Plusieurs intervenants étrangers dans ce numéro de mai permettent d’ouvrir ou de prolonger avec autorité des débats stratégiques d’ampleur : la question de la sécurité alimentaire, cruciale pour un milliard d’affamés, celle de l’architecture européenne de sécurité vue de Moscou, ou celle de la vision stratégique commune de Londres et de Paris (voir le « Forum », www.defnat.com), l’équation stratégique du Proche-Orient et ses évolutions… Autant d’enjeux qui caractérisent la conflictualité latente de notre planète d’incertitude et d’ambiguïtés, comme la qualifiait Pierre Hassner dans le numéro précédent. Lire la suite

  p. 1-1

La vocation du colloque que vont conduire ensemble à l’École militaire le CID, l’ENA et HEC le 26 mai 2010, est de replacer les décideurs militaires et publics, aux côtés des entrepreneurs, tous riches d’une culture stratégique partagée et soucieux de développer des moyens d’action collective, au cœur d’une réflexion tournée vers l’action au service de la France. Lire les premières lignes

  p. 5-10

Bien des tensions et des affrontements entre les États trouvent leurs racines dans la précarité, et notamment celle induite par l’insécurité alimentaire. En expliquant que celle-ci affecte une part croissante de l’humanité et en rappelant le rôle qu’elle a joué dans l’histoire, l’auteur expose la conflictualité alimentaire latente de notre époque et nous met en garde. Lire les premières lignes

  p. 11-19

Cette réflexion du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie porte sur le caractère indivisible de la sécurité dans la zone euro-atlantique. Sur la base et dans l’esprit de l’OSCE, il propose de créer un espace juridique unique englobant tous les cadres de sécurité existants. C’est l’objet principal de l’idée de Traité de Sécurité européenne. Lire les premières lignes

  p. 21-28

En renouant avec les racines, navales et comportementales, des règles d’engagement de l’Otan pendant la guerre froide, on comprend mieux qu’elles permettent aujourd’hui de définir des tactiques efficaces dans les engagements asymétriques pour assurer la supériorité militaire sans recourir à l’escalade de la violence. Lire les premières lignes

  p. 31-34

En rappelant que les règles d’engagement régissent et régulent les actions de coercition militaire, les auteurs montrent qu’elles ont permis l’intégration progressive des forces armées dans un environnement de plus en plus complexe et de plus en plus changeant. Mais aussi qu’elles restent l’instrument inévitable du contrôle politique sur l’action militaire et un vecteur irremplaçable de la cohérence opérationnelle. Lire les premières lignes

  p. 35-41

C’est l’expérience irakienne de l’évolution progressive et radicale du comportement des forces régulières américaines qui sert de fil directeur à cette réflexion sur le retournement de la situation tactique qui a permis de faire basculer des alliances locales et de conclure avec succès des combats au milieu des populations. Lire les premières lignes

  p. 43-48

Les conflits déréglés que conduisent les coalitions multinationales aujourd’hui exigent des règles précises pour conjuguer les exigences tactiques, politiques et médiatiques. Plus qu’un cadre contraignant, elles sont une préparation nécessaire à l’action militaire. Lire les premières lignes

  p. 49-55

Qu’est-ce que Dubaï ? Le deuxième émirat des sept qui, sur la Côte des Pirates, forment par leur union un État jamais vu ? Exact ! Le champion de l’immobilier, hôtel le plus étoilé, tour babélienne narguant le Très-Haut de ses 828 mètres, résidence dont les appartements tournent sur eux-mêmes au gré des résidents, île artificielle en forme de palmier ? Sans doute ! Un pays musulman que les terroristes respectent, tout corrompu qu’il puisse leur apparaître ? Vrai ! Une société de capitalistes, riches de l’huile précieuse cachée par Allah sous leurs pieds et découverte par les pisse-debout, et qui, leur pétrole s’épuisant, continuent à entreprendre grâce au labeur d’immigrés indo-pakistanais qui considéreraient nos sans-papiers comme de paisibles rentiers ? Bien sûr ! Tout cela pourrait se résumer d’un mot : surréaliste. Lire la suite

