Décembre 2014 - n° 775

Renseignement et Intelligence

Le temps des dividendes de la paix est depuis longtemps révolu, n'en déplaise aux idéalistes. L’instabilité du monde est désormais une constante et impose une révision drastique des enjeux de sécurité et de défense pour notre pays et l'Europe. L’illusion d'une Europe en paix avec ses voisins proches est en train de voler en éclat sous les coups des nationalismes et des fanatismes, alors même que la prospérité, facteur de stabilité, n'est plus une perspective mais un souvenir. L’effondrement du Levant, l'éclatement de l'Ukraine ou les tensions en mer de Chine nous le rappellent au quotidien. Le retrait d'Afghanistan est aussi synonyme d'incertitude et non d'un succès garanti dans le temps. Il ne se passe pas non plus une semaine sans que nos forces n'interviennent dans l'immensité de la bande sahélo-saharienne contre les bandes terroristes. Lire la suite

  p. 1-1

Le mur de Berlin a volé en éclat il y a un quart de siècle, avec des changements majeurs notamment pour l'Europe. Cependant, la stabilité et la sécurité espérées alors ne sont plus aujourd'hui d'actualité et les ten­sions géopolitiques obligent à revoir notre stratégie. Lire les premières lignes

  p. 5-6

Penser la stratégie de demain et concevoir la défense française face à un monde plus complexe imposent de revoir le modèle de réflexion actuel qui a trop écarté les officiers de ce débat. Il devient urgent d'arrêter de «démilitariser» la réflexion stratégique et d'y associer ceux qui mettent en œuvre les armes du pays. Lire les premières lignes

  p. 7-11
  p. 12-12

Renseignement et Intelligence

Le renseignement est un exercice difficile où l'intuition ne suffit plus. L’apport des sciences sociales, la capacité à traiter des « data » numériques, et la capacité à innover deviennent indispensables pour le renseignement et la France dispose de nombreux atouts dans ce domaine, à condition de faire preuve d'audace en dépassant les routines administratives. Lire les premières lignes

  p. 15-22

Le développement exponentiel d'Internet et des réseaux sociaux pose le problème de la cybersurveillance des individus par les États et leurs agences de renseignement. Les libertés individuelles peuvent être menacées alors que les programmes de surveillance ne cessent de se développer au nom de la lutte antiterroriste. Concilier liberté et sécurité pourrait devenir antinomique. Lire les premières lignes

  p. 23-32

La crise syrienne puis irakienne a mis en évidence une nouvelle forme du jihad contre l'Occident avec l'utilisation massive d'Internet et des réseaux sociaux, notamment pour recruter de jeunes djihadistes en Europe. Le cyberdjihad constitue un véritable défi, en particulier pour le renseignement et exige de nouvelles réponses. Lire les premières lignes

  p. 33-39

Les Russes ont donné une nouvelle dimension à la guerre hybride par l'utilisation offensive des médias sociaux depuis le début de la crise. Composante à part entière de leur Approche globale, les médias sociaux sont un outil-clé des opérations d'influence. Les Occidentaux et !'Alliance atlantique s'interrogent encore sur les réponses à apporter. Lire les premières lignes

  p. 40-44

Le renseignement d'origine aérienne est un facteur décisif pour la conduite des opérations, tant en amont que durant la phase de conduite. Les capacités mises en œuvre par l'Armée de l'air contribuent donc à cette fonction en apportant un spectre très large et répondant aux besoins stratégiques et tactiques dont la France a besoin. Lire les premières lignes

  p. 45-50

Contrepoint

La puissance des États-Unis puise ses racines dans l'histoire d'un pays-continent, à la fois terre de conquête intérieure et terre de départ vers les espaces maritimes, avec la constitution d'une société naturellement ouverte vers l'extérieur et qui reste marquée par l'esprit d'innovation, l'esprit pionnier! Lire les premières lignes

