toute théorique, puisque les annulations de crédits de 1992, imposées par le surcoût des opérations de maintien de la paix, s’élèveront à 3,25 Md, portant précisément sur le Titre V. On comprend que l’amiral Lanxade ait exprimé l’inquiétude des armées de voir restreindre leur marge de manœuvre, « au moment où il devient urgent de moderniser nos forces conventionnelles » ; il souhaite donc que la croissance du budget militaire « soit du même ordre que la croissance économique » (1). De son côté, le rapporteur de la Commission des finances à l’Assemblée a exprimé le vœu que des crédits prévisionnels soient inscrits au budget pour faire face aux retards de paiement de l’ONU, qui atteignent 18 à 24 mois. Lire les premières lignes

  p. 172-178

En 1995, deux régiments français de Lance-roquettes multiple (LRM) seront pleinement opérationnels, en mesure, en cas d’engagement, de neutraliser ou de détruire des objectifs situés dans la profondeur. Il s’agira d’une capacité entièrement nouvelle au sein des forces terrestres. Lire la suite

  p. 179-181

Il n’est pas rare qu’un « néophyte » (1) en appelle à la sagesse de vieux loups de mer pour lui révéler si la valeur relative des flottes doit être estimée en fonction de leur tonnage, ou plutôt du nombre de leurs navires. À l’époque des débats budgétaires, par exemple, ce sont parfois des références utiles, mais les marins vous diront que la question n’est pas si facile à trancher. Non qu’ils apprécient l’ésotérisme ; encore moins par vanité, car la mer leur enseigne vite que c’est toujours le plus court chemin vers l’écueil ; mais simplement parce qu’il faudrait encore considérer bien d’autres paramètres, et qu’un livre n’y suffirait pas. Lire la suite

  p. 182-184
  p. 185-189

• À partir du mois de septembre prochain, les Écoles supérieures de guerre seront remplacées par un Collège interarmées de défense (CID), créé par décret du 24 décembre 1992. Lire la suite

  p. 190-190

Bibliographie

Pascal Boniface : Vive la bombe  ; Éditions n° 1, 1992 ; 177 pages - Marcel Duval

Que voilà donc un titre accrocheur ! Et disons-le tout de suite, le livre qu’il annonce de la sorte ne décevra pas le lecteur ; d’autant que son auteur, président de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), sait de quoi il parle puisqu’il a été dans ces dernières années le collaborateur de trois ministres de la Défense : Charles Hernu, Jean-Pierre Chevènement et Pierre Joxe. Lire la suite

  p. 191-193

Mireille Couston et Louis Pilandon : L’Europe puissance spatiale  ; Éditions Bruylant, 1991 ; 322 pages - Pierre Morisot

Les auteurs, juriste et économiste, tous deux universitaires, présentent dans ce livre édité à Bruxelles et préfacé par Hubert Curien, une thèse que l’on peut énoncer comme suit : primo, l’Espace fait partie des « défis grandioses » de notre époque, les disciplines concernées sont innombrables, les retombées de même ; il importe donc d’être présent dans la compétition et, comme l’affaire dépasse les moyens de chacun des États européens, il faut travailler de concert avec nos partenaires ; secundo, le militaire et le civil se « recoupent largement » ; si le premier a été à l’origine des réalisations initiales, les développements futurs, l’exploitation commerciale et éventuellement le profit sont désormais à attendre surtout du second ; tertio, malheureusement, des préoccupations nationales différentes voire divergentes en matière de défense et de sécurité ont conduit la coopération intra-européenne à une démarche bancale, les réussites indéniables dans le secteur civil n’étant pas accompagnées de résultats aussi brillants dans le domaine militaire. Conclusion : face à des « enjeux formidables qui n’ont pas été immédiatement perçus », à la frontière d’un « nouveau Far West à conquérir », dans un contexte occidental comprenant « un partenaire dominant, les États-Unis, et un rival redoutable, le Japon », sous la menace enfin de concurrents n’hésitant pas devant le dumping… l’Europe doit impérativement se donner les moyens politiques efficaces et cohérents d’assurer sa place au soleil. Lire la suite

  p. 193-194

Bernard Lugan : Histoire du Maroc  ; Éditions Critérion, 1992 ; 390 pages - Pierre Morisot

Ce livre fortement documenté et très dense (malgré une présentation aérée) enseigne au lecteur bien des points oubliés ou ignorés d’une histoire « souvent glorieuse et parfois mouvementée ». Après les comptoirs carthaginois, le pays n’a pas connu l’équivalent de la civilisation gallo-romaine chez nous et a été « rapidement islamisé, mais tardivement arabisé ». Le récit de la succession rapide des dynasties et des règnes est mené tambour battant, au point d’être quelquefois difficile à suivre, mais les grandes tendances apparaissent clairement : l’autonomie ancienne du royaume, appuyée sur une base religieuse solide et sur des frontières naturelles ; l’affrontement séculaire en Espagne, depuis les cavalcades au pied des Pyrénées et les « raffinements de la culture andalouse » jusqu’au tournant de Las Navas de Tolosa et au lent reflux de la Reconquista ; le grignotage européen entamé par les Portugais dès le XVe siècle et entériné 500 ans plus tard à Algésiras, et en particulier la pression française depuis l’Algérie, compensée par la personnalité lumineuse de Lyautey qui comprend la présence d’« une authentique nation » ; enfin la « libération nationale » obtenue par « la totale détermination et le grand sens politique » de Mohammed V, le renouveau contemporain et « la réussite spectaculaire » des trente dernières années. Lire la suite

  p. 194-195

Jacques Rupnik (dir.) : De Sarajevo à Sarajevo, l’échec yougoslave  ; Éditions Complexe, 1992 ; 150 pages - Claude Le Borgne

Joseph Krulic, Stevan K. Pavlowitch, Natacha Rajakovic et Jacques Rupnik, quatre auteurs du cru brossent le sombre tableau de la fin de la Yougoslavie, en un petit livre fort utile. « Ni civile, ni yougoslave », selon Jacques Rupnik, la guerre serait celle des « nations » que Tito avait réussi à faire cohabiter. De cette cohabitation forcée, les Serbes de Milosevic, aujourd’hui, se vengent. Lire la suite

  p. 195-195

Institut international d’études stratégiques (ISS) : Military Balance 1992-1993  ; Westview Press, Londres, 1993 ; 514 pages - Olivier Sevaistre

Comme chaque année, l’Institut international d’études stratégiques de Londres (IISS) publie son analyse des forces militaires dans le monde, dans une situation arrêtée le 1er juin 1992. Cet ouvrage revêt un intérêt particulier pour faire le point d’un monde actuellement en pleine confusion politiquement comme militairement. Le plan général de cet ouvrage a dû être assez profondément modifié par rapport aux années précédentes pour tenir compte de la disparition de l’Union soviétique. Les anciennes républiques de l’URSS ont été rattachées soit à l’Europe non Otan, y compris les républiques sub-caucasiennes qui ont signé le traité FCE (Forces armées conventionnelles en Europe), soit à une nouvelle section : Asie centrale et Asie méridionale. La Chine se retrouve dans une section Asie orientale et Australasie. Lire la suite

  p. 196-196

Revue Défense Nationale - Février 1993 - n° 539

Revue Défense Nationale - Février 1993 - n° 539

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Février 1993 - n° 539

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.