  p. 56-56

Dans cette vaste rétrospective, l’auteur explique l’éviction progressive des pays arabes de la gouvernance générale du Moyen-Orient. Sous l’impulsion américaine, un système organisé autour de nouveaux pôles s’est mis en place subrepticement. N’y manquaient que l’Irak, en voie de dislocation, et l’Iran, en voie de normalisation. Lire les premières lignes

  p. 57-62

L’auteur prolonge sa réflexion sur l’Iran et sa stratégie nucléaire implicite, en nous faisant percevoir les trois cercles de la sanctuarisation qu’elle annonce. Ce faisant, il montre à quel point ce pays à la forte et ancienne densité géopolitique est parvenu à restaurer sa place au cœur de l’échiquier géostratégique et géoéconomique de la région. Lire les premières lignes

  p. 63-72

L’étude de la situation stratégique du Yémen révèle au-delà des complexités internes de l’émirat, l’évolution de l’équation stratégique du Proche-Orient. Les clivages arabo-perses et sunnites-chiites conduisent à de surprenantes régulations. Lire les premières lignes

  p. 73-78

En revenant de façon détaillée sur les différentes étapes d’une introuvable intégration stratégique méditerranéenne, l’auteur nous invite à dépasser les racines de la conflictualité intrinsèque de cette zone clé, à la fois forum de peuples et passerelle de continents, par une recherche résolue de solutions mutuellement favorables. Lire les premières lignes

  p. 79-86

Repères - Opinions - Débats

L’implantation d’une base militaire française dans le Golfe, positionne la France dans une région d’importance stratégique. Cette zone est, avec le détroit d’Ormuz, le point de passage obligé de plus de la moitié des hydrocarbures du monde. Malgré la modestie des moyens déployés sur le sol émirati, la France entend montrer son engagement dans cette région sensible. Lire les premières lignes

  p. 89-92

Certains hommes politiques ou chercheurs libanais suggèrent de réorienter le modèle classique de l’armée libanaise vers une structure antiguérilla. Pour attirant qu’il paraisse, ce projet ne tient néanmoins pas compte de diverses réalités locales et même internationales. Lire les premières lignes

  p. 93-96

En récapitulant l’histoire d’Al-Qaïda, sa dimension régionale, ses entreprises criminelles, ses émeutes, on peut amplifier et renforcer la lutte contre le terrorisme islamiste. Le chemin de la lutte antiterroriste passe aussi par une résolution intellectuelle et morale. Lire les premières lignes

  p. 97-103

Connaître le milieu, respecter sa structure ethnique, politique et sociale, attirer à soi la population, telles sont les règles apprises dans les temps coloniaux dont l’emploi peut changer la donne du conflit afghan. Lire les premières lignes

  p. 105-108

La question du Renseignement a toujours été une des plus difficiles à traiter dans les opérations de maintien de la paix, notamment à l’ONU. L’expérience réussie de l’établissement d’une cellule militaire stratégique en accompagnement de la Finul 2 permet d’envisager un réel progrès dans ce domaine sensible et décisif. Lire les premières lignes

  p. 109-114

Les crises actuelles exigent des réponses complexes : militaires, politiques, humanitaires, économiques. La réorganisation des armées offre une belle occasion de créer une structure de gestion globale des conflits, inspirée du Centre de crise du Quai d’Orsay. Lire les premières lignes

  p. 115-116

L’année 2010 est propice à un rapprochement franco-russe y compris en matière de sécurité et de défense. La coopération politico-militaire a fait des progrès importants et récents dont l’auteur, stagiaire au CID, fait l’inventaire en imaginant des développements à venir, notamment dans le secteur technico-militaire. Lire les premières lignes

  p. 117-121

Transposition de l’art de la guerre dans l’univers des banlieues, cette approche stimulante est un exercice de style qui vaut mise en garde. Les ingrédients de la violence guerrière sont aujourd’hui présents dans nos cités, sur nos territoires. Peut-on les ignorer ? Lire les premières lignes

  p. 122-126

Revues - Rapports

La guerre de 1939-1945 était mondiale, et la Méditerranée un de ses théâtres d’opérations majeurs. Bien des soldats y ont laissé leur vie, Français, Allemands, Anglais, Américains, Italiens et bien plus encore notamment en provenance d’Afrique. Lire les premières lignes

