C'est Pierre Hassner qui ouvre ce numéro, en nous rappelant l'incertitude du monde et l'effacement des déterminismes qui l'organisaient récemment encore ; nous reviendrons bientôt sur les questions nucléaires et les engagements militaires qu'il évoque comme champs de tensions entre politique et stratégie. Lire la suite

  p. 1-1

La grammaire stratégique classique n'a plus cours. À sa place des règles incertaines et des frontières diffuses entre politique et stratégie et deux champs de confusion ; celui des armes nucléaires et celui de l'intervention militaire qu'explore l'auteur. Lire les premières lignes

  p. 5-11

Pour se positionner comme acteur politique dans un espace mondial en recomposition, une stratégie géopolitique reposant sur la maîtrise du territoire serait utile à l'Union européenne. Identifier ses frontières, ses priorités géographiques et ses alliances lui faciliterait son insertion dans la balance mondiale. Lire les premières lignes

  p. 13-20

La réussite des opérations Partenariats public-privé (PPP) ou des projets d'externalisation suppose qu'ils soient compatibles des exigences opérationnelles et que soient remplies quatre conditions dirimantes : l'existence d'un marché régulant les prix, l'existence d'une offre pérenne répondant aux besoins, un coût substantiellement et durablement moindre, des solutions de reclassement du personnel. Lire les premières lignes

  p. 23-26

Les acteurs privés interviennent de plus en plus dans les conflits armés soit en supplétifs, soit en alternative, soit en prolongement des forces armées. Pourquoi renoue-t-on avec cette tradition ? Quelles en sont les limites ? Lire les premières lignes

  p. 27-32

Pour atteindre les objectifs fixés par la Loi de programmation militaire 2009-2014, dont les économies ont déjà été réinvesties dans des commandes d'équipements qui restent à payer, de nouveaux partenariats doivent être développés entre le ministère de la Défense et les entreprises qui le souhaitent. Le retour d'expérience recueilli chez nos voisins britanniques et, surtout, allemands montre que le cadre des partenariats public privé institutionnalisés constitue une solution adaptée et une clef pour la performance. Lire les premières lignes

  p. 33-38

Le reclassement de l'Europe dans le nouvel ordre mondial appelle un projet européen réaliste et mobilisateur. Les incertitudes qui pèsent sur l'Est de l'Europe, espace contrasté mais animé par une stratégie russe de reconquête économique des confins orientaux de l'Union européenne, appellent à un dialogue renouvelé avec la Russie. Lire les premières lignes

  p. 39-46

Maillon essentiel entre Europe orientale et Asie centrale, la mer Caspienne est une plateforme énergétique d'intérêt stratégique. C'est là qu'interfèrent les entreprises des Européens et de la Russie mais aussi de la Chine et des États-Unis. L'arbitrage de leurs positions est entre les mains des pays producteurs d'Asie centrale. Lire les premières lignes

  p. 47-54

Troisième doctrine militaire russe depuis la fin de la guerre froide, le document du 5 février dernier n'apporte guère d'éléments nouveaux sur la posture stratégique de la Fédération de Russie. Le temps des débats et de la dialectique semble passé. Le temps d'un nouveau Traité paneuropéen de sécurité commencerait-il ? Lire les premières lignes

  p. 55-59

Le président russe Medvedev a présenté en juin 2008 une initiative de politique internationale visant à adopter un nouveau traité de sécurité paneuropéenne. Cette proposition, accueillie diversement, a mis en lumière une organisation peu visible dans le champ géopolitique euro-atlantique : l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC). Évaluer cette structure et sa capacité à jouer un rôle dans les problématiques sécuritaires régionales en double concurrence avec l'Otan d'un côté et l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) de l'autre est l'objet de cette réflexion. Lire les premières lignes

  p. 61-67

Il est des objets auxquels il est dangereux de penser. Ainsi de soi. Le Connais-toi toi-même a ses limites, n’en déplaise au bon docteur Freud : tout connaître de soi empêcherait qu’on vive, et il est heureux que le débat sur l’identité française ait tourné court. Voyez aussi le temps et ce qu’en dit Augustin. Le temps ne fait que passer et le présent n’existe pas : niché dans le futur, il meurt dès qu’il est là, aussitôt enseveli dans l’immense cimetière des choses advenues. Lire la suite

  p. 68-68

Repères - Opinions - Débats

La Russie intrigue et inquiète. Ce pays que l'on connaît mal, qui fait face à des défis majeurs, économique et politique, échappe aux règles des vieilles démocraties de l'Europe de l'Ouest. Comment éviter que les nombreux malentendus qui le concernent créent de nouvelles fractures en Europe ? Lire les premières lignes