  p. 51-57

Définir la puissance aérienne reste complexe et ne se limite pas à un catalogue de capacités comme des avions ou des bases aériennes. De même, mesurer l'efficacité de l'action aérienne reste une tâche difficile, en particulier lors de la conduite des opérations. Au-delà des chiffres, la réalité de la puissance aérienne reste du domaine de la perception, avec ses ambiguïtés. Lire les premières lignes

  p. 59-62

À l'heure de la mondialisation des économies et donc de l'explosion du trafic maritime, la puissance maritime est à nouveau un enjeu majeur dont la perception reste variable et souvent méconnue, y compris pour la France avec sa dimension terrestre très ancrée dans les mentalités. Or, développer une vraie vision de l'espace maritime est aujourd'hui un impératif stratégique. Lire les premières lignes

  p. 63-69
  p. 70-70

Repères - Opinions

Le désarmement, en particulier nucléaire, reste un sujet majeur sur l'échiquier diplomatique international. Si l'Iran est au cœur de discussions plutôt laborieuses, d'autres initiatives, souvent portées par l'opinion publique internationale, restent d'actualité. Il faut cependant rester réaliste, car les événements de l'été 2014, entre Ukraine et Irak, n'inciteront guère les États leaders à s'engager dans une réduction massive de leurs armements. Lire les premières lignes

  p. 73-77

La crise lancinante du Moyen-Orient, accélérée ces derniers mois par l'émergence d'une nouvelle entité autoproclamée en Califat, montre que la géopolitique de cet espace est en plein bouleversement, sans que l'on puisse espérer, à court terme, une vraie stabilisation. Le piège est en train de se refermer sans que des solutions pérennes se profilent, au grand désarroi de populations à la fois bourreaux et victimes d'une violence sans limite. Lire les premières lignes

  p. 78-86

La compréhension du terrorisme islamiste est un enjeu majeur pour la sécurité mondiale avec la difficulté d'une mutation permanente depuis les attaques du 11 septembre 2001 clairement adressées à l'Occident jusqu'à l'affrontement actuel entre Chiites et Sunnites, où la haine interreligieuse est en train de modifier durablement l'espace moyen-oriental. Lire les premières lignes

  p. 87-92

La Russie de Poutine inquiète à l'heure de la crise ukrainienne. Comprendre l'évolution de la société russe est indispensable pour mieux discerner les enjeux stratégiques. De fait, la perception de la chute de l'URSS reste centrale avec une approche très différente pour les Russes qui retrouvent désormais une fierté avec le retour de la « nouvelle Russie ». Lire les premières lignes

  p. 93-101

La violence devient une banalité de tous les jours dans le septentrion du Cameroun. Boko Haram, en l'occurrence, se vend bien. Cette déférence s'étale au grand jour dans des conceptions univoques, substantialistes du mouvement djihadiste encaqué dans le vocable de « terrorisme », Le succès populaire de l'expression incite donc à s'y arrêter. En fait, réelles ou instrumentalisées, les violences labellisées « Boko Haram » entraînent une action de l'État. Lire les premières lignes

  p. 102-108

Le réchauffement climatique rend la route vers l'Arctique plus accessible avec un potentiel de ressources attirant les convoitises. Les enjeux deviennent essentiels entre besoins économiques, préservation de l'environnement et ambitions stratégiques. Les approches des pays limitrophes sont divergentes et pourraient entraîner des confrontations. Lire les premières lignes

  p. 109-112

Faut-il encore rêver « d'Europe de la défense » ou bien, au regard des réalités et repoussant cette vision à un horizon toujours plus glissant, faut-il, par simple esprit de responsabilité, reconstruire notre « défense sans l'Europe», en préservant d'abord ce qui reste de la nôtre ? Cette question est de moins en moins théorique. Lire les premières lignes

  p. 113-114

La mer de Chine constitue un enjeu pour la Chine et sa volonté de puissance. Face aux exigences des pays voisins et à la présence américaine comme acteur de nécessité, Pékin doit admettre une approche moins unilatérale et accepter un dialogue constructif. Lire les premières lignes