  p. 129-132

En ce quadrimestre écoulé, la situation stratégique en Asie est globalement stable malgré la poursuite de la lutte établie à des degrés variables contre les divers courants d’intégrisme musulman en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est, et malgré la montée, qui ne peut être que temporaire, des tensions entre la Chine, le Japon et les États-Unis. Lire les premières lignes

  p. 132-135

L’année 2010 sera cruciale en ce qui concerne les questions nucléaires sur le plan international. De fait, l’agenda est particulièrement chargé. Lire les premières lignes

  p. 135-140

Afghanistan, Sud-Liban, Irak. Trois théâtres, un même constat, à la manière de celui du colonel Trinquier (1) en Algérie : des milliards d’euros, des milliers d’hommes pour des bilans peu ou prou comparables : succès incertain, issue improbable, voire constat de « non-victoire » (Tsahal au Liban en 2006). Le coût des opérations en Afghanistan depuis 2001 a ainsi très largement dépassé celui du plan Paulson (2) et cependant, le pays ne montre pas de signe durable de redressement politique, économique ou social, tandis qu’ici et là se renforce le pouvoir des talibanLire les premières lignes

  p. 140-142

L’espace extra-atmosphérique cristallise de nombreux enjeux internationaux et constitue un terrain sur lequel la puissance militaire joue un rôle grandissant depuis les débuts de la guerre froide. Différentes périodes ont pu être identifiées quant à son utilisation à des fins de sécurité et de défense (1). En voici les différentes phases. Lire les premières lignes

  p. 142-144

Le 15 avril 2010, le président Obama a fixé les missions de la NASA pour la vingtaine d’années à venir. Cette déclaration (1), passée inaperçue en Europe pour cause d’éruption volcanique séculaire, est un événement de portée symboliquement équivalente au discours d’un illustre prédécesseur, une cinquantaine d’années plus tôt. Cependant, la raison en est occultée. En effet, le 25 mai 1961, alors que la guerre froide menace de dégénérer en conflit nucléaire (2), le jeune président Kennedy a le trait de génie de transformer la course aux armements nucléaires, potentiellement destructrice pour la planète, en pacifique « course à la Lune » qui canalise les énergies des deux superpuissances durant toute la décennie. Aujourd’hui, désignant la nouvelle frontière — la planète Mars en 2035 — le président Obama fournit en fait les instruments de la domination sans partage de l’espace extra-atmosphérique. Car, après le coup de semonce chinois du 11 janvier 2007 (3), l’Amérique a compris qu’elle n’était plus à l’abri d’un Pearl Harbour spatial. Aussi, le vrai dessein, la realpolitik, qui se cache derrière les paillettes de la relance des vols habités, demeure la constante ambition hégémonique des États-Unis d’Amérique. En effet, l’hyperpuissance, selon la formule chère à Hubert Védrine, n’a d’autre issue que de sortir « par le haut » de la mondialisation où son poids relatif dans les domaines économique, commercial, diplomatique et bientôt militaire se relativise du fait du développement accéléré des nouveaux pôles de puissance eurasiatique, latino-américain, voire un jour sud-africain. Lire les premières lignes

  p. 144-146

Recensions

Général Éric Bonnemaison : Toi, ce futur officier  ; Économica, 2010 ; 240 pages - Claude Le Borgne

Le général Bonnemaison s’est lancé à lui-même un défi. Il est vrai que, commandant les Écoles de Coëtquidan, sa position l’y obligeait : que dire à « ce futur officier » auquel il a choisi de s’adresser, que lui promettre, contre quoi le prévenir ? La chose militaire est aujourd’hui si dénaturée que le défi tient de la gageure. Le résultat est bouleversant et dépasse sans doute l’intention de l’auteur : morte la guerre, voici le militaire amoureux. On ne verra nulle moquerie dans ce raccourci et seulement l’aboutissement logique de la pente sur laquelle on pousse nos soldats. Lire la suite

  p. 147-148

Jean-Claude Barreau, amiral Jean Dufourcq et Frédéric Teulon : Paroles d'officiers  ; Fayard, 2010 ; 263 pages - André Thieblemont