  p. 71-75

La maîtrise des armements conventionnels est un outil essentiel de la sécurité collective en Europe, de l'Atlantique à l'Oural. Hérité de la guerre froide, ce système date et semble désormais contesté faute d'évolutions, et ce, malgré les preuves passées de son efficacité. Le renouvellement des armements conventionnels et le conflit d'août 2008 en Géorgie viennent en rappeler la pertinence. L'auteur défend sa nécessaire modernisation. Lire les premières lignes

  p. 77-82

Sous-traiter, privatiser la guerre à des experts pourquoi pas ? À condition d'obtenir la même réactivité, la même sureté, la même interopérabilité que celles qu'offrent les forces régulières. Mais cette formule ne doit pas suppléer des impasses capacitaires. Lire les premières lignes

  p. 83-88

Pour beaucoup de sociologues, notre époque se caractériserait par une omniprésence des risques. On parle ainsi de « société du risque », voire de « civilisation du risque ». Pour Clausewitz, si la guerre est un « caméléon », c'est que chaque nation la mène selon des modes qui correspondent aux caractéristiques sociétales de son époque. Comment la prégnance d'une culture des risques a-t-elle modifié notre manière de faire la guerre ? Lire les premières lignes

  p. 89-95

L'aseptisation du débat sur les conflits actuels prépare mal nos contemporains à la violence de la conflictualité ambiante. Il faut d'urgence restaurer la légitimité de l'emploi de la force militaire et mieux préparer l'opinion à l'engagement des armées sur le terrain. Lire les premières lignes

  p. 96-98

Le ministère de la Défense est le premier propriétaire foncier de France ! Son souci de la biodiversité passe par une série d'actions et de protocoles spécifiques, mais aussi de partenariats nouveaux que révèle cet article. Lire les premières lignes

  p. 99-102

Revues - Rapports

Depuis la disparition de la conscription, on se soucie beaucoup de l’esprit de défense, concept nouveau qui a remplacé un patriotisme désuet et passablement suspect. L’institution militaire cherche des relais pour assurer la diffusion de cet esprit de défense qui ne va plus de soi, puisque la masse des Français n’a désormais plus de contact direct avec l’armée. Le phénomène doit encore s’aggraver dans les années qui viennent avec la réduction inéluctable du nombre des implantations militaires. Des villes aussi importantes que Nantes ou Montpellier n’auront désormais plus aucune présence militaire. Dans ces conditions, il est impératif de trouver de nouveaux relais, d’où la multiplication d’initiatives comme la réserve citoyenne, censée maintenir un lien entre l’armée et les civils. Lire les premières lignes

  p. 105-107

C’est certainement pour la dernière fois au cours de son « mandat » que le général d’armée Georgelin, chef d’état-major des armées, devait être auditionné par la Commission de la défense nationale et des forces armées le 9 février 2010. Il lui avait été demandé de faire le point sur les opérations extérieures dans lesquelles la France se trouvait actuellement engagée, quelques mois après sa dernière intervention sur ce thème. Le Cema a initialement brossé un panorama de l’évolution de nos opérations extérieures sur l’année écoulée, avant d’exposer aux membres de la Commission les enseignements qu’il en tirait à son niveau, puis les conséquences et les défis auxquels nos armées risquaient d’être confrontées. Lire les premières lignes

  p. 107-109

La lecture de la presse étrangère l’atteste : depuis l’été 2009, les Européens ont redécouvert les grandes questions stratégiques. Longtemps cloisonnés au sein des institutions étatiques, les débats sont de plus en plus nombreux et ont atteint le grand public. Ce renouveau d’intérêt correspond à des réalités stratégiques devenues impossibles à ignorer. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les forces européennes n’ont jamais mené autant d’opérations qu’aujourd’hui. Cependant, la majorité des Européens a longtemps préféré ne pas se préoccuper de la situation géopolitique. Pour ces derniers, l’envoi de forces juste équipées et organisées afin de participer à des missions de basse intensité était suffisant. Pour les autres, les engagements en Afghanistan et ailleurs étaient occultés par le conflit le plus médiatisé du moment : l’Irak. Par conséquent, quasiment aucun pays européen n’a songé à se doter d’une doctrine d’emploi, de forces et de moyens nécessaires permettant de participer efficacement à des conflits devenus asymétriques. Lire les premières lignes