  p. 115-119

Chronique

Dans une partie de poker, le bluff est omniprésent. Cette action insidieuse consiste à désinformer en permanence les autres participants pour les persuader que l’on dispose d’une meilleure donne qu’en réalité. Dans ce jeu subtil où l’imagination reste sans limites, il s’agit de faire croire à une situation qui n’existe pas. Cette méthode de mise en scène est employée depuis la nuit des temps dans les affrontements militaires. Par une série de montages de vrais faux événements, ce stratagème vise à déstabiliser un adversaire et donc à l’entraîner à prendre des mesures contraires à ses intérêts. C’est l’un des ingrédients essentiels de la surprise stratégique, ce paramètre fondamental qui permet de retourner des conjonctures délicates. Lire les premières lignes

  p. 121-122

Recensions

Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges (dir.) : Ramses 2015 (rapport annuel de l’Ifri)  ; Dunod, 2014 ; 402 pages - Claude Le Borgne

Chaque année, le rapport de l’Ifri change de thème. Celui de 2015 analyse le monde au prisme de « l’émergence ». Le concept désigne la capacité d’un État submergé à rejoindre à la surface ceux qui flottent. Lire la suite

  p. 123-123

Jean-José Ségéric : La Chine et le Traité de Versailles (1919) - Une trahison occidentale  ; L’Harmattan, 2014 ; 278 pages - Maurice Kopecky

Au tout début de la Première Guerre mondiale, le Japon qui avait choisi le camp des Alliés (Grande-Bretagne, France, Russie) chassa les Allemands à la fois de leur base comptoir de Kiao-Tchéou au Shantung, position acquise par le procédé de la canonnière en 1898, et des autres possessions coloniales acquises dans le Pacifique. Contre toute attente, au lieu de rétablir immédiatement la pleine souveraineté de la Chine sur sa province, les décideurs du Traité de Versailles transférèrent au Japon les droits ex-allemands sur le Shantung. Il avait été donné satisfaction au chantage japonais au détriment de la Chine pour sauver la SDN. Le danger aurait été évité d’une alliance Japon-Russie-Allemagne. La Chine s’estima trahie par l’Occident, à juste titre. Lire la suite

  p. 124-125

François Farcy et Jean-François Gayraud : Le renseignement criminel  ; CNRS  Éditions, 2014 ; 136 pages - Édouard Decaen

Avec la création en mai 2014 de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSE) et de la réforme des pratiques liées au renseignement qui en découle, il semblerait que la réédition de ce livre tombe à point nommé. De manière plus générale, force est de constater que le contexte dans lequel nous vivons a changé depuis vingt ans avec, de manière presque synchronisée, la fin du monde bipolaire et la naissance de nouveaux moyens de communication. Ces bouleversements ont eu des conséquences sur la nature du crime et des criminels et c’est en cela qu’un ouvrage synthétisant cette problématique trouve sa pertinence. Lire la suite

  p. 125-126

Jean-Paul Cointet : Hitler et la France  ; Perrin, 2014 ; 430 pages - Jérôme Pellistrandi

Il n’est plus nécessaire de présenter l’éminent historien qu’est Jean-Paul Cointet. Ses nombreuses publications sur la Seconde Guerre mondiale et le Régime de Vichy font autorité. Il n’empêche que son dernier livre est non seulement passionnant mais indispensable à l’heure où de brillants polémistes réécrivent l’histoire pour l’adapter à leurs thèses. Le vrai historien – l’expert de la science historique – adopte la démarche inverse en partant des faits et des sources vérifiées. Jean-Paul Cointet avec son Hitler et la France fait ainsi œuvre utile et salutaire. Lire la suite

  p. 126-128

Contre-amiral Daveluy : La lutte pour l’empire de la mer (1906)  ; réédition avec la participation de l’Amiral Benoit Chomel de Jarnieu ; Les presses du Midi, 2014 ; 220 pages - Jean Dufourcq