Cet ouvrage est un témoignage, celui d’une population d’officiers qui peine à se reconnaître dans l’Armée d’aujourd’hui. Lire la suite

  p. 148-150

Dans une société qui évolue, les militaires ne parviennent pas à déterminer ce qui est à l’origine de leur mal-être ni à en préciser les contours. Leur métier se transforme et laisse libre cours à l’exagération, le galvaudage et l’amalgame. Il semble leur échapper. Partant de là, le colonel Mignot nous livre une étude pertinente sur ce qu’est, devient et risque de devenir un métier auquel il est particulièrement attaché. Lire la suite

  p. 150-151

Olivier Hubac et Matthieu Anquez : L'Enjeu afghan : la défaite interdite  ; André Versaille éditeur, 2010 ; 282 pages - Olivier Kempf

Ce bref ouvrage permet de faire très heureusement le point sur la guerre en Afghanistan. Les deux auteurs, consultants dans un cabinet spécialisé en matière de défense, ont rencontré beaucoup de spécialistes et consulté énormément de sources. Cette connaissance approfondie leur permet de livrer un ouvrage complet, qui a deux avantages : d’une part, une clarté d’exposition qui rend simples des choses compliquées ; d’autre part, une réflexion stratégique de bon niveau, qui permet de nourrir la réflexion au-dessus de ce qu’aurait pu être un simple livre de journaliste. Lire la suite

  p. 152-153

Olivier Védrine : Ideas for a United Europe  ; Libertas - Europäisches Institut, avril 2010 ; 80 pages - Hans-Jürgen Zahorka

Un auteur français, un texte en anglais, le tout publié par une maison d’édition allemande (1) ; cela va bien à ces textes, ces différents essais sur l’Europe. Olivier Védrine enseigne et donne des conférences en France et en Europe, il est membre du réseau des conférenciers de la Commission européenne (Team Europe), il développe l’idée que l’intégration européenne n’a pas seulement besoin d’administrateurs brillants, mais surtout et d’abord d’idées et de visions, le tout accompagné d’une bonne et juste communication. Comme un vélo tombe quand on arrête de pédaler, l’Europe sera en difficulté si elle n’est pas construite par ses citoyens. Lire la suite

  p. 153-153

Emmanuel Lehmann et Franck Decloquement : Petit traité d'attaques subversives contre les entreprises  ; Chiron, 2009 ; 429 pages - Aymar Chaunac (de)

Dans un contexte d’insécurité économique croissante pour nos entreprises, une prise de conscience est nécessaire pour se protéger des différentes formes d’espionnage économique. En octobre 2009, est paru un ouvrage pour sensibiliser les entreprises à ces attaques. Il s’agit du Petit traité d’attaques subversives contre les entreprises : une véritable encyclopédie répertoriant toutes les menaces pesant sur une société. Le travail a été colossal : trois ans de recherche. Au final, ce livre de 428 pages donne les éclairages nécessaires aux décideurs économiques. Dans cet ouvrage, on trouve deux grands axes : une partie introductive, traitée par Franck Decloquement, expliquant ce qu’est la guerre économique, le renseignement à des fins économiques et insistant sur ce que représente aujourd’hui l’intelligence économique en France. Le cœur de l’ouvrage, à la fois théorique et pratique, réalisé par Emmanuel Lehmann après trois années d’analyse, de recherches et de retours d’expérience, fait état de toutes les attaques possibles, humaines, de terrain et informatiques. Il ne se contente pas de faire une liste exhaustive de ces dangers, mais donne également des solutions pour les prévenir. Par ailleurs, les nombreux exemples pratiques illustrent ces dangers. Lire la suite

  p. 154-154

Revue Défense Nationale - Mai 2010 - n° 730

The seminar that the CID (Joint Services Defence College), ENA (École Nationale d’Administration) and HEC (School for Advanced Business Studies) are going to hold jointly at the École Militaire is intended to situate military and civil service decision-makers alongside industrialists, all with a shared strategic culture, with a view to the joint development of ways and means, in a study oriented to-wards action in France’s interests.

Much of the tension and confrontation between states can be traced to resource shortages, and particularly to insecure food resources. Explaining how this affects an increasing proportion of mankind, and recalling the role that it has played historically, the author describes the latent food resource conflicts of our times, and sounds a warning.

The Russian Federation’s Foreign Minister writes on the indivisible nature of security in the Euro-Atlantic region. On the basis and in the spirit of the OSCE, he proposes the creation of a single juridical zone embracing all existing security frameworks. This is the chief objective behind the idea of a European Security Treaty.