  p. 110-111

L’évolution de l’environnement international a nécessité la définition d’une nouvelle stratégie de sécurité pour la France, à laquelle concourt, parmi d’autres politiques publiques, la politique de défense. Parer aux risques et aux menaces susceptibles de porter atteinte à la vie de la nation (1), tel est l’objet de cette stratégie développée dans le Livre blanc de 2008. Lire les premières lignes

  p. 112-114

Une étude du Rand Arroyo Center, émanation de la Rand corporation (1), intitulée « A stability police force for the United States » (2) et conduite au profit de l’US Army analyse le besoin d’une force de police spécialisée déployable à l’étranger et apte à combler l’espace entre des forces militaires et une police civile. Elle remplirait des missions de maintien et de rétablissement de l’ordre, d’intervention hautement spécialisée et de police judiciaire incluant des enquêtes sur des organisations criminelles, dans un contexte d’opérations multinationales (3)Lire les premières lignes

  p. 114-117

La politique étrangère américaine évolua en 2009 dans des cadres contraints par la crise financière et par le choix initial de l’Administration Obama de traiter tous les dossiers de front compte tenu de leurs interdépendances supposées. Après le temps de l’audit est venu celui des hiérarchisations et, sinon d’une « grande » stratégie, du moins d’une synthèse, d’un « paragraphe » selon la formule de George Kennan en 1994 (1)Lire les premières lignes

  p. 117-120

L’énergie est le véritable moteur de l’économie et du développement social. Comme la consommation énergétique en Chine est entrée dans une période de croissance rapide, il lui faut adopter des stratégies de développement durable en matière d’énergie et mener à bien la prospection, l’exploitation, la production et l’utilisation efficace des ressources énergétiques pour garantir le développement stable et à long terme de son économie nationale. La sécurité énergétique de la Chine est donc un impératif stratégique. Lire les premières lignes

  p. 121-126

Alors que ce printemps risque d’être décisif en Afghanistan, le parcours des principales revues de défense de nos Alliés européens permet d’avoir une idée précise de leurs préoccupations, dont le point commun reste le théâtre afghan. Lire les premières lignes

  p. 126-128

Recensions

Émile H. Malet : Le capitalisme contre le monde  ; Éditions du Cerf, 2009 ; 260 pages - Pierre-Dominique Ornano (d')

Dans un désordre sympathique que légitiment la passion et l’engagement, Émile H. Malet brosse le portrait au vitriol d’un capitalisme sans morale, d’une sphère politique qui se délite et d’une mondialisation égoïste oublieuse de l’homme. Pour l’auteur, le salut, nécessaire et urgent, ne peut venir que de la réhabilitation du discours politique, de l’ouverture à l’autre dans le multilatéralisme et la progression considérable des mobilités. Lire la suite

  p. 129-131

Catherine Durandin (avec la participation de Guy Hoedts) : La mort des Ceausescu - La vérité sur un coup d'État communiste  ; Bourin Éditeur, 2009 ; 213 pages - Henri Paris

La mémoire conserve le souvenir d’une scène télévisée tournée à Timisoara en Roumanie en décembre 1989, scène qui s’est révélée un montage éhonté : une femme morte dénudée, terreuse, entravée par du fil de fer barbelé et sur son ventre, le cadavre de son bébé également nu et terreux. Tout pour émouvoir la sensibilité des foules ! Il se révéla que les médias avaient été manipulés. Les cadavres sortaient de la morgue de Timisoara et le bébé n’était pas celui de la morte. Très simplement, il n’y avait pas eu de massacre. Lire la suite

  p. 131-132

Georges-Henri Bricet des Vallons : Irak, terre mercenaire. Les armées privées remplacent les troupes américaines  ; Favre, Lausanne, 2009 ; 268 pages - Claude Le Borgne

La privatisation de leurs activités est, pour les bons militaires, une hypothèse scandaleuse. Inquiétante pour eux, la perspective l’est aussi pour tous : elle bouscule l’ordre des choses internationales. Georges-Henri Bricet des Vallons ne va pas nous rassurer. C’est l’Amérique en ses œuvres irakiennes qu’il nous invite à juger, avec une sévérité qu’annonce, dans une préface explosive, Jean-Philippe Immarigeon. Lire la suite

  p. 132-133

Éric Seizelet et Régine Serra : Le Pacifisme à l'épreuve  ; Les Belles Lettres, 2009 ; 209 pages - Pierre Morisot

