Mars 2020 - n° 828

Avenir de la guerre et ses mutations

« Se préparer à la guerre est le meilleur moyen de préserver la paix. »

George Washington
136 pages

Éditorial - Jérôme Pellistrandi

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Revue Défense Nationale - Mars 2020 - n° 828

Avenir de la guerre et ses mutations

Ce début d’année est marqué par deux surprises stratégiques. D’une part, le ratage des velléités iraniennes dans la montée des tensions dans le Golfe, avec la destruction du Boeing 737 ukrainien au décollage à Téhéran. La baisse des menaces qui s’en est suivie reste sûrement provisoire mais non négligeable dans le contexte international. D’autre part, l’épidémie du Covid-19 (ou Coronavirus), née en Chine, mettant à mal l’autoritarisme du régime de Xi Jinping et bouleversant la machine de propagande autour des Routes de la Soie. Ces deux ruptures, dont on ne connaît pas encore les conséquences géopolitiques, soulignent combien notre environnement est devenu fragile et tendu, au risque de confrontations militaires de haute intensité et dans des espaces de plus en plus variés.

Comprendre le monde et le fait « guerre » sont donc plus que jamais indispensables pour prévenir les apocalypses. C’est d’ailleurs ce qui ressort tant de l’entretien accordé par Gérard Araud – ambassadeur de France au terme d’une très longue carrière de diplomate – que de l’hommage rendu à l’Amiral Lacoste, récemment disparu. Avec, au-delà de la diversité des parcours, ce lien commun de la nécessité impérieuse d’analyser les rapports de force et d’agir pour que la France reste un acteur reconnu et crédible sur la scène internationale.

D’où le dossier de ce numéro – qui sera poursuivi en avril – consacré aux évolutions de la guerre dans le futur. Il ne s’agit pas d’un essai de prospective, mais de proposer des pistes de réflexion autour d’approches de natures très différentes. Avec cependant des invariants qui constituent des fondamentaux dont l’oubli amène à l’échec. Certes, les technologies de demain (notamment l’intelligence artificielle et les datas) peuvent accélérer à la fois le tempo de l’engagement et la complexité de la gestion de l’espace de bataille. Toutefois, la guerre, même sous une forme cyber, impose la violence, la souffrance et la mort. D’où le rôle essentiel du Chef, qu’il soit le politique ou le militaire. Il lui appartient de comprendre, de choisir puis de décider. Cela impose notamment intelligence mais aussi caractère. Cette dimension est essentielle et déterminante, l’histoire abondant en exemples. Cette année 2020, avec les commémorations des 80 ans de l’année 1940, représentera l’occasion de se rappeler que le courage est une vertu essentielle pour le Chef, du caporal au général, tout comme pour ceux qui portent la Toge.

Réfléchir sur les conflits du futur oblige donc à sortir de ses certitudes doctrinales ou de ses pratiques d’état-major souvent confortables intellectuellement. Cela impose de se confronter à la réalité géopolitique d’aujourd’hui, car elle constitue le terreau de la conflictualité de demain. C’est assumer une responsabilité stratégique souvent négligée et parfois contestée par crainte de regarder la réalité en face. C’est de fait l’enjeu réaffirmé par le président de la République, le 7 février, devant notamment les stagiaires de l’École de Guerre autour de la dissuasion nucléaire, en demandant à nos partenaires européens de se montrer plus actifs et de s’engager pour une Europe plus souveraine et maîtresse de son destin, dans un monde fait de tensions, de rapports de force et de remises en cause du multilatéralisme et des principes, ayant construit nos démocraties après le suicide des années 1940. ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Mars 2020 - n° 828

Avenir de la guerre et ses mutations

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Tribune

01 décembre 2025

Éditorial – Montagnes russes en Floride (T 1775)

Jérôme Pellistrandi

En Floride, les négociations pour un accord de paix en Ukraine s’accélèrent sous la pression américaine, tandis que Volodymyr Zelensky, affaibli par des affaires de corruption, fait face à l’hostilité de Moscou. Malgré des bombardements quotidiens, le front ukrainien tient, mais la Russie maintient un récit de victoires. Donald Trump exige des concessions territoriales, alors que Poutine mise sur l’usure des Ukrainiens et des Européens. L’Europe redoute un accord précipité, craignant un nouveau Munich.

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Article gratuit jusqu'au 01 décembre 2125

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Lagane Guillaume : Géopolitique de l’Europe, le crépuscule d’une puissance ?  ; Préface de Philippe Raunaud, PUF, 2025, 210 pages

Voilà plus d’un siècle que l’on réfléchit, débat, argumente sur le déclin de l’Europe que Paul Valéry avait défini en 1919, dans La Crise de l’esprit, comme « un petit cap du continent asiatique ». Cette fois-ci cependant l’Europe, théâtre d’une nouvelle guerre qu’elle n’a ni voulu, ni pu empêcher et à laquelle elle ne peut seule mettre fin, affronte des défis sans précédent. Sa croyance dans la règle, le multilatéralisme, la suprématie du droit international est fragilisée par le retour des politiques de puissance, le choix délibéré d’une politique protectionniste agressive par son protecteur américain qui désire de moins en moins assurer sa protection ou lui faire payer. À la suite de Paul Valéry, qui avait écrit que nous savons désormais que les civilisations sont mortelles, nous savons désormais que la construction européenne l’est également. Nous voilà avertis. Lire la suite

Eugène Berg

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