By re-examining the origins, naval and behavioural, of NATO’s rules of engagement during the Cold War, it is easier to understand that they help us today to find effective tactics in asymmetric conflicts, and to ensure military superiority without resorting to escalating violence.

Reminding us that Rules of Engagement control and regulate military coercive action, the authors show that they have encouraged a progressive integration of the Armed Forces in an ever changing and more complex environment. But they are still the unavoidable instrument of political control over military action, and an irreplaceable medium of operational coherence.

The Iraqi experience of a radical and progressive evolution in the performance of American regular forces is the thread that runs through this study of the transformation of the tactical situation that has helped to swing local alliances and successfully carry out operations in populated areas.

The irregular conflicts that multinational coalitions conduct today require clear rules in order to harmonise tactical, political and media demands. More than a restrictive framework, they are a crucial basis for military action.

In this vast retrospective, the author explains the progressive eviction of Arab states from the general governance of the Middle East. Under American pressure, a system organised around new poles has been surreptitiously installed. Missing from the picture is Iraq, in a process of dislocation, and Iran, on the way to normalisation.

The author continues his study of Iran and its implicit nuclear strategy by showing us the three circles of sanctuary that it contains. He shows to what extent this country, with its strong and ancient geo-political identity, has managed to restore its rank at the centre of the geo-strategic and geo-economic chessboard of the region.

This study of the strategic situation of Yemen goes beyond the internal complexities of the Emirate to reveal the evolving Middle Eastern strategic equation. The cleavages between Arabs and Persians, between Sunni and Shia Islam, are leading to some surprising adjustments.

In a detailed review of the different stages of a strategic Mediterranean integration yet to be achieved, the author invites us to look beyond the roots of intrinsic conflict in this key region, both a forum of populations and a bridge between continents, with a determined search for mutually advantageous solutions.

Opinions and Viewpoints

The implantation of a French military base in the Gulf places France in a strategically important region. With the Strait of Hormuz, this zone is the unavoidable route for half the world’s fuel oil. Notwith-standing the modest size of its deployment on Emirate soil, France intends to show its commitment in this sensitive area.

Some Lebanese politicians and analysts propose a reorientation of the classic concept of the Lebanese Army towards an anti-guerrilla structure. Attractive as this may appear, the project does not, however, take into account numerous local and even international realities.

By re-examining the history of al-Qaeda, its regional dimension, its criminal activities and its rabble-rousing, it is possible to amplify and strengthen the fight against Islamic terrorism. The anti-terrorist battle also calls for intellectual and moral resolve.

Know the ground, respect its ethnic, political and social structure, win over the population: these were the rules learned in colonial times, and applying them could change the stakes in the Afghan conflict.

The question of intelligence has always been one of the most difficult to deal with in peacekeeping operations, particularly in the UN. The successful experience of a strategic military cell established with UNIFIL 2 opens up the prospect of real progress in this sensitive but decisive area.

Current crises demand complex responses: military, political, humanitarian, and economic. Reorganisation of the Armed Forces offers a good opportunity to create a global conflict management structure, on the lines of the Quai d’Orsay Crisis Centre.

The year 2010 is propitious for a Franco-Russian rapprochement in defence and security matters. Political-military cooperation recently made significant progress, of which the author, a student at the CID (Joint Services Defence College), draws up a balance sheet and ponders future developments, particularly in the military-technical sector.

Transposing the art of war into the inner-city universe, this stimulating approach is a stylistic exercise that serves as a warning. The ingredients of warlike violence are present today in our inner cities, on our soil. Can we ignore them?

The author gives a succinct overview of the strategic situation in Asia over the past four months, concluding that it has been generally stable, despite continuing struggles of various degrees of severity between different flavours of Islamic fundamentalism in South and South-East Asia, and some (surely temporary) increases in tension between China, Japan and the United States.