L’argument est simple et ne saurait surprendre. Comme nul ne l’ignore, à l’image d’une Allemagne longtemps dominée par le militarisme prussien, le Japon des Shoguns s’est trouvé d’un coup battu, atomisé, rassasié d’aventures et ficelé par la loi des vainqueurs. Un fameux article 9 soufflé par MacArthur a institué au départ un « pacifisme constitutionnel » procurant au fond, toute honte bue, un certain confort sur le plan politique et la possibilité d’accorder la priorité à des activités plus rémunératrices. Voici comment on devient à la fois, selon la formule consacrée et pour peu qu’on soit travailleur et patriote, « un géant économique et un nain politique ». Situation bancale pourtant, car l’expérience prouve, comme le disait Staline et malgré le contre-exemple d’un Vatican sous Jean-Paul II, qu’il est difficile de se faire prendre au sérieux à la table mondiale, par exemple d’acquérir un siège permanent au Conseil de sécurité, sans un minimum de crédibilité militaire. La « diplomatie du chéquier » a ses limites. Lire la suite

  p. 133-134

Tariq Ramadan : Mon intime conviction  ; Presses du Châtelet, 2009 ; 185 pages - Claude Le Borgne

Je dérange, dit Tariq Ramadan, on ne sait « où me placer ». Il a raison et cette ignorance est gênante. Musulman militant, il enseigne en Angleterre, aux Pays-Bas, au Japon, en Amérique à l’université Notre Dame (doux Jésus !) et tient, en France, une place obsédante sur nos plateaux de télévision. C’est pour lever cette indétermination qu’il a écrit ce livre. Précipitons-nous ! Hélas, lecture faite, le gogo restera gogo et le lecteur attentif inquiet, et de ce qu’il aura lu, et de ce qu’il n’y aura pas trouvé. Lire la suite

  p. 135-135

Gilles Lapouge : La légende de la géographie  ; Albin Michel, 2009 ; 276 pages - Claude Le Borgne

Cet essai est un délice. La géographie qu’aime l’auteur n’est pas classique, son imprécision fait son charme. Celle du géographe est tout autre. Elle évite aux hommes de se perdre. Elle leur offre des repères, « elle met de la logique dans le fatras ». Elle rend lisible l’illisible, fait du chaos une carte et délimite la civilisation : « le Barbare est celui qui est né au large de toute géographie ». Lapouge, lui, n’aime pas les frontières ; du moins ne les aimait-il pas jusqu’à ce que le 11 septembre 2001 ne lui en fasse découvrir la vertu : le « village mondial » est une horreur, théâtre d’une guerre innommable et sans borne. Aussi sommes-nous condamnés à la géographie : IGN et GPS veillent, interdit de se perdre ! La terre pourtant, quand les hommes ne seront plus, aura le dernier mot : « les vagues continueront à faire leur fourbi même quand il n’y aura plus personne pour les entendre ».

  p. 136-136

Rémi Monaque : Suffren  ; Tallandier, 2009 ; 494 pages - Christophe Charnay

Qui ne connaît le Bailli de Suffren se délectera des pages écrites par Rémi Monaque à son sujet. L’auteur, qui n’est pas à son coup d’essai en matière de biographies de marins, nous dresse un portrait saisissant de l’homme, du stratège génial et du médiocre tacticien, du chef respecté de ses hommes, dont il prenait le plus grand soin mais le plus souvent honni des officiers ayant à servir sous ses ordres, probablement du fait de sa tenue débraillée, de son langage vulgaire, mais aussi de sa dureté envers eux. Un exemple ? Cette invective à l’un de ses capitaines : « Si vous craignez les boulets anglais, je vous en enverrai des français ! ». Lire la suite

  p. 136-137

Marc Audigier, Bernard Norlain et Patrick Rassat : Mondialisation et Défense  ; Lavauzelle, 2009 ; 202 pages - Christophe Charnay

Entre 2002 et 2008, la Commission Économie et Défense de l’Association des Auditeurs de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale), s’attachant à développer une réflexion et des prospectives sur les relations entre l’économie et la défense, a auditionné pas moins de treize personnalités du paysage politique et économique français. Ces entretiens et conférences sont publiés aujourd’hui, pour le plus grand bonheur du lecteur désireux d’ouvrir son approche de la défense mais également d’approfondir sa réflexion sur les grands thèmes du développement et de la mondialisation. Lire la suite

  p. 137-137

La RDN tient à saluer la mémoire de l’amiral Henri Labrousse décédé le 20 février 2010 qui d’avril 1958 (« L’Éthiopie et la mer ») à avril 2004 (« Les problèmes du golfe Arabo-Persique ») aura informé les lecteurs de la Revue sur les questions stratégiques de l’océan Indien dont il était un expert reconnu et apprécié.

  p. 137-137

Revue Défense Nationale - Avril 2010 - n° 729

The language of strategy has changed: a traditional, well-defined set of rules has been replaced by a new one in which all is vague. The dividing line between policy and strategy has become shadowy and confusion reigns over the role of nuclear weapons and the use of military intervention.