En rééditant l’essai célèbre de son arrière-grand-père, l’Amiral Chomel de Jarnieu fait non seulement œuvre familiale et historique mais il honore la réflexion stratégique dans ce qu’elle a de plus pertinent et de plus nécessaire. Écrivant près de dix ans avant la Première Guerre mondiale, le jeune capitaine de frégate d’alors confrontait un événement naval d’ampleur, la guerre russo-japonaise et la bataille de Tsushima de 1905, aux travaux qu’il conduisait sur la doctrine navale de la Marine nationale. Lire la suite

  p. 128-128

Alain Crémieux : H  ; Edilivre (www.edilivre.com), 2014 ; 290 pages - Daniel Jouan

Nous sommes au XXIe siècle. À Brest, au mois de juin, le capitaine de vaisseau Le Clerc, commandant du sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) De Grasse s’apprête à partir en patrouille pour deux mois. Il est soucieux. Non pas parce qu’il pense aux multiples activités qu’il aura à accomplir à bord, car ce n’est pas sa première patrouille, et il est rompu à toutes ces responsabilités. Ni à cause de sa famille, l’avenir de son ménage et de ses enfants se présentant bien. Tout au plus doit-il se soucier de la santé de sa mère qui doit subir une intervention chirurgicale risquée compte tenu de son âge. Son éloignement, les restrictions de communication entre le bord et la terre en patrouille, imposées par les règles de discrétion inhérentes à la dissuasion nucléaire, le laisseront sans possibilité d’être informé sur les suites de cette opération. Mais, de toute façon, ne doit-il pas se consacrer complètement à sa mission en reportant au second plan ses problèmes personnels ? Lire la suite

  p. 129-130

Alexis Guégan : L’officier de fantaisie. Une culture de la provocation au XIXe siècle  ; Éditions Nuvis, 2013 ; 188 pages - Claude Le Borgne

Ce jeune homme commence tôt, mais bien. Entré à Saint-Cyr en 2010, Alexis Guégan écrit son livre à l’École d’application. L’officier de fantaisie, qui l’occupe, vient de loin, mais le XIXe siècle, entre les guerres napoléoniennes et « la cohue sanglante de 1914 », voit se multiplier le personnage. L’attente de la guerre suscite l’ennui, dont il faut sortir. L’officier de fantaisie s’y efforce, luttant contre le spleen à l’anglaise. Voici l’officier mondain, qui traîne au jockey-club, sait se tenir aussi bien au bal qu’au salon ou à table, cultive l’art de la répartie et témoigne avec courage d’une « allégresse désespérée ». Voici le querelleur, qui fait du duel un minuscule substitut de la guerre disparue. Le fantaisiste le plus pur trompe l’ennui par l’excentricité, laquelle s’affiche dans le vêtement et les particularités propres à chaque « arme », parfois dans les travaux. Ainsi de l’excellent Jean-Baptiste Campenon, qui traduit Le jardin parfumé, livre érotique arabe, avant de terminer sa carrière célibataire et ministre de la Guerre sous la IIIe République. Lire la suite

  p. 130-131

Varoujan Sirapian (dir.) : « Guerre tiède en Europe »  ; Revue Europe et Orient n° 18, janvier-juin 2014 ; 132 pages - Pierre Morisot

Voici un recueil d’une trentaine de textes courts, souvent incisifs (dont certains en langue anglaise) centrés sur le génocide arménien qui ne saurait être oublié en dépit des pressions négationnistes. Beaucoup donc de noms à terminaison en « an », ce qui n’épargne pour autant ni Erdogan et ses « condoléances feintes », ni l’Azerbaïdjan et son Président « champion de la corruption ». Lire la suite

  p. 131-131

Revue Défense Nationale - Décembre 2014 - n° 775

Renseignement et Intelligence

The Berlin wall was smashed to pieces a quarter century ago, with major changes notably for Europe. However, the stability and the peace hoped for then are no longer relevant today and geopolitical tensions force us to reconsider our strategy.

To think of the strategy of tomorrow and design French defense faced with a world more complex, forces us to review the current model of thinking which has too long dismissed officers from this debate. It is becoming urgent to stop this “demilitarization” of strategic thinking and include those who implement the arms of this country.

Information and Intelligence

Intelligence is a difficult exercise where intuition is not enough. The contribution of social sciences, the ability to handle numerical “data”, and the ability to innovate are becoming indispensable for intelligence. France has at its disposal many of these advantages, provided that she dares to surpass administrative routines.