Book reviews

Général Éric Bonnemaison : Toi, ce futur officier  ; Économica, 2010 ; 240 pages - Claude Le Borgne

Jean-Claude Barreau, amiral Jean Dufourcq et Frédéric Teulon : Paroles d'officiers  ; Fayard, 2010 ; 263 pages - André Thieblemont

Olivier Hubac et Matthieu Anquez : L'Enjeu afghan : la défaite interdite  ; André Versaille éditeur, 2010 ; 282 pages - Olivier Kempf

Olivier Védrine : Ideas for a United Europe  ; Libertas - Europäisches Institut, avril 2010 ; 80 pages - Hans-Jürgen Zahorka

Emmanuel Lehmann et Franck Decloquement : Petit traité d'attaques subversives contre les entreprises  ; Chiron, 2009 ; 429 pages - Aymar Chaunac (de)

Revue Défense Nationale - Mai 2010 - n° 730

Plusieurs intervenants étrangers dans ce numéro de mai permettent d’ouvrir ou de prolonger avec autorité des débats stratégiques d’ampleur : la question de la sécurité alimentaire, cruciale pour un milliard d’affamés, celle de l’architecture européenne de sécurité vue de Moscou, ou celle de la vision stratégique commune de Londres et de Paris (voir le « Forum », www.defnat.com), l’équation stratégique du Proche-Orient et ses évolutions… Autant d’enjeux qui caractérisent la conflictualité latente de notre planète d’incertitude et d’ambiguïtés, comme la qualifiait Pierre Hassner dans le numéro précédent.

Le thème qui ouvre ce numéro est celui des règles d’engagement, des règles de comportement dans l’action, et chacun voit que les combats sont de plus en plus durs et meurtriers. Certains y décèlent le retour de la guerre dans le champ militaire. Gardons-nous de cette qualification imprudente importée de la réflexion sur la GWOT (Global War on Terrorism). En cherchant à traduire l’intensité et la radicalité des actions militaires actuelles, elle se réfère implicitement à un champ politique, juridique, psychologique et budgétaire de mobilisation générale du pays daté et bien différent des temps actuels. Cette assimilation hasardeuse n’aide pas nos concitoyens, nos élus et nos élites à comprendre la nature des combats qu’il faut désormais conduire dans des conflits armés dont la complexité est décrite dans ce numéro. Une autre remarque vient à l’esprit dans l’exposé de ces règles qui encadrent le combat ; ne sont-elles pas un « mol oreiller », un frein à l’initiative tactique, un chemin vers la moindre responsabilité, le prix excessif que doit payer l’efficacité militaire à la légitimité politique ? Et l’on se souviendra des réflexions de Foch à cet égard : « Être discipliné ne veut pas dire qu’on exécute les ordres reçus seulement dans la mesure qui paraît convenable, juste, rationnelle, ou possible, mais bien qu’on entre franchement dans la pensée, dans les vues du chef qui a ordonné, et qu’on prend tous les moyens humainement praticables pour lui donner satisfaction. Être discipliné ne veut pas dire encore se taire, s’abstenir, ou ne faire que ce que l’on croit pouvoir entreprendre sans se compromettre, l’art d’éviter les responsabilités, mais bien AGIR dans le sens des ordres reçus, et pour cela trouver dans son esprit, par la recherche, par la réflexion, la possibilité de réaliser ces ordres ; dans son caractère, l’énergie d’assurer les risques qu’en comporte l’exécution. En haut lieu, discipline égale donc activité de l’esprit, mise en œuvre du caractère. La paresse de l’esprit mène à l’indiscipline comme l’insubordination » (1). Des réflexions inspirées, occultées en mai 1940, période sombre dont on célèbre la mémoire avec un regard neuf qui met la technicité et la ténacité françaises à une plus juste place.

L’autre thème développé est celui de la Méditerranée et du Proche-Orient. Le tour d’horizon stratégique qui vous est proposé permet de regarder la situation actuelle avec des clés nouvelles ; et le forum de la RDN complète cette analyse en la raccordant à la question des confins orientaux de l’Europe traitée le mois dernier. Comme toujours opinions variées, repères et rapports divers, recensions circonstanciées ponctuent ce numéro et ouvrent l’angle du débat stratégique français. Merci à l’apport remarqué de la promotion Maréchal Lyautey du Collège interarmées de Défense (CID).

Notez notre assemblée générale le 15 juin à l’École militaire ; nous vous y attendons pour débattre de notre ligne éditoriale et mettre l’avenir en perspective stratégique.


(1) Des principes de la guerre, Paris, Berger-Levrault et Cie, 1903 ; « Discipline intellectuelle… », p. 94/96 et 266.

Jean Dufourcq

Revue Défense Nationale - Mai 2010 - n° 730

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