If the European Union wants to be a serious political player in a rapidly changing world, it needs to devise a geopolitical strategy based on where its territorial interests lie. In defining its boundaries, geographical priorities and alliances, the ability to bring its weight to bear in the world order will be greatly enhanced.

If public-private partnerships (PPP) and outsourcing projects are to be successful, they have to be compatible with operational requirements and also follow four guiding principles: that there is a free market that regulates pricing, that a long-term supply exists to meet the need, that overall cost is substantially lower in the long term and that there are ways to redeploy personnel.

Increasingly, private organisations are becoming involved in armed conflicts in a supporting role, as an alternative option or as an extension of the armed forces. Why is this tradition being revived, and where is the limit?

To reach the targets set in the defence spending plan covering the period 2009-2014, from which savings have already been spent on as yet unpaid-for equipment orders, the Ministry of Defence will need to develop new partnerships with willing industrial concerns. Feedback from British and German experience of PPP shows that institutionalised public-private partnerships can provide tailored solutions and be a key to performance.

Finding a place for Europe in the new world order calls for a realistic and inspiring European project. Eastern Europe is an area full of contrast though bogged down by uncertainty arising from the Russian strategy of renewed economic domination of the EU’s eastern limits. A fresh dialogue with Russia is called for.

As well as being an essential link between Eastern Europe and Central Asia, the Caspian Sea is an abundant energy source of strategic importance. European and Russian companies come into conflict in the area, as do those of China and the United States. How interests will pan out lies in the hands of Central Asian countries.

On 5 February, Russia published the third version of its military doctrine since the end of the Cold War, a document that brings virtually nothing new to the posture of the Russian Federation. The time is perhaps right to end debate and analysis and to look anew at a pan-European security treaty.

In June 2008 the Russian President Medvedev launched an international political initiative aimed at the adoption of a new pan-European security treaty. His widely welcomed proposal incidentally inspired interest in an organisation little known in the field of Euro-Atlantic geopolitics, the Collective Security Treaty Organisation (CSTO). This article takes a look at it and how it might play a role in regional security issues against a background of competition from NATO in the west and the Shanghai Cooperation Organisation (SCO) in the east.

Opinions and Viewpoints

Russia both intrigues and worries us. This country, of which we know remarkably little, is having to face up to major economic and political challenges without the guiding or constraining rules of the old democracies of Western Europe. How can we prevent the many misunderstandings about the country from creating new schisms in Europe?

Conventional arms control is critical to security in Europe, from the Atlantic to the Urals. Conceived during the Cold War, the system is now being criticised for its lack of ability to change with the times, despite having proved its effectiveness in the past. Widespread renewal of conventional weapons and the conflict in Georgia in August 2008 serve to remind us of its continuing pertinence. The author sees modernisation of the system as essential.

Why not subcontract or privatise war? Indeed, why not, so long as the same reactivity and levels of security and operability as those offered by regular forces can be achieved? That said, such a formula must not be an excuse for getting round lack of capability.

For many sociologists, our times are characterised by omnipresent risk, and they speak of the risk society or even the risk civilisation. Clausewitz said that war is like a chameleon, in that each country wages it in its own fashion according to the mores of contemporary society. Here, we take a look at how the impact of a risk culture has modified our way of waging war.

The increasing sterility of debate surrounding current conflicts ill prepares our generation for the violence of warfare. There is an urgent need to re-educate people on the legitimacy of use of force, and thus prepare public opinion for the commitment of forces in theatre.

The Ministry of Defence is the biggest property owner in France. Its concern for biodiversity is manifest in a number of activities, special protocols and new partnerships, as revealed in this article.