The exponential development of the Internet and of social networks creates the problem of cybersurveillance of individuals by the State and their intelligence agencies. Individual liberties could be threatened, yet surveillance programs have not stopped expanding in the name of the war on terrorism. Reconciling liberty and security could become contradictory.

The crisis in Syria and then Iraq have brought light to a new form of Jihad against the West with the massive use of the internet and social networks, notably to recruit young jihadists in Europe. Cyberterrorism establishes a genuine risk, in particular for intelligence and it requires new solutions.

The Russians have given a new dimension to hybrid warfare with the offensive use of social media since the beginning of the crisis. Composing on its own, an integral part of their Global approach, social media is a key tool for their operations of influence. The Western world and the Atlantic alliance must again ask themselves what response to give.

Aerial intelligence is a decisive factor for conducting operations, both before and during. The capabilities put into place by the Aerial army contribute to this function while providing a large spectrum and while responding to France’s strategic needs and tactics.

Counterpoint

The power of the United States draws its roots in the history of a continent-country, at the same time a land of interior conquest and the starting point towards maritime space, and with the constitution of a society naturally open to the exterior that remains marked with the spirit of innovation, the spirit of pioneering!

Defining aerial power remains complex and is not limited to a catalog of capacities like planes or air bases. Likewise, measuring the efficiency of aerial action remains a difficult task, in particular during the middle of an operation. Beyond the numbers, the reality of aerial power remains a domain of perception, with its ambiguities.

In the hour of economic globalization and thus the explosion of maritime traffic, maritime power is once again a major issue of which understanding remains variable and often unknown, including France with its terrestrial dimension deeply anchored in people’s minds. Yet, developing a true vision of maritime space is today a strategic priority.

Opinions and Viewpoints

Disarmament, in particular nuclear, remains a major subject on the international diplomatic stage. If Iran is at the heart of these rather laborious discussions, other initiatives often affected by international public opinion, remain on the agenda. It is necessary, however, to remain realistic, as the events of the summer of 2014, between Ukraine and Iraq hardly inspire the leaders of States to begin massive reductions of their arms.

The nagging crisis in the Middle East, accelerated these last few months by the emergence of a new entity, the self-proclaimed Caliphate, shows that the geopolitics of this area are in full upheaval, without any hope, in the short term, of true stability. The trap is about to spring without any solutions having emerged, to the dismay of both the perpetrators and victims of this violence without limits.

Understanding Islamic terrorism is a major task for world security from the complication of a permanent transformation since the attacks of September 11, 2011, clearly addressed to the West, to the current clash between Sunnis and Shiites, where interreligious hatred is currently transforming the Middle East.

Putin’s Russia is worrisome at the hour of the Ukrainian crisis. Understanding the evolution of Russian society is indispensable in order to better perceive these strategic challenges. In fact, comprehension of the fall of the USSR remains central, with a very different approach for the Russians who are now rediscovering their pride with the revival of “New Russia.”

Violence is becoming a banality of daily life in Northern Cameroon. Boko Haram, as it happens, sells itself well. This respect spreads in broad daylight with indisputable designs, with substantialists of the jihadist movement cramming them under the term “terrorism”. The popular success of the expression thus incites them to stop. In fact, real or fabricated, the violence labeled “Boko Haram” guides the action of the State.

Global warming makes the route to the Arctic more accessible, with potential resources attracting the greedy. The challenges become essential between economic needs, economic preservation, and strategic ambitions. The approaches of neighboring countries diverge and could lead to confrontations.

Should we still dream of « the defensive Europe » or, with realities in sight pushing this vision to a more hazardous horizon, should we, by the simple sense of responsibility, reconstruct our “Defense without Europe”, while first preserving what remains of ours? This question is becoming less and less theoretical.

South China Sea constitutes an issue for China and her desire for power. Faced with the demands of neighboring countries and with the American presence as a required player, Peking must concede to a less unilateral approach and accept constructive dialogue.

Book reviews

Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges (dir.) : Ramses 2015 (rapport annuel de l’Ifri)  ; Dunod, 2014 ; 402 pages - Claude Le Borgne

Jean-José Ségéric : La Chine et le Traité de Versailles (1919) - Une trahison occidentale  ; L’Harmattan, 2014 ; 278 pages - Maurice Kopecky

François Farcy et Jean-François Gayraud : Le renseignement criminel  ; CNRS  Éditions, 2014 ; 136 pages - Édouard Decaen

Jean-Paul Cointet : Hitler et la France  ; Perrin, 2014 ; 430 pages - Jérôme Pellistrandi

Contre-amiral Daveluy : La lutte pour l’empire de la mer (1906)  ; réédition avec la participation de l’Amiral Benoit Chomel de Jarnieu ; Les presses du Midi, 2014 ; 220 pages - Jean Dufourcq

Alain Crémieux : H  ; Edilivre (www.edilivre.com), 2014 ; 290 pages - Daniel Jouan

Alexis Guégan : L’officier de fantaisie. Une culture de la provocation au XIXe siècle  ; Éditions Nuvis, 2013 ; 188 pages - Claude Le Borgne

Varoujan Sirapian (dir.) : « Guerre tiède en Europe »  ; Revue Europe et Orient n° 18, janvier-juin 2014 ; 132 pages - Pierre Morisot

Revue Défense Nationale - Décembre 2014 - n° 775

Renseignement et Intelligence

Le temps des dividendes de la paix est depuis longtemps révolu, n'en déplaise aux idéalistes. L’instabilité du monde est désormais une constante et impose une révision drastique des enjeux de sécurité et de défense pour notre pays et l'Europe. L’illusion d'une Europe en paix avec ses voisins proches est en train de voler en éclat sous les coups des nationalismes et des fanatismes, alors même que la prospérité, facteur de stabilité, n'est plus une perspective mais un souvenir. L’effondrement du Levant, l'éclatement de l'Ukraine ou les tensions en mer de Chine nous le rappellent au quotidien. Le retrait d'Afghanistan est aussi synonyme d'incertitude et non d'un succès garanti dans le temps. Il ne se passe pas non plus une semaine sans que nos forces n'interviennent dans l'immensité de la bande sahélo-saharienne contre les bandes terroristes.

Le réalisme doit donc s'imposer, ne serait-ce que pour éviter la surprise stratégique qui sera forcément en notre défaveur.

Ce principe de réalité doit être évident pour tous, y compris aux « financiers », Ainsi, l'annonce récente de l'achat des 12 avions ravitailleurs A330 MRTT « Phénix » pour remplacer les vénérables KC-135 ne doit pas faire oublier que ceux-ci vont encore voler quelques années, dépassant le demi-siècle. Et pour l'Armée de terre, nos soldats engagés en opération roulent dans des véhicules du type VAB qui pour certains ont dépassé la quarantaine. Pour nos marins, nos avisos, dont l'utilisation est indispensable pour contrôler nos espaces maritimes, eux ont largement dépassé la trentaine et donc l'âge de la retraite. Par comparaison, cela reviendrait à voler en Caravelle, rouler en R16 et prendre les rames rouge et verte du métro. Voilà une réalité qui doit échapper à certains décideurs.

Et derrière, les hommes et les femmes de la Défense servent avec abnégation, usant et abusant du « système D » pour pallier les carences et les absences des moyens juste nécessaires pour assurer la mission. Il est vrai que le moral des militaires est rarement pris en considération par les « financiers » pour qui cette notion – comme l'Esprit de corps – est purement abstraite et tout simplement ignorée.

Or, le chaos stratégique, une fois de plus longuement abordé dans ce numéro, est à nos portes. Et contrairement à ce qui s'est passé, il y a maintenant un siècle, sur les terres de Lorraine, de Champagne, des Vosges, de Picardie et du Nord, où le renseignement était encore limité et ne dépassait guère l'horizon visuel, aujourd'hui, personne ne peut dire : je ne savais pas.

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Décembre 2014 - n° 775

Renseignement et Intelligence

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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