Mars 2021 - n° 838

Sommes-nous entrés dans l'ère post-occidentale ?

« L'Occident perdant de son influence, les idéologies qui symbolisent la civilisation occidentale passée déclinent… »

Samuel P. Huntington
136 pages

Éditorial - Bertrand Besancenot

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Revue Défense Nationale - Mars 2021 - n° 838

Sommes-nous entrés dans l'ère post-occidentale ?

Les crises sont des « accélérateurs de l’Histoire », ou tout au moins elles mettent en évidence des mouvements de fond que l’on pressentait sans les voir. C’est le cas aujourd’hui avec la crise sanitaire provoquée par le coronavirus. Depuis plus de deux siècles – c’est-à-dire depuis l’éternité pour une mémoire humaine – les pays occidentaux étaient devenus le centre du monde, du fait de leur avance technologique, de leur expansion coloniale, de la puissance de leurs économies et de leur domination politique et culturelle.

Et puis soudain, la crise financière de 2008, l’émergence des « tigres » asiatiques, le désengagement relatif des États-Unis, les difficultés de la construction européenne, la montée d’une contestation islamiste, le retour d’ambitions impériales de certains pays, la pression démographique de l’Afrique… font que « notre monde » paraît bouleversé et que nous avons le sentiment de ne plus en être tout à fait le maître. C’est ce qui amène de nombreux observateurs à se poser la question : « Sommes-nous entrés dans l’ère post-occidentale ? »

Naturellement, les pays occidentaux demeurent très influents et conservent un certain nombre d’atouts importants, qui ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Par ailleurs, la crise de la Covid-19 a amené les pays européens à franchir une étape significative en mutualisant leurs dettes autour d’un plan de redressement économique ambitieux. Elle a aussi contribué largement à la non-réélection du président Trump, qui laisse la place à une nouvelle administration américaine soucieuse de renouer les liens avec les partenaires stratégiques des États-Unis, dans l’espoir de contenir la montée en puissance du concurrent chinois.

Mais ce « retour » de l’Amérique sur la scène internationale ne sera pas une simple « restauration » et il comporte le risque de tensions fortes avec Pékin, notamment au sujet de Taïwan. En outre, le Conseil de sécurité des Nations unies est aujourd’hui bloqué par les divergences entre ses membres permanents et la perspective d’une réforme du Conseil – pour mieux refléter les réalités d’aujourd’hui – est encore floue. Pékin, Moscou, Ankara et Téhéran tiennent un discours antioccidental et n’hésitent plus à contester le caractère « universel » des valeurs démocratiques. Sur le plan économique, enfin, le balancier penche de plus en plus vers l’Asie. Bref, nous sommes entrés dans une phase de transformation en profondeur de l’ordre international, sans que de nouveaux équilibres n’apparaissent encore clairement.

C’est la raison pour laquelle la Revue Défense Nationale a pensé utile d’interroger un certain nombre de personnalités compétentes venant d’horizons divers, afin de mieux mesurer les différentes facettes d’un phénomène – l’entrée dans une ère post-occidentale ? – qui ne peut que nous interpeller. Je voudrais donc – au nom de la direction de la RDN – remercier chaleureusement tous les auteurs qui ont accepté d’apporter leur contribution à cette réflexion collective qui, je l’espère, éclairera la lanterne de nos lecteurs. ♦

Bertrand Besancenot

Revue Défense Nationale - Mars 2021 - n° 838

Sommes-nous entrés dans l'ère post-occidentale ?

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Jérôme Pellistrandi, Débat - 02 avril 2021

Merci à tous ceux qui contribueront au débat et participeront ainsi à faire progresser la RDN.

Tribune

26 novembre 2025

Montevideo, 1939 : un cuirassé piégé par le droit (T 1774)

Alexandre Lamour

En 1939, le cuirassé allemand Admiral Graf Spee, endommagé après un combat, se réfugie à Montevideo. Le droit international, strictement appliqué par l’Uruguay, combiné à la désinformation britannique, pousse son commandant à le saborder, illustrant comment le droit peut devenir une arme redoutable en période de guerre.

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Article gratuit jusqu'au 26 décembre 2025

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Lagane Guillaume : Géopolitique de l’Europe, le crépuscule d’une puissance ?  ; Préface de Philippe Raunaud, PUF, 2025, 210 pages

Voilà plus d’un siècle que l’on réfléchit, débat, argumente sur le déclin de l’Europe que Paul Valéry avait défini en 1919, dans La Crise de l’esprit, comme « un petit cap du continent asiatique ». Cette fois-ci cependant l’Europe, théâtre d’une nouvelle guerre qu’elle n’a ni voulu, ni pu empêcher et à laquelle elle ne peut seule mettre fin, affronte des défis sans précédent. Sa croyance dans la règle, le multilatéralisme, la suprématie du droit international est fragilisée par le retour des politiques de puissance, le choix délibéré d’une politique protectionniste agressive par son protecteur américain qui désire de moins en moins assurer sa protection ou lui faire payer. À la suite de Paul Valéry, qui avait écrit que nous savons désormais que les civilisations sont mortelles, nous savons désormais que la construction européenne l’est également. Nous voilà avertis. Lire la suite

Eugène Berg

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Cahier numérique - novembre 2025 - 64 pages

Cahier numérique - octobre 2025 - 187 pages

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