Book reviews

Émile H. Malet : Le capitalisme contre le monde  ; Éditions du Cerf, 2009 ; 260 pages - Pierre-Dominique Ornano (d')

Catherine Durandin (avec la participation de Guy Hoedts) : La mort des Ceausescu - La vérité sur un coup d'État communiste  ; Bourin Éditeur, 2009 ; 213 pages - Henri Paris

Georges-Henri Bricet des Vallons : Irak, terre mercenaire. Les armées privées remplacent les troupes américaines  ; Favre, Lausanne, 2009 ; 268 pages - Claude Le Borgne

Éric Seizelet et Régine Serra : Le Pacifisme à l'épreuve  ; Les Belles Lettres, 2009 ; 209 pages - Pierre Morisot

Tariq Ramadan : Mon intime conviction  ; Presses du Châtelet, 2009 ; 185 pages - Claude Le Borgne

Gilles Lapouge : La légende de la géographie  ; Albin Michel, 2009 ; 276 pages - Claude Le Borgne

Rémi Monaque : Suffren  ; Tallandier, 2009 ; 494 pages - Christophe Charnay

Marc Audigier, Bernard Norlain et Patrick Rassat : Mondialisation et Défense  ; Lavauzelle, 2009 ; 202 pages - Christophe Charnay

Revue Défense Nationale - Avril 2010 - n° 729

C'est Pierre Hassner qui ouvre ce numéro, en nous rappelant l'incertitude du monde et l'effacement des déterminismes qui l'organisaient récemment encore ; nous reviendrons bientôt sur les questions nucléaires et les engagements militaires qu'il évoque comme champs de tensions entre politique et stratégie.

La vaste problématique qui sous-tend les dossiers du mois d'avril expose d'une part la dynamique des partenariats et des externalisations qu'a enclenchés le ministère de la Défense et d'autre part le puzzle des espaces orientaux situés à l'est de l'Europe. Dans ces secteurs où l'actualité est quotidienne, l'entreprise européenne devrait jouer un rôle clé, au nom de la mutualisation des efforts et de la diplomatie réventive. Or il n'en est rien. Pourquoi ?

Tentons une explication. La construction européenne résulte dès les origines d'une nécessité et d'un pari : nécessité de mettre fin à l'histoire tragique d'un continent labouré par les guerres nationales et pari de l'intérêt général européen qui prévaudrait sur les intérêts particuliers nationaux. Or il est clair qu'aujourd'hui si la coopération interétatique a remplacé les guerres en Europe, on est encore loin d'une intégration européenne, la crise l'a montré. On peut en effet soutenir que faute de vision géopolitique suffisante la construction européenne a été enrôlée, parfois par complaisance, parfois à son insu, dans d'autres manoeuvres qui l'ont empêchée de gagner le pari initial : manoeuvre économique de dérégulation libérale qu'a menée la Commission européenne et manoeuvre stratégique d'élargissement à l'est qu'a conduite l'Otan. En plus d'un retard à approfondir son projet politique, il en est résulté pour l'Union européenne une périphérisation progressive (le mot n'est pas consonant mais fort utile) et une incertitude sur son positionnement stratégique.

C'est particulièrement vrai si l'on considère l'Est du continent européen, sa structuration, sa délimitation, son articulation avec l'Asie centrale et avec une Fédération de Russie qui, forte de sa rente énergétique, cherche à renforcer son contrôle économique dans toutes les directions. C'est aussi vrai à l'ouest avec la tentation d'ériger un monde transatlantique organisé par les États-Unis et dont l'Union européenne serait le simple contrefort occidental. Telle est, selon moi, l'une des causes de l'actuel malaise stratégique européen. Y remédier supposerait de l'identifier clairement. P.-E. Thomann propose dans une tribune unangle d'attaque résolument géopolitique pour le résorber et consolider l'avenir de l'Union.

Le débat stratégique se poursuit dans ce numéro : année de la Russie en France, biodiversité, pédagogie de la violence guerrière… Les chroniques parlent d'États-Unis, d'intérêts énergétiques chinois, de débats stratégiques dans les pays d'Europe, transmettent la vision d'Hervé Coutau-Bégarie sur l'esprit et la presse de défense et relatent le dernier message opérationnel du général Georgelin, qui vient de quitter sa mission de Cema, aux députés. Les recensions continuent à défricher la production stratégique. La préparation du colloque (CID, HEC, ENA) du 26 mai sur la compétitivité stratégique se poursuit et les assises de la pensée stratégique se préparent sous l'égide du CSFRS…

Nous avons rencontré des difficultés techniques pour alimenter notre site www.defnat.com au mois de mars ; elles sont résolues. Nous sommes heureux de vous y accueillir avec nos archives, notre édition numérique et la version anglaise d'avril.

Jean Dufourcq

Revue Défense Nationale - Avril 2010 - n° 